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mercredi 4 janvier 2012

Homélie de la messe "in Coena Domini" - 21 avril 2011

Nous entrons ensemble ce soir dans la célébration de la mort et de la résurrection du Seigneur, dans ces jours les plus importants car centraux de la foi chrétienne. Et nous le faisons non pas en contemplant les souffrances ou la mort de Jésus mais en revivant, ici et maintenant, son dernier repas avec les Apôtres. Pourquoi ?
Non pas qu’il faille, un peu au hasard, choisir un événement qui marque le début de ces jours de célébration. L’événement de la Cène, au contraire, nous permet de comprendre tous ceux qui le suivent. Et un mot résume à lui seul les motivations de Jésus : ce mot, c’est l’amour. Dans ce repas pascal s’éclairent toutes les zones encore pour nous obscures de la vie et la mission de Jésus. Ici tout est expliqué, tout est récapitulé, tout s’éclaire.
Quand tout à l’heure, au cours du rite liturgique du lavement des pieds, nous chanterons l’antienne traditionnelle : « Ubi caritas et amor, Deus ibi est ! », « Là où sont amour et charité, Dieu est présent ! », nous serons conviés à la même expérience que les Apôtres devant un Maître se mettant à genoux devant eux. Quand Jésus s’offre en toute liberté par amour pour nous, comment ne pas croire qu’il est réellement présent au milieu de nous ?
I.- L’heure est venue.

Jésus sait, alors qu’il rassemble une ultime fois ses amis autour de la table pascale, que vient le moment ultime. Il est conscient de la gravité des heures à venir : il les assume et les vit dans une parfaite et souveraine liberté. Il aime les siens « jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’à un point de non-retour, jusqu’à l’extrême. Il est venu pour lui le moment de passer au Père, de vivre sa Pâque, celle qui le conduira définitivement jusqu’à la gloire du Père, et non pas comme celle des Juifs qui, d’année en année, se réitère.
A ce moment crucial, alors, Jésus pose un geste hautement symbolique. Au cours du repas, il se défait de son vêtement, se ceint d’un linge et entame un tour de table pour laver les pieds de ses disciples. Dans l’évangile, les trois années de compagnonnage entre Jésus et les apôtres sont l’histoire d’une reconnaissance progressive de l’identité du Christ : peu à peu, au fil des signes accomplis, des enseignements, les disciples prennent conscience que Celui-ci est bien le Fils de Dieu.

II.- Le renversement : le Maître se met plus bas que l’esclave.

On imagine l’étonnement et la stupéfaction des apôtres à la vue de leur Maître et Seigneur se mettant à leurs pieds. Ce geste – qu’il faut replacer dans son contexte historique et culturel – est considéré comme une action humiliante que nul n’ose demander à un esclave juif, mais qui pouvait aussi devenir, pour qui l’accomplirait, l’expression de la piété la plus éminente envers un père ou d’un maître.
Le Maître se met à genoux devant ses disciples et leur lave les pieds. C’est le monde à l’envers… Si ce geste de Jésus est perçu, à bon droit, comme un testament spirituel, que veut-il signifier ?
« Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis », dira Jésus. Si donc le Fils de Dieu accepte de se mettre aussi bas, de devenir à ce point le serviteur, sans aucun orgueil mais en toute humilité, comment ne pas en être touché à notre tour ? Le lavement des pieds exprime symboliquement ce qui fut l’essentiel de la vie et de la Passion de Jésus, l’amour qui assume le service le plus humble, pour sauver les hommes. Cette manière de vivre fonde pour les disciples la capacité et le devoir d’imiter le Seigneur.

III.- Faire cela en mémoire de Lui.

Dans un monde où l’apparence domine, où l’image règne en maître, où celui qui sait paraître l’emporte sur les autres, nous, chrétiens, nous disons que là n’est pas la Vérité. Bien sûr, nous sommes une minorité, et nous le serons encore plus dans les années à venir. Mais ce n’est qu’au prix de cette fidélité là à l’Evangile, qui n’est autre que celle de Jésus au moment d’offrir sa vie, que, passant avec sérénité par les souffrances et la mort, nous irons au matin de Pâques.
Nous laisserons là notre confort de pensée, nos velléités d’accommodement, d’arrangement, de compromission avec l’esprit du monde ambiant. Notre fierté, notre gloire sera précisément notre fidélité à l’œuvre de Jésus : nous aurons à aimer comme Lui, y compris nos adversaires, nous aurons à pardonner, à prier – beaucoup, à persévérer, à réfléchir. Mais ce n’est qu’au prix de cet effort que le monde s’interrogera : si nous tenons à ce point à notre foi, c’est bien parce que nous croyons qu’elle est notre bien le plus précieux. Alors, le monde lui aussi croira. Ce chemin, nous voulons l’emprunter résolument ce soir avec Jésus.
C’est pour cela que nous devons tenir à l’eucharistie comme à la prunelle de nos yeux : c’est là que nous refaisons ce que Jésus nous a dit de faire, là que nous nous laissons ressourcer à son amour.

C’est pour cela que nos communautés nourries de l’eucharistie, spirituellement et physiquement, doivent être des signes de ces valeurs dans le monde, au risque de ne pas être « comme tout le monde ». C’est pour cela, chers amis, que vous ne devez cesser de toujours mieux entrer dans l’intelligence et la compréhension de ce que nous faisons quand nous célébrons la liturgie de l’Eglise « en mémoire de Lui ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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