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mercredi 4 janvier 2012

Homélie pour le 2ème Dimanche de Pâques (A) - 1er mai 2011

Alors que Jésus apparaît au soir même de Pâques à ses disciples, formant la toute première assemblée chrétienne faisant l’expérience du Ressuscité en son sein, et alors que la fin de l’évangile nous relate ces présences nouvelles, ces apparitions de Jésus aux siens, Jean éprouve le besoin de rapporter cette parole : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu !».
C’est, bien sûr, le cas de Thomas, l’absent et le mal-croyant, mais c’est là sans doute aussi l’objection que certains parmi nous peuvent faire à la foi en général. J’ai déjà entendu dire : il est plus difficile pour nous de croire après deux mille ans, avec tout ce que cela suppose d’héritages légués par les siècles, synonymes pour certains de poussière accumulée, que ce ne le fut pour les Apôtres ; eux ont vu, et nous pensons que cela a largement facilité les choses. Pour ma part, je n’en suis pas sûr… L’objection d’aujourd’hui était déjà celle du temps des Apôtres. Car, finalement, la foi c’est précisément faire confiance à la parole d’un autre et s’appuyer sur son témoignage.
Alors l’époque bienheureuse des Apôtres est-elle définitivement révolue ? Faut-il abandonner le rêve ? Pourtant il faut croire et la foi suppose toujours un acte de confiance.

I.- Un décalage manifeste
Bien sûr, aucun de nous n’était présent à Jérusalem pour les événements de la Pâque, nul d’entre nous ne peut se vanter d’avoir vu la marque des clous dans les plaies du Crucifié, d’avoir mis la main dans la plaie de son côté ou d’avoir marché avec Lui vers Emmaüs.
Bien sûr, deux mille ans nous séparent de ce que l’Evangile nous raconte. A en croire la vision sans doute quelque peu enjolivée des Actes des Apôtres, nous venons néanmoins à rêver. Rêver de temps révolus, d’un passé que les plus anciens parmi nous tendant à idéaliser (« A l’époque, c’était quand même mieux… ! »), rêver d’une époque où les chrétiens vivaient unis dans la charité. Aujourd’hui, par contre, nous en venons à pointer les dysfonctionnements, les contre-témoignages. Je ne suis pas en train de les minimiser, mais il en va de la qualité du regard. « Dans les premiers jours de l’Église, les frères étaient fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières».

II.- L’espérance des baptisés
Nous sommes croyants parce que nous faisons fondamentalement confiance, avec toute la difficulté que cela peut parfois comporter.
« Vous en tressaillez de joie, même s'il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d'épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l'or. » L’apôtre Pierre fait preuve de bon sens. Que de fois n’avons-nous pas la tentation soit de rêver le passé – le bon vieux temps des Apôtres –, soit celle de rêver d’un autre chose, rêve d’une Eglise plus vivante, plus dynamique, plus charitable, rêve d’un monde plus juste aussi et plus fraternel !
Pourtant, ce décalage entre ce que nous vivons et ce que Dieu nous promet vérifie, toujours selon l’apôtre Pierre, la qualité de notre foi en éprouvant notre persévérance : par delà nos agacements, nos révoltes, nos doutes, nous décidons de croire. « Tout cela doit donner à Dieu louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ, lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore ». Autre rêve, toujours déçu pour nous, celui d’être dispensé de croire. Rêve de l’immédiateté, de l’évidence. Or la foi impose l’acte de confiance.

III.- Le bonheur de croire
Rien ne permettait aux Apôtres de croire, et rien, aujourd’hui encore, dans notre monde technique, scientiste et rationaliste, ne nous pousse, à vrai dire, à la foi. Pourtant, en définitive, nous le savons : croire n’est pas une démission de la raison ou de l’intelligence. Croire n’est pas l’apanage des simples d’esprits ou des demeurés. Croire, c’est faire confiance ! Quand on fait confiance, on sait qu’il faut s’abandonner. Un enfant en proie au vertige sait ce que c’est que de saisir la main de son père alors qu’il n’ose plus avancer…
La Paix que Dieu nous offre fait croître au plus intime de nous-mêmes cette prédisposition à la foi. Apaisés, heureux, nous pouvons nous abandonner à la folle idée qu’Il n’est pas mort, le Maître de la Vie, mais que, vivant, Il règne. Le Ressuscité nous précède en Galilée ; il a toujours de l’avance sur nous, il nous guide désormais dans la joie d’une vie plus forte que tout.
Désormais, il nous appartient de mettre en pratique cette béatitude pascale : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ». Faisons le pas de la confiance. La Foi que nous proclamons nous vient des Apôtres et repose intégralement sur leur témoignage. Si nous sommes unis dans la même foi, c’est parce qu’un Autre nous en donne et la force et la paix nécessaires pour demeurer ferme. Cet Autre vient à notre rencontre lorsque nous partagerons le Pain comme Il nous l’a demandé.

Que Sa Paix soit avec vous pour le reconnaître comme Seigneur de nos vies !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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