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mercredi 4 janvier 2012

Homélie du Dimanche des Rameaux et de la Passion - 17 avril 2011

Des peuples d’Afrique du Nord, de pays arabes se soulèvent pour demander plus de liberté, plus de justice. Dans d’autres endroits du globe encore, la révolte gronde. Ailleurs encore l’oppression est trop forte pour que l’aspiration légitime des peules puisse être entendue. Dieu merci, et malgré tous les soucis du quotidien et des perspectives d’avenir souvent peu enthousiastes, nos régions peuvent se réjouir de vivre libres.
Pourtant, cette année encore, nous empruntons une route de libération, route de grand passage. C’est la Pâque du Seigneur ! Mais que faisons-nous ? Apprêtons-nous à célébrer ces moments avec banalité ou routine ? Avec tiédeur et distance ?
La bonne nouvelle de la Pâque du Seigneur nous libère vraiment. Elle instaure un monde nouveau où croire que le mal, le péché et la mort n’auront pas le dernier mot, n’est pas une pure folie ! C’est possible. C’est désormais vrai en Jésus et à sa suite. Réjouissons-nous des chaînes qui sautent et des entraves qui tombent ! Il germe le monde nouveau de Dieu.
Le Christ nous montre le chemin. Et la célébration aujourd’hui tout à la fois de son entrée triomphale à Jérusalem et de sa passion indique clairement que ce chemin de renaissance est un chemin d’abaissement. Il ne s’agit pas tant de se déprécier, de se considérer comme indigne, que de se reconnaître petit devant l’amour de Dieu qui peut nous relever.

Pour accueillir le Roi des rois, la foule n’avait que des manteaux, des rameaux et des palmes pris aux arbres des alentours. Pourtant il n’en fallait pas plus pour que cet accueil fût à la hauteur de l’homme qui s’avançait sur une ânesse. Dans la Bible, le vêtement a une importance singulière : il concentre l’existence de la personne, son statut social comme ses responsabilités. Songeons au manteau du prophète Elie. S’en dépouiller revient alors à imiter l’élan divin du Fils prenant notre humanité. Il se dépouilla lui-même prenant la condition de Serviteur (Ph 2, 7). En déposant leurs vêtements sur le sol, sous les pas du Christ, les foules manifestant ainsi la reconnaissance de sa véritable royauté, celle du cœur et celle de l’humilité. Celle qui ne consiste pas à exercer une domination, mais à s’abaisser soi-même. Devenir serviteur de tous. Voici ton roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme (Mt 21, 5).

Pourtant cette foule qui suivait Jésus ne lui laissera plus en hommage, quelques jours plus tard, que deux morceaux de bois et des clous pour exposer au regard du monde l’amour de Dieu. Nous-mêmes nous sommes sans doute disposés à nous donner tout entier à Dieu dans la réponse à son amour. Pourtant, ce que nous donnons généreusement, dans les faits, nous passons nos journées à le reprendre à la petite cuillère. Nous peinons à consentir à ce dépouillement, à cet abaissement de nous-mêmes. Le chemin de la croix voudrait pourtant nous inviter à mourir à notre orgueil. Le christianisme ne nous inculque pas la dépréciation pathologique : je suis bon à rien, je ne suis capable que du mauvais… Le christianisme nous fait suivre le Christ en reconnaissant notre petitesse, en nous dépouillant de nos entraves pour renaître en Dieu. Seul, je suis faible, mais en Dieu je suis fort. Car Dieu me renouvelle. Tu m’as répondu et je proclame ton nom devant mes frères (Ps. 21).
En définitive, peut-être nous faut-il suivre l’exemple du centurion au pied de la croix, résumant d’une parole ce que nous révèle la Passion du Christ : Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! (Mt 27, 54). La libération à laquelle aspirent tant de peuples, la libération de nos entraves personnelles, la Pâque de Jésus nous l’offre. Aussi approchons sans crainte de la croix pour y déposer notre manteau ; en retour nous y recevrons le vêtement de la foi, celui de l’homme nouveau !

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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