A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 2 mai 2015

Homélie du 5ème dimanche de Pâques (B) - 3 mai 2015

La culture de la vigne est très répandue dans les pays méditerranéens, comme elle peut l’être dans nos villages. Si l’image biblique peut aisément être comprise de tous à l’époque, nous sommes, ici entre collines et coteaux, sans doute des privilégiés pour en saisir pareillement le sens. Une belle vigne, quelle merveille ! Elle fait l’attention délicate et constante de son propriétaire. Les semaines passent et on la regarde pousser. On scrute le ciel pour espérer les conditions les plus favorables à son développement. Arrivent les jours où les feuilles regorgent de sève et les grains sont gonflés de jus ! Les grappes sont prometteuses d’un millésime qu’on savoure à l’avance. Une vigne plantureuse porte fièrement le nom de son propriétaire. Vous savez bien qu’en se promenant dans le vignoble, de manière un peu espiègle, on repère telle ou telle vigne, en faisant des commentaires sur son propriétaire…
 
Il n’est donc pas étonnant que la vigne ait servi d’image familière pour exprimer une réalité bien plus profonde. Ainsi Israël est la vigne de Dieu. Déjà le prophète Isaïe avait décrit les relations entre Dieu et son peuple : « Mon ami possédait une vigne sur un coteau plantureux. Il y retourna la terre, enleva les pierres et installa un plant de choix. La Vigne du Seigneur tout puissant, c’est la maison d’Israël et les gens de Juda sont le plant qu’il chérissait » (Is 5, 7sq).  
Le psaume 79 reprend la même comparaison sous forme de prière nationale pour Israël en difficultés. « Dieu de l’univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la ! ».
Dans les évangiles synoptiques, Jésus reprend l’image de la vigne dans une de ses plus virulentes paraboles où il dénonce la fourberie des responsables et dirigeants qui n’ont jamais accepté de se convertir aux appels des prophètes et qui maintenant se préparent à mettre à mort l’ultime envoyé, le Fils même de Dieu. La conclusion tombe comme une menace terrible : « Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, il fera périr les vignerons et confiera la vigne à d’autres » (Matt 21, 33 ; Mc 12, 1 ; Luc 20, 9). Chez saint Jean, l’image de la vigne connaît son aboutissement plénier : la vigne n’est plus une nation, un territoire mais Quelqu’un. Son succès n’est plus menacé mais assuré et plantureux.
 
La « vraie » vigne, en réalité, c’est Jésus. Il est le cep et les disciples sont les sarments. Ils participent à la vie du Christ comme les branches participent à la vie du cep auquel ils sont attachés. Il faut demeurer en lui, comme la racine s’accroche à la terre. En effet, le fils éternel du Père, Jésus-Christ seul peut conférer aux entreprises humaines une valeur d’éternité. « Je suis la vigne et mon Père est le vigneron ».  Désormais, le plant choisi par le vigneron, n’est plus Israël, mais Jésus, le Bien Aimé. Le nouvel arbre de vie, c’est le peuple qui naît de Jésus et ne fait qu’un avec lui. Mystère de la sève dont le mouvement intérieur et discret a uni le cep aux sarments jusqu’à leur faire porter du fruit. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit ! ». Encore faut-il que le sarment « demeure » sur le cep et qu’il fructifie de la même façon que celui-ci. Cela ne se fera pas sans douleurs mais, dans ses souffrances, le sarment reconnaîtra la main du Père qui l’émonde. La Parole de Jésus « purifie le sarment », l’Evangile taille dans nos prétentions égoïstes, dans nos recherches vaniteuses, dans les soucis du qu’en dira-ton afin que nous soyons focalisés sur un seul but : porter le fruit que Dieu demande. Si le sarment refuse et ne fructifie pas, s’il en reste à une croyance superficielle, à un culte inefficace, à une piété stérile, alors le Père le coupe et le détache du Fils comme un sarment inutile. Et que faire des sarments stériles sinon les jeter au feu ?
 
"Demeurer en Jésus" est l’expression qui parcourt tout le texte car, affirme Jésus « en dehors de moi vous ne pouvez rien faire ». Heureux ceux qui savent humblement qu’ils sont eux-mêmes les sarments dont Jésus est le cep et le Père le vigneron ! Heureux ceux qui dans la patience et la ténacité, émondent la terre des hommes pour qu’elle porte son fruit le plus beau : ils sont la vendange de la vigne de Dieu !
 
AMEN.
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: