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lundi 6 juillet 2009

Homélie du 14ème dimanche du Temps Ordinaire (B) - 5 juillet 2009

Imaginons un instant la rencontre tout à fait probable entre deux intellectuels : l’un athée, l’autre croyant.

« Je ne comprends pas, dit l’athée au croyant, l’air un peu désabusé, que des gens puissent perdre leur temps à lire des passages de la Bible. Vous vous rendez compte dans un monde comme le nôtre, avec tous les progrès scientifiques, psychologiques, pourquoi vouloir continuer à gaspiller son énergie avec de si vieux textes qui ne veulent vraiment plus rien dire aujourd’hui. C’est vraiment un livre pour frustrés, pour gens qui ne vivent plus avec leur temps, qui sont complètement dépassés,..., poursuit-il. Je ne critique pas votre choix évidemment. Evidemment. Mais je crois que vous êtes tout à fait à côté de la plaque, vous êtes un naïf, vivant dans son petit nuage. Je trouve cela tout simplement dommage pour vous ! »

A l’entendre, pauvre de moi, croyant, de vouloir continuer à me confronter à ces textes ou plutôt pauvre de lui de s’être enfermé dans des considérations pareilles. Pauvre de lui de ne pas avoir désiré ouvrir le Livre par excellence. Aujourd’hui encore et à nouveau, la Bible nous offre une recette de vie, une méthode qui nous permettra de réussir tout ce que nous entreprendrons ici sur terre. En une petite phrase, saint Paul résume le sens du succès personnel, professionnel et affectif. Alors que des auteurs contemporains écrivent des livres sur de tels thèmes, saint Paul le dit en quelques mots : car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

I.- Etre fort quand on est faible ?

Paradoxe étonnant, mais nous ne sommes plus à un près avec un tel auteur. En quoi une telle phrase peut-elle nous aider à nous insérer et à nous épanouir dans un monde comme le nôtre, sommes-nous en droit de nous demander. Tout simplement en construisant sa vie sur ses faiblesses, en élevant au rang de vertu la notion de fragilité. Quand comprendrons-nous que faiblesses et fragilités font la richesse de notre personnalité. Ce sont ces qualités-là qui permettent la rencontre humaine. Nous pouvons admirer des forces chez l’autre, mais jamais les aimer. Ne voir que les forces est un leurre, car c’est croire que l’autre a atteint une certaine perfection. Miser la rencontre sur les forces, c’est comme si deux feuilles de papier bien lisses essayaient de se coltiner alors qu’elles glissent et passent à côté l’une de l’autre. Deux feuilles de papier chiffonnées par contre peuvent se mêler. Cela signifie que pour qu’une rencontre soit possible, ce que nous aimons chez l’ami, chez l’aimé, ce sont plutôt ses errances, ses questions, ses fragilités.
Ne sommes-nous pas vraiment heureux d’un moment d’amitié voire même d’amour lorsque l’autre s’est totalement livré à nous, abandonné à l’espace que nous lui avons ouvert en nous offrant toute sa vulnérabilité. Lorsque le partage se vit à ce niveau, une alchimie se réalise entre les personnes. Ne serait-ce d’ailleurs pas une telle alchimie qui permet à Dieu de venir s’inscrire dans nos relations ? Reconnaître que c’est le désir de rencontre de nos fragilités qui fait la richesse d’une relation, c’est peut-être tout simplement le début d’une vie où nous pouvons laisser tomber nos masques respectifs.

II.- Miser sur sa faiblesse.

Si c’est vrai pour notre vie personnelle, je crois qu’il en va tout autant pour notre vie professionnelle. Nous savons bien que cela qui se vante de ses faiblesses ne sera pas considéré dans un monde du travail où l’on demande à chacun de l’efficacité, du rendement, ou chacun doit être un killer, un tueur prêt à tout pour réussir. Mais reconnaître ses faiblesses et construire sa vie à partir d’elles, c’est avoir la simplicité, l’humilité d’accepter que nous avons chacune et chacun notre chemin d’humanité, que notre singularité est importante. Construire sur ses faiblesses, c’est être capable de les accepter, de les intégrer. Peut-être, chrétiens en responsabilité professionnelle, avons-nous le devoir de nous rappeler cette sagesse évangélique et cette manière d’accueillir l’autre.
Car, forts de cela, nous mettons en place ce qu’il faut ; pour éviter de trébucher. Nous acceptons qu’il y a certaines eaux dans lesquelles nous ne sommes pas prêts à naviguer et dans lesquelles, par charité, il faut éviter d’envoyer ceux qui ne seraient pas capables de les affronter. Vivre et se réjouir de sa vulnérabilité, c’est reconnaître que nous formons un tout composé à la fois de forces et de fragilités. Et l’intérêt de fonder son histoire sur ses dernières, c’est que lorsque la vie nous réserve de mauvaises surprises, nous avons toutes nos forces qui sont là pour nous aider à traverser ce désert, cette tempête. Nier ses faiblesses, c’est se nier soi-même. Fonder sa vie sur ses forces, c’est prendre le risque de tomber bien bas lorsque des ébranlements se vivent, car à ce moment précis, nous refaisons la découverte douloureuse d’une vulnérabilité non assumée. Et quand nos fragilités nous paraissent trop lourdes à porter, il nous suffit alors de les vivre en Dieu. Dès lors je crois que nous pouvons dire que vivre de ses faiblesses, c’est vraisemblablement jouer gagnant.

Prétendre alors que la Bible ne dit que des vieilles choses démodées, c’est passer à côté d’une sagesse de vie. Notre clef de bonheur aujourd’hui trouve son sens car c’est lorsque je suis faible que c’est alors que je suis fort. C’est aussi une attitude spirituelle, celle qui consiste à s’en remettre entre les mains de Dieu, en toutes circonstances.
« Ma grâce te suffit, dit le Seigneur : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ».

AMEN.

Michel Steinmetz †

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