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samedi 24 février 2007

Homélie du 1er dimanche de Carême (C) - 25 février 2007


« Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert ». Luc 4, 1.

Saint Paul ne se trompe pas lorsqu’il déclare : « la Parole de Dieu est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur », puisque même le démon, instruit de ces vérités, décide de tenter Jésus en dévoyant la Parole de Dieu. Chose surprenante ! Les phrases qu’il prononce à l’égard de Jésus sont des citations bibliques. Le Seigneur ne se laissera pas abusé et sa relation à son Père est si forte qu’il ne sera pas induit en tentation. Bien plus, il répondra au démon en utilisant le même procédé que lui : il citera l’Ecriture, lui redonnant son juste sens.
Ce qui vit Jésus au désert n’est pas étranger à ce que nous pouvons vivre. Loin de nous réconforter, il me semble que cela nous appelle même à une vigilance de tous les instants. Si Jésus est tenté, qu’il est de surcroît avec les mots de la Parole de Dieu, alors combien plus pouvons-nous l’être à notre tour ! Luc précise que Jésus « passe à travers le désert » : il passe au travers de ces épreuves de foi, comme il passera au travers des griffes de la mort.
Jésus passe… il passe au travers des tentations qui ont été celles de son peuple, le Peuple élu, lors de son errance dans le désert. Il montre ainsi, en passant de la sorte, que la faute et la chute ne constituent plus les derniers mots de l’existence humaine.

I.- Jésus passe au travers des mêmes tentations qui furent celles d’Israël.

Situé, dans l’évangile de Luc, entre le récit du baptême de Jésus et celui des débuts de sa mission à Nazareth (Lc 4, 16 sq.), le récit de l’épreuve de Jésus au désert peut être mis en relation avec les nombreuses traditions qui, dans l’Exode, le Livre des Nombres et le Deutéronome, relatent les épreuves d’Israël au désert.
Jésus est tenté durant quarante jours, comme le peuple d’Israël fut jadis tenté pendant quarante années, et les tentations qu’il affronte sont les tentations mêmes auxquelles Israël fut confronté. Rappelons-nous.
La tentation d’une possession sans limite de nourriture évoque la convoitise du peuple. Le Livre des Nombres nous le rapporte (Nb 11).
La tentation de l’idolâtrie, qui fut celle d’Israël lors de l’épisode du veau d’or, est relatée dans le Livre de l’Exode (Ex 32). La tentation, enfin, de la mise à l’épreuve de Dieu lui-même qui fut, selon le chapitre dix-septième, celle de Massa et de Meriba.
Si le peuple d’Israël cède à ces tentations, s’il tombe parce que sa foi n’est pas assez forte pour mettre sa confiance et son secours en Dieu seul, Jésus, lui, demeure le plus fort. Il ne se laisse pas abuser par le Tentateur. A sa perversité et aux arguments fallacieux qu’il développe, il répond en mettant en avant une juste interprétation de la Parole de Dieu et en faisant de son Dieu et Père son seul appui, son unique rempart. Il décide de « se tenir sous l’abri du Très-Haut, de reposer à l’ombre du Puissant » (psaume 90).

II.- La faute et la chute ne constituent plus les derniers mots de l’existence humaine.

Là où telle une fatalité à laquelle il serait humainement impossible d’échapper, là où l’on pensait devoir toujours retomber, Jésus manifeste prodigieusement dans la simplicité et le dénuement du désert qu’il est possible d’espérer. Sans doute avons-nous chacun fait cette expérience démobilisante de retomber dans les mêmes travers, de retomber quasi-inévitablement dans le même péché, alors nous nous disons que telle doit être notre nature et qu’il est impossible de la changer, de la dresser, eussions-nous été au préalable pardonnés et relévés de ces mêmes fautes. Alors nous éprouvons un sentiment de lassitude en même temps que celui de ne pas être libre. Le bien que nous voudrions faire, nous le faisons pas, et le mal que nous ne voudrions pas faire, nous le faisons. C’est, rappelez-vous, déjà l’expérience de saint Paul.
De la même manière donc dont Israël surmonte le temps du désert, et parvient finalement, malgré bien des infidélités, au salut en prenant possession du pays ruisselant de lait et de miel qui lui est promis, Jésus, lui aussi, « traverse » le désert pour en sortir victorieux. Il le « traverse » bien mieux que n’a pu faire le peuple élu ; sur Lui, le péché n’a pas de prise. Ayant assumé les mêmes épreuves que le peuple dont il est issu, Jésus dessine à travers les obstacles du désert un chemin de vie, montrant que la faute et la chute ne constituent pas les derniers mots de l’existence humaine.
Avant même que d’entamer sa vie publique, Jésus se montre capable de la mission reçue du Père. Son intimité avec Lui sera totale et, dans cet épisode évangélique, transparaît déjà sa Pâque. Souvenons-nous que « Pâque » ne signifie rien d’autre que « passage » : ici Jésus passe au travers du péché et vainc le Tentateur, ici Jésus est déjà victorieux. Sa victoire sur les tentations du désert est ainsi annonciatrice de la victoire sur la mort, dans la confrontation ultime de la croix, qui ouvre définitivement à l’humanité le chemin du salut (Rm 10, 9).

Le propre du démon est de semer le doute et d’éprouver. Il parle à Jésus au conditionnel : « Si tu es le Fils de Dieu », « si tu te prosternes devant moi ». « Si vous mangez du fruit de l’arbre, vous ne mourrez pas ! », dit-il déjà à Adam et Eve au jardin du Paradis. Ces mêmes conditions nous viennent à l’esprit, parfois aux lèvres : Si Dieu était bon, le monde ne serait pas ainsi… Si Dieu faisait un miracle, je croirais… Si Dieu est miséricorde, il peut tout pardonner… si, si, si et si ! Mais alors, tout compte fait, à quoi bon ? A quoi bon la confession puisque, de toute façon, on recommence toujours à pécher ? Georges Bernanos (in Les grands cimetières sur la lune) a écrit : « Le démon de mon cœur s’appelle à quoi bon ». Que de conditions imposées à Dieu pour que nous croyions en Lui, que de doutes distillés dans notre esprit ! Que d’occasions de tout remettre en cause !
Que ce temps du Carême soit propice à raffermir notre foi ! A l’exemple de Jésus, ne cessons de croire que Dieu peut tout et qu’Il est notre seul appui ; qu’avec Lui nous allions au désert pour passer des tentations à la joie et à la grâce de croire !


AMEN.

+ Michel Steinmetz.

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