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samedi 8 décembre 2007

Homélie du 2ème dimanche de l'Avent (A) - 9 décembre 2007


Il est déroutant. Il est à la mode. Son look fait un ravage. Il a un charisme du feu de Dieu. Il soulève les foules et les foules viennent à lui. Son nom est Jean. Il « porte un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins ; il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage ». Il a tout d’un prophète et c’est un prophète, le plus grand de tous, au dire de Jésus. « Jean est celui que désignait la parole transmise par Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ».
Jean le Baptiste, figure que la liturgie nous présente habituellement en ce 2ème dimanche d’Avent, est le dernier prophète en ce qu’il annonce l’imminence de la venue du règne de Dieu et en ce qu’il reconnaît Jésus comme le Messie tant attendu.
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » : Jean nous invite à la conversion parce qu’elle est à la fois le signe qui accompagne et la conséquence de la venue du règne de Dieu ; il nous alerte devant les fausses excuses que nous pourrions invoquer afin de nous dédouaner de cette exigence ; enfin, il nous pousse à traduire concrètement la grâce de la conversion.
Mettons-nous à son écoute !

I.- La nécessité de se convertir quand vient le Règne de Dieu.

L’imminence de la venue du Règne de Dieu marque de manière plus prégnante encore la nécessité de se convertir. Se convertir, c’est littéralement ‘se tourner vers’ ou mieux ‘se tourner avec vers’. Se convertir, c’est donc bien se tourner le Seigneur avec son aide, c’est revenir de manière inconditionnelle au Dieu de l’Alliance. L’instauration du règne de Dieu correspond à la venue du Messie et au Jugement qui l’accompagne : on comprend aisément qu’il faille être prêt pour oser paraître debout, c’est-à-dire dans la position de l’homme libre et juste, devant le Fils de l’Homme. Pour Jean-Baptiste, le Messie « tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas ». Images traditionnelles mais d’une ô combien singulière radicalité ! Images qui reprennent la riche symbolique de la moisson, moment où l’on sépare le bon grain du mauvais. Images encore qu’il conviendrait d’infléchir quelque peu en revenant à la prédication d’Isaïe. En effet, le Messie « ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays ». Le temps messianique de même est celui de l’alliance de contraires, de la réconciliation des opposés : « le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira ».
Pour vivre une telle nouveauté, il faut se préparer, ouvrir son cœur, « s’accueillir les uns les autres comme le Christ nous accueille », dira saint Paul.

II.- Ne pas invoquer de fausses excuses.


Il serait facile pour nous, comme ce le fut pour les pharisiens et les saducéens, de nous dédouaner, de trouver des excuses faciles. « Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n’allez pas dire en vous-mêmes :’Nous avons Abraham pour père’, car je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». Les pharisiens et les saducéens se réfugient derrière leur suffisance et leur statut, comme si ce dernier les protégeait de tous maux et les préservait d’un travail de conversion… Il suffirait de se revendiquer héritier d’Abraham pour exiger, tel un droit, d’être sauvé à la fin des temps. C’est précisément là que le bât blesse. Si Dieu – Isaïe le rappelait – ne juge pas d’après les apparences, il ne le fait pas plus en considérant un droit, une prétention, un patrimoine génétique ! Nous aurions de pareilles excuses : nous sommes baptisés, nous sommes pratiquants, nous savons ce que c’est la charité… alors, de grâce, mon Père, allez donc parler à d’autres de la conversion, allez donc en enquiquiner d’autres avec une démarche de réconciliation… Oui, mais si l’amour de Dieu nous est acquis, si, sacramentellement dans le baptême, notre personne en est changée, et si nous usions de cette grâce comme un dû, alors nous étoufferions en nous la vie de Dieu nous réduisant à traiter avec lui comme on le fait avec un marchand. Quand Jean dénonce une pareille attitude, sa parole se fait entendre aujourd’hui encore : elle nous appelle à nous recevoir de Dieu.

III.- Traduire en actes la grâce de la conversion

Après avoir compris la nécessité de la conversion, après avoir écarté les faux prétextes, il faut encore nous rappeler que c’est concrètement qu’il faut mettre en œuvre notre conversion. Ne nous contentons pas de rester aux stades des pieux et bons sentiments ! Quand Jean évoque le « fruit digne de la conversion », il n’entend pas une singulière manifestation pieuse ou morale, mais la transformation de toute la conduite de l’homme. Une conversion qui ne se traduirait pas en des actes concrets, qui ne travaillerait pas à un changement radical et profond, qui ne déploierait pas jour après jour la grâce de notre baptême ne serait qu’une opération de marketing ou de publicité qui attirerait sur nous les feux des projecteurs de l’admiration de notre entourage. Vantardise, hypocrisie et mensonge que cette soi-disant conversion ! Nous sommes sans doute en train de préparer nos cadeaux de Noël, expression concrète de l’amour que nous portons à nos proches. Eh bien, la conversion aussi est un cadeau que nous fait l’Esprit-Saint ! Trouvons-lui donc une forme concrète pour notre joie et celle de notre entourage. Certes, Jean-Baptiste désigne plus grand que lui le Christ, et le baptême dans « l’Esprit-Saint et le feu » sera plus décisif que le rite de purification au Jourdain, mais chaque chose en son temps. Nous avons besoin d’étapes et de rites pour avancer. Reconnaître son péché et changer sa vie en conséquence est un excellent moyen pour accueillir le Royaume des cieux alors qu’il se fait tout proche.

Jamais le règne de Dieu n’a été si proche de nous qu’à l’instant où je vous parle et Monsieur de la Palisse ne me contredirait point, alors quels fruits de conversion offrirons-nous dans quelques jours à l’Enfant de la Crèche, au Dieu-parmi-nous ?


AMEN.

Michel Steinmetz +

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