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mardi 1 mars 2022

Homélie pour l'entrée en Carême - mercredi des Cendres (2 mars 2022)

Ce n’est pas par hasard que l’Eglise nous propose, au moment où nous entrons dans le temps du Carême, d’entendre ce passage de l’évangile selon saint Matthieu. Peu avant, Jésus a enseigné les foules avec le sermon sur les Béatitudes, puis il poursuivait son enseignement en exhortant à ne pas nous satisfaire d’un légalisme spirituel qui ne nous ouvrira pas les portes du Royaume des cieux. Car la logique évangélique est toujours celle d’un dépassement dans l’amour pour tenter, au moins, de correspondre à l’amour dont Dieu a décidé de nous aimer. Ainsi Jésus scande dans l’évangile ces « Il vous a été dit… Moi, je vous dis » pour aboutir à la quintessence de ce que nous avons à devenir et à être : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). 


Finalement cet horizon, qui nous apparaît si difficilement atteignable, au point que nous serions tentés d’édulcorer les paroles de Jésus, en les affadissant de fait, n’est autre que celui d’une réalité que, pourtant, nous connaissons bien. C’est celle de notre baptême. Que nous soyons déjà baptisés, ou que nous nous préparions à l’être, tout nous a été déjà donné. Créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous perdons cette conformation chaque fois que le péché revêt d’un masque de laideur cette ressemblance. Le père du mensonge égare nos pas, tout en nous faisant pernicieusement croire que nous n’avons pas forcément changé de cap, que cela n’est pas si grave, que d’autres le font, etc… Que nous soyons baptisés ou catéchumènes, nous percevons bien que la vie chrétienne réside dans un « toujours-à-convertir ».


Voilà pourquoi, année après année, nous reprenons l’entraînement du carême. Le passage que nous entendions de l’évangile de Matthieu nous donne trois moyens pour y parvenir : le partage, la prière et le jeûne. Pourtant, assez curieusement, la lecture omet quelques versets qui développent le passage sur la prière. C’est là en effet que Jésus indique aux siens la prière véritable et efficace, celle qui doit être le modèle de toutes nos prières : le Notre Père. « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux… ». Enchâssé dans cette triple recommandation à l’aumône, la prière et le jeûne, le Notre Père en devient pour ainsi dire le centre gravitationnel. C’est aussi lui qui nous demande de pardonner à la manière dont Dieu pardonne. Une fois encore il s’agit de ressembler à Dieu, ou plutôt de revenir à la ressemblance avec lui que nous portons déjà en nous.


Certes, la conscience péché – chose que nous partageons hélas, toutes et tous ! – nous pousse à déchirez nos cœurs et non pas nos vêtements, comme des manifestations purement extérieures d’une conversion de façade. Il nous faut revenir au Seigneur notre Dieu, « car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. ». Que nous le voulions ou non, nous nous découvrons encore solidaires malgré nous du péché du monde, de celui qui précipite des peuples dans l’angoisse et dans la logique infernale et fratricide de la guerre. Car la logique de la paix n’est pas qu’une absence de conflit, elle réside dans la volonté de chacune et chacun de respecter l’autre et d’avoir pour lui, pour elle, un regard a priori de bonté. Logique, une fois encore, de conversion du regard et du cœur : voir comme Dieu regarde, aimer comme Dieu aime. Logique qui nous fait toujours nous demander avec chaque parole, chaque geste, chaque pensée : que ferait Dieu à ma place ?


Nous avons ce jour trois moyens, trois pédagogies essentielles pour revenir à une telle ressemblance avec Dieu : partage, prière et jeûne. Je vous propose peut-être de les combiner à trois objectifs : discerner, s’opposer et espérer. Discerner pour reconnaître le mal, objectivement ; s’opposer pour le dénoncer explicitement ; espérer pour « ne pas laisser sans effet la grâce » venue de Dieu. Ainsi équipés, nous avancerons vaillamment jusqu’à Pâques, jour de notre relèvement dans le Christ. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †   


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