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vendredi 12 juin 2015

Homélie du 11ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 14 juin 2015

Jésus assure que le moment décisif a sonné au cadran de l’histoire. Avec lui, c’est Dieu lui-même qui vient inaugurer son règne. A chacun de laisser venir ce règne en « se convertissant », en faisant confiance à l’annonce de Jésus. La foule demandait des guérisons et des miracles ; les disciples suivaient Jésus dans l’espoir d’avoir les meilleures places dans un royaume de grandeur et de puissance (9, 34 ;  10, 37). Mais alors quel est ce Royaume mystérieux ? Aucun évangile n’en donne une définition claire et précise. Comme les rabbins de son temps mais avec un génie inégalé, Jésus a eu le don d’inventer de petites histoires pour guider les cœurs vers la compréhension de ce qu’il voulait en obéissance à Dieu : les paraboles.
 
Jésus disait : «  Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ. Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille car c’est le temps de la moisson ». Déjà, dans la première parabole, Jésus se comparait à un semeur qui jette les graines (ses paroles) dans les cœurs où elles fructifient selon les bonnes volontés. Ici il affirme sa certitude tranquille : sa Parole peut bien sembler ridicule, inefficace, inutile, mais elle modifiera la vie car elle porte en elle une puissance de vie qui se développera à son rythme et donnera du fruit en son temps. En même temps, il met en garde les disciples contre l’impatience et le zèle intempestif : il ne faut pas désirer des fruits avant le temps comme le paysan sait qu’il est inutile de tirer sur les feuilles. Le texte grec dit : elle pousse « automatè », c’est-à-dire de façon  « automatique », par la force même qu’elle contient, par la puissance de Vie.
 
Quel  a été ensuite le début de ce règne de Dieu sur terre ? Il était comparable à la petitesse de la graine de moutarde : la plus petite de tout le potager. Un pauvre prédicateur juif circulait dans un espace de quelques km2 pendant trois ans, abandonné par ses disciples et condamné à la mort ignominieuse de la croix : événement insignifiant dans l’Empire romain. Or aujourd’hui qu’en est-il advenu ? Combien d’êtres humains en recherche de sens ou en état de perdition sont venus se réfugier près du Christ, se sont désaltérés à la source de l’Evangile, ont accepté de donner leur vie pour ce Nazaréen ?
Début insignifiant et extension universelle : dans tous les peuples, sur tous les continents, le baptême enfante des disciples, la croix est vénérée, la Bonne Nouvelle est lue, étudiée, proclamée, accueillie avec allégresse ! Lorsque l’on jette les grains de l’Evangile et l’amour de Jésus en pleine terre humaine, au sein profond de l’humanité, ils subissent beaucoup d’échecs certes mais toujours ils fructifient, guérissent les plaies, dilatent les espérances, allument le feu de la charité. Trop souvent, nous n’osons pas prendre des initiatives, nous élancer, seuls, en pionniers, inventer des façons inouïes de propager la Bonne Nouvelle, lancer une idée petite comme une graine mais dans l’espérance que – si Dieu le veut et quand il le voudra – elle portera du fruit.
 
Il me semble que cette parabole vient à point nommé. Trop souvent, et sans le dire, nous venons à douter de la force de l’Evangile. Nous sommes guettés par ce grand danger spirituel de l’acédie. C’est un terme un peu technique que les Pères du désert, à origine du monachisme en Egypte, utilisaient pour désigner cette résignation qui se transforme en paresse et qui atteint l’âme au plus profond. « A quoi bon ? », c’est son slogan. « Que voulez-vous que j’y fasse ? », « on ne peut rien y faire », sont les symptômes de cette grave maladie. Frères et sœurs, soignez-vous ! Ne tardez pas ! Prenez le doux médicament de l’Evangile ! La Parole vivante de Dieu ne cesse de produire du fruit.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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