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dimanche 22 janvier 2012

Homélie du 21ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 21 août 2011

L’évangile nous relate-t-il une crise d’identité de Jésus ? On pourrait presque imaginer que cette scène se passe au cours de son adolescence comme s'il était un peu incertain sur lui-même ; un besoin de savoir ce que les autres pensent de lui pour pouvoir se construire et se situer dans son propre monde. Le Christ savait que ses jours étaient comptés. Avait-il réussi sa mission ? Allait-on l'oublier aussi vite après sa mort ou quelque chose resterait finalement de lui après les événements dramatiques auxquels il allait être confrontés ? Tant de questions pour un seul homme. Et nous pouvons comprendre qu'une petite crise d'angoisse existentielle ait pu le traverser. Que disent les gens de moi ? M’ont-ils reçu pour ce que je suis ?

Un endroit particulier : Césarée
L’endroit dans lequel Jésus choisit de poser la question à ses amis n’est pas neutre. Au contraire, il est plein de sens. Il nous aide à mieux comprendre la réaction du Christ, et à comprendre que son interrogation est bien plus profonde qu’il n’y paraît. Ce n'est sans doute pas sans raison que le Christ s'interroge de cette manière précisément dans la région de Césarée-de-Philippe. Césarée-de-Philippe, ville hautement religieuse dans sa diversité. La ville était parsemée de nombreux temples dédiés au dieu syrien Baal. Nous pouvons en dénombrer quatorze. Césarée vivait donc sous l'ombrage d'anciens dieux. Mais ces dieux syriens étaient loin d'avoir le monopole du culte et de la vénération. Dans cette ville, il y avait également une caverne dans laquelle, le dieu grec Pan, dieu de la nature vit le jour. De plus pour les juifs de l'époque, le Jourdain prenait sa source dans cette même caverne. Juifs, Grecs, Syriens avaient fait de Césarée une ville d'adoration de leurs dieux. Les Romains, eux aussi, érigèrent un temple de marbre blanc en l'honneur de la divinité de César. Dès lors, je crois que nous pouvons affirmer que cet endroit choisi par le Christ pour poser ses fameuses questions est loin d'être neutre. Voilà un homme, un homme simple, entouré de douze hommes tout aussi simples, dans un endroit littéralement submergés de magnificence, de temples syriens, grecs, romains, dans un lieu plein de sens pour les juifs également ; voilà cet homme qui demande à ceux qui l'accompagnent « Le Fils de l'homme, qui est-il d'après ce que disent les hommes ? ».

Du « qu’en dira-t-on » à la question personnelle
Les réponses fusent. Au résultat, il est peut-être bien tout le monde, sauf lui-même ! Cette question de l’identité de Jésus est sans cesse posée dans l’évangile. Elle l’est encore, et parfois violemment, à ceux qui aujourd’hui se risquent à annoncer l’évangile. A chacun, Jésus pose alors la question de manière personnelle : « Pour vous, qui suis-je ? ». Ce que déclare Simon-Pierre et qui lui est révélé par le Père des cieux : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » va devenir le trésor de la foi, confiée dès lors à l’Eglise. L’Eglise, instituée par Jésus, fondée sur la foi de Pierre et des Apôtres, sera pour ses membres, et pour ceux qui chercheront le Christ, la source du salut : « Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux. » Pour l’heure, Jésus ordonne à ses disciples de ne dire à personne qu’il est le Messie. En effet, pour que s’accomplisse ce qu’il annonce, il lui faut aller jusqu’au bout de sa mission : la passion, la mort et la résurrection. L’Eglise, « sainte Eglise de pauvres pécheurs », selon la si belle et si vraie expression du Père Congar, naît du mystère pascal et du don de l’Esprit. Elle pourra proclamer avec assurance le salut en Jésus le Fils de Dieu.

L’actualité de la question
Cette histoire s'est passée, il y a bientôt deux mille ans. C'était bien loin d'ici. Les lieux ont changé et il en va de même pour les dieux. Ces derniers sont aujourd'hui différents mais tout aussi présents. Nos dieux contemporains sont peut être plus matériel, leur soi-disant bonheur est immédiat. Ils sont en tout cas plus palpables, plus réels. Les bourses mondiales les estiment plus ou moins à la hausse, ils demeurent terrifiants au risque de provoquer crises et paniques. Mais comme les faux-dieux d'hier, ils risquent de nous enfermer dans une spirale qui va nous éloigner de nous-mêmes, nous enlever de notre raison d'être. C'est sans doute pourquoi cet évangile s'adresse à chacune et chacun d'entre nous dans le silence de nos cœurs. Un peu comme si le Christ nous susurrait : « je n'attends pas d’abord de vous une connaissance intellectuelle sur moi ; je vous demande juste une petite chose : me connaître, c'est-à-dire entrer en relation avec moi. Rien de plus ». Cette relation se vivra de diverses manières, en fonction de chacune de nos histoires personnelles. Elle sera directe, régulière pour certains ; elle passera par l'amour et l'amitié pour d'autre. Chacune et chacun nous avons notre chemin de rencontre avec Jésus. Il n'y a pas de recette. Il n'y a pas de chemin tout tracé. Puisqu'il s'agit avec tout d'une rencontre, d'une relation, voire même d'un amour, c'est à nous de trouver notre manière de connaître le Christ. Epris de ce désir, de cette soif de connaissance, nous aussi nous pourrons dire : « oui, tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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