A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

dimanche 22 janvier 2012

Homélie du 15ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 10 juillet 2011

Quelle est la mission que Jésus est venu accomplir ? Matthieu l’a précisé dès le début de son livre : au lendemain de son baptême et après avoir rejeté les projets diaboliques, « Jésus commença à proclamer : ‘Convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché’ » (4, 17). Donc avec Jésus, Dieu commence à établir son règne sur les hommes. S’ils se convertissent ! C’est-à-dire s’ils l’acceptent et laissent Dieu transformer leur vie. Car Dieu ne règne que sur des libertés. En quoi consiste donc ce Règne divin ? Nulle part il n’en est fourni de définition. Mais, au cœur même de son évangile, dans le discours central (le troisième sur les cinq que comporte l’évangile), Matthieu a regroupé sept paraboles fondamentales par lesquelles Jésus tente de révéler « les mystères du Royaume des cieux »(13, 17). Nous les écouterons ces trois prochains dimanches.
Aujourd’hui la liturgie nous donne à entendre la première de ces paraboles, et sans doute la plus importante.

« Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison et il était assis au bord du lac. […] Il leur dit beaucoup de choses en paraboles… »
Assis dans la barque (de Pierre, vraisemblablement) attachée au rivage, Jésus se tient dans la posture de l’enseignant et la barque devient comme une « chaire » d’où va retentir la Révélation fondamentale. Elle sera offerte en paraboles, en récits imagés. Ce ne sont certainement pas « des histoires pour enfants », ni des énigmes distillées par un maître savant et qui demeureraient incompréhensibles au commun des mortels. Mais le symbole est la seule façon d’exprimer une réalité tellement profonde qu’elle ne peut s’enfermer dans des concepts. Jésus ne peut pas dire : « Le Royaume, c’est ceci... » mais seulement « Le Royaume divin est comme cela, il est comparable à... » et il le compare à des choses connues des auditeurs.
Si le Royaume de Dieu est un « mystère », c’est parce qu’il est une réalité immense dans laquelle on n’en finit pas d’entrer. Nous pouvons connaître, posséder une matière scientifique mais nous ne pouvons posséder le Royaume de Dieu.
Par sept symboles, sept paraboles, Jésus ne nous offre pas une connaissance intellectuelle à maîtriser mais il révèle l’arrivée d’un nouveau monde dans lequel je suis invité à pénétrer, qui bouleversera ma vie, et que je ne comprendrai que peu à peu, au fur et à mesure que j’accepterai de m’y conformer. Si au contraire, j’exige de « saisir » avant de m’engager, je demeurerai toujours sur le seuil.

« Voici que le semeur est sorti pour semer… »
Grosse surprise : on attendait du Messie promis qu’il instaure instantanément un état de bonheur parfait pour les bons. Comme par un coup de magie – et de génie –, il n’y aurait plus de mal ni de souffrances, on serait transporté au paradis. Or Jésus se présente comme un Messie qui commence et non qui achève. Il n’est pas le moissonneur mais le semeur. Il ne s’impose pas par un coup de force : il parle. Au lieu d’utiliser des moyens de coercition (comme le diable l’y incitait), il propose un message, il explique, il enseigne. Le Royaume de Dieu vient d’abord par une Parole qui doit être écoutée, reçue et accueillie et il faudra, ensuite, comme pour une graine, veiller sur sa croissance, son bon développement. Cadeau de Dieu et collaboration de l’homme ! Devant la foule rassemblée devant lui, Jésus ne se berce pas d’illusion : il sait que ses annonces et ses prédications resteront souvent lettre morte, discours sans lendemain, semailles sans effets durables.

Les quatre terrains de la parabole sont expliqués par la suite :
1. Un homme écoute la prédication...mais elle ne le pénètre pas. Elle est comme une graine tombée sur le macadam. Aucun intérêt... « ça ne me dit rien ! ».
2. Un autre homme reçoit le message avec plaisir, il le trouve beau, véridique. Mais sa réception demeure superficielle, elle n’a pas de racines. Aussi quand survient l’épreuve, la critique, la persécution, il se hâte d’abandonner. Tel le baptisé qui a suivi le catéchisme, a fait sa profession de foi, mais des copains le ridiculisent pour sa pratique religieuse et, gêné, sans bruit, il renie tous ses engagements.
3. Un autre a acquiescé à l’évangile mais il n’a pas le courage de renoncer à certains attachements de la terre. Il voudrait être chrétien et mondain. Dualité impossible ! Or cet homme aujourd’hui est légion : par dizaines de millions, des baptisés occidentaux auraient voulu une religion compatible avec les modes du temps, avec la dissolution des principes fondamentaux du vivre ensemble : compromis illusoire ! La foi, la pratique religieuse, l’engagement chrétien deviennent vaporeux, sans attraits. On n’a pas eu le courage d’opter franchement. On ne voulait pas perdre sa vie pour le Christ et l’Evangile...et voilà qu’on la perd !
4. Mais en dépit de cette multitude d’échecs, Jésus reste confiant : il est certain que sa Parole pénètrera quelques cœurs, les transformera, et rendra des existences admirablement fécondes. Selon les divers degrés d’ouverture et de don de soi, l’Evangile provoquera des fruits merveilleux. Tous les chrétiens ne deviendront pas St François ou Ste Thérèse mais chacun, selon sa vocation et ses réponses à la grâce, donnera des fruits.

« Celui qui a des oreilles qu’il entende » : comme les anciens Prophètes, Jésus nous hèle, nous supplie d’ouvrir nos oreilles : « Ecoute, Israël, ... ». La foi naît de l’écoute, dira St Paul. Aujourd’hui, ouvrons notre cœur à la Parole de Dieu. En ce temps d’été et de repos, qu’elle résonne et chemine jusqu’au plus profond de nous !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: