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vendredi 3 juin 2011

Homélie du 3ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 23 janvier 2011

En plein cœur de la Semaine de la Prière pour l’Unité des Chrétiens, voici que, rassemblés pour l’eucharistie dominicale, nous entendons ces deux paroles : l’une de Paul « Frères, qu’il n’y ait pas de division entre vous ! », l’autre du Christ lui-même « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche ! ».
Comment ne pas nous sentir concernés par ces deux appels ? Par delà nos différences et nos origines, nous nous rassemblons pourtant autour d’un unique message. Cette unité est souvent malmenée parce que refont surface et tendent à s’imposer nos intérêts personnels ; nous en oublions que ce qui fait notre unité ne vient pas de nous.
Certes, c’est bien un message qui nous rassemble, mais plus que cela encore c’est l’auteur de ce message qui est « fondement de notre unité ». Penser ainsi l’œcuménisme de manière réaliste, et avec foi, nous évitera de tomber dans bien des pièges. Car c’est une démarche pour laquelle nous avons le devoir de prier et de nous engager.


I.- Se rassembler autour d’un message.

Les militants d’un parti politique se rassemble autour d’un message qui les rejoint et leur offre une vision pour eux satisfaisante de la société ; les syndicalistes se regroupent autour d’un message traduisant leurs revendications sociales ; les amateurs d’un loisir se retrouvent pour vivre ensemble une même passion ; il arrive que des personnes d’une même origine, d’une même classe sociale refusent d’aller à la rencontre de l’autre parce que désireuses de côtoyer leurs semblables.
Et nous, pourquoi nous rassemblons de dimanche en dimanche ? Qu’est-ce qui peut bien nous fédérer, nous unir ? Notre origine, notre âge, nos options politiques, notre situation sociale ? Sûrement pas. Nous nous laissons rassembler autour de message du Christ.
Dans les temps anciens, comme aujourd’hui encore, a existé et existe cette tentation du repli communautaire et de repli sur soi. Nous sommes parfois guettés par cette volonté de rester entre nous. Alors nous nous plaisons, comme les chrétiens de Corinthe, à nous revendiquer de tel ou tel : « Moi, j’appartiens au cercle du curé », l’autre dira du vicaire ou d’un ancien de la paroisse, un autre se revendiquera de Jean-Paul II ou de Benoît XVI, un autre encore d’un évêque plutôt que d’un autre. Tout simplement parce qu’il sera plus ou moins en phase avec un tel ou un tel, parce qu’il le connaîtra plus ou moins. Si telle est notre attitude, cependant, nous ne pouvons garantir notre unité et nous sentons qu’elle n’est que de façade : unité fragile, humaine, que la moindre division brisera totalement. Nos divisions sont des contre-témoignages. Nous allons, à cause d’elles, jusqu’à relativiser le salut en Jésus-Christ ? Pourquoi est-il donc mort sur le bois de la Croix ?


II.- Jésus-Christ : porteur du message et message lui-même.

Paul pose la question : « Le Christ est-il donc divisé ? ». Qui a été crucifié pour nous ? C’est lui le fondement de notre unité. C’est le miracle de l’Eglise de pouvoir rassembler des hommes et des femmes de toutes races, de toutes origines et conditions. Parfois, il m’arrive de m’en émouvoir quand, du chœur, je porte mon regard vers l’assemblée que vous formez. C’est aussi pour cela qu’il me tient tant à cœur de commencer toute célébration par ces paroles : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Car il faut bien nous rappeler que c’est le Dieu-Trinité qui rend possible notre rassemblement ; et quand le prêtre prend ainsi la parole, il ne le fait en son nom propre – il n’est ni un tribun politique, ni un chef de file syndicaliste – il le fait en nom et place de Dieu lui-même !
Si Jésus est le porteur du message, il est notre Unité parce qu’il est lui-même le message. Quand il nous réveille de notre torpeur : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ! », il le fait en connaissance de cause. Si le Royaume est proche, c’est bien par Lui qu’il arrive. En venant dans notre monde, il établit le Royaume au milieu de nous. Quand il annonce que le Fils de l’Homme ressuscitera, Il ne parle pas d’un autre hypothétique mais de Lui !
Nous ne sommes pas rassemblés pour nous faire plaisir, mais parce que nous avons la certitude profonde que le Christ peut nous faire dépasser nos divisions. Le miracle est bien de nous établir dans une unité vraie sans que, pour autant, nous en soyons changés ! L’unité de l’Eglise ne repose pas sur un consensus mou qui consisterait à niveler les différences. Ceux qui le croiraient se tromperaient gravement. Il ne suffit pas de « faire comme si », d’aller de concession en concession – de part et d’autre : le véritable œcuménisme exige de la part de chaque Eglise, de chaque croyant à revenir au Christ dans sa Vérité et dans la Fidélité à la Foi.


Si le Christ fait notre Unité, c’est aussi par Lui que nous y parviendrons ! Il est illusoire de s’imaginer que de célébrer l’eucharistie avec nos frères séparés permettra de gommer nos points d’achoppements ; il est, par contre, nécessaire d’emprunter, les uns et les autres, un même chemin de conversion et d’aller toujours plus au cœur de notre foi et du mystère de l’Eglise pour y sentir battre ce qui nous rassemble !



AMEN.

Michel Steinmetz †

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