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lundi 9 janvier 2012

Homélie de la solennité du Corps et du Sang du Christ (A) - 26 juin 2011

« Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Cette phrase, c’est Jean qui la met, dans son Evangile, sur les lèvres des Juifs. Oui, mais parmi vous, il y a bien quelqu’un qui l’a prononcée. On croirait vous entendre : « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? ».
Ces dernières semaines, plus d’une trentaine d’enfants de notre communauté de paroisses ont communié pour la première fois. Je suis sûr que, parmi eux, certains – et sans doute à leur manière, avec leurs mots – se sont posés cette question. Même nous, les adultes, qui communions depuis longtemps, il nous arrive encore de murmurer une fois ou l’autre : « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? ».
Si vous êtes sensibles à cette question, je vous invite à écouter la réponse en ce dimanche qui est la fête du Corps et du Sang du Christ. En ce dimanche, la parole de l’Eglise est claire, pas question de la minimiser. La foi de l’Eglise est formelle. Les catholiques sont convaincus que c’est Jésus lui-même qu’ils accueillent lorsqu’ils communient à la messe.
Cette affirmation continue de vous étonner ? … Tant mieux, car l’Eucharistie est une réalité étonnante, merveilleusement étonnante.

I.- C’est étonnant, c’est merveilleux de croire que dans l’Eucharistie, à la messe, Jésus est réellement présent au milieu de nous.
Vous n’avez pas attendu pour le croire. Les enfants qui ont fait récemment leur Première Communion, le savent bien, qu’en recevant l’hostie, c’est Jésus lui-même qu’ils reçoivent réellement.
Vous qui, tout à l’heure, en venant communier, présenterez peut-être un écrin pour qu’on y dépose une hostie : est-ce pour transporter un simple morceau de pain ? Non, la présence réelle de Jésus pour un frère ou une sœur malade.
Vous qui entrez dans cette église durant la journée, quand vous allez faire vos courses ou que vous rentrez du travail : que venez-vous cherchez ? Un peu de silence et de calme. Sans doute, mais aussi pour rejoindre une présence.
Vous qui venez participer à l’eucharistie chaque jour ou le dimanche : est-ce par seule habitude ? J’espère – je vous le souhaite : aussi pour refaire vos forces et vous laisse nourrir par Jésus.
Les chrétiens croient de toutes leurs forces à la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Pas une présence symbolique, pas une présence furtive, une présence réelle. C’est merveilleux… et c’est étonnant.

II.- C’est étonnant, mais pas au sens d’incompréhensible. C’est mystérieux mais pas absurde.
Il ne nous est pas demandé de croire en des absurdités. « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Prises au pied de la lettre, certaines phrases de l’évangile que nous venons d’entendre auraient des relents de cannibalisme. Boire le sang, manger la chair. Que personne n’ose prononcer ce mot quand il s’agit de l’eucharistie, ce serait absurde de croire cela !
De même que sont naïves ces réflexions d’enfants :
- Dis, papa, comment Jésus peut-il se cacher tout entier dans une petite hostie ? - Où sont ses pieds et ses mains ? - Quand on casse l’hostie, est-ce qu’on lui fait mal ? Et puis, certains se souviennent encore de la recommandation, voire de l’interdit, de ne pas mordre une hostie.
Quand on reçoit la communion, on s’unit à la personne vivante de Jésus. Nos dents ne croquent pas sa chair, mais nos cœurs accueillent sa vie. Sa présence n’est pas comme une présence matérielle, chimique, c’est la présence de Jésus ressuscité qui se propose à notre rencontre. Il se fait notre nourriture. Oui, cette nourriture nous permet d’assimiler la vie de Jésus, l’Esprit de Jésus, de ruminer, digérer ses paroles, de nous nourrir de sa proximité d’avec le Père. C’est cela qui est étonnant et merveilleux.

III.- Mais il y a encore plus merveilleux. C’est qu’à la messe nous communions au corps du Christ, pour devenir nous-mêmes le corps du Christ.
Saint Augustin le disait bien dans cette formule : « Deviens ce que tu as reçu ! ». Deviens celui que tu accueille dans tes mains en t’avançant vers l’autel. Nous rejoignons la présence réelle de Jésus à la messe, pour devenir nous-mêmes une présence réelle de Jésus après la messe. Nous sommes chargés de former son Corps, de rendre visible, repérable la présence du Sauveur au cœur de notre monde.
C’est une banalité de le rappeler : la parole de Jésus « Faites cela en mémoire de moi » ne signifie pas seulement : « faites ce repas en mémoire de moi ». Mais dans ce repas, Jésus a dit : « C’est mon corps livré ! C’est mon sang versé ! ». J’offre ma vie pour la vie du monde. Faites-en autant… faites-le… faites ceci en mémoire de moi !Nous ne pouvons pas communier à la chair et au sang du Fils de l’Homme sans, du même coup, vouloir rejoindre la chair et le sang de l’humanité : ses souffrances, ses forces de vie.
Cette communion à Jésus s’opère en même temps dans une communion entre nous : « puisqu’il y a un seul main, la multitude que nous sommes est un seul corps », nous rappelait saint Paul. La communion à l’unique Corps du Christ nous fait membres de son Corps dans la même foi.

Voilà ce que nous croyons. Sommes-nous devenus plus croyants en l’Eucharistie ? Vous l’aurez compris, il ne suffit pas d’être seulement croyants – c’est certes déjà beaucoup, il faut aussi être crédibles. Devenir concrètement des témoins de la présence réelle de Jésus au cœur du monde. Nous sommes entourés de beaucoup de « sourds » : des enfants, des jeunes, des adultes qui sont sourds à la Parole de Dieu et qui n’ont jamais entendu parler du trésor de l’eucharistie. Dites-moi, si un jour, ils entendaient la parole de Jésus, son invitation à la messe… pourraient-ils nous rendre cette justice, en disant : « A vrai dire, nous avions deviné ce qu’était l’eucharistie en regardant le visage de ceux qui en vivaient ?… ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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