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dimanche 22 janvier 2012

Homélie de la solennité de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie - 15 août 2011


En cette fête de l'Assomption de Marie, le livre de l’Apocalypse nous livre sa vision cosmique : « Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'arche d'Alliance apparut. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. »

Chaque génération vit avec son imaginaire et ses questions. Autres celles des premiers chrétiens, autres celles de nos contemporains européens. Au temps de l'Apocalypse, au début du christianisme, c'est la persécution : le Mal a un visage précis, celui du pouvoir, nombreux sont les martyrs. Il faut avoir la foi qui franchit la mort. Le dragon a sept têtes comme la ville de Rome a sept collines.
Aujourd'hui nous vivons en paix, plus ou moins rassasiés. La mort, nous la vivons tout à fait différemment. La médecine a fait de tels progrès que jamais jusqu'ici l'espérance de vie n'a été aussi élevée. Mais le problème s'est inversé : pour certains, on vivrait trop longtemps. La réforme des régimes de santé, l’allongement du temps de travail pour garantir le système des retraites déchaînent les passions. Les résidences spécialisées coûtent cher et il n'est pas heureux de voir ceux que l'on aime, plus ou moins enfermés, sans possibilité de bouger, alités le plus souvent, toujours à la merci d'un petit problème de tuyauterie, affrontés à la solitude et à l'ennui. « La vieillesse est un naufrage » disait le grand Charles. On ne meurt plus d'un coup mais progressivement, de mort lente, et la séparation se fait petit à petit.

La vieillesse n'est plus, comme en Afrique, un signe de sagesse, elle devient honteuse. On célèbre le sport, la jeunesse, la beauté, alors les vieux s'enferment entre eux. Certains, aux Etats-Unis, interdisent l'accès de leurs résidences aux enfants. Les générations se coupent de plus en plus les unes des autres, et, souvent, il est inconcevable que des générations différentes se côtoient sous un même toit, comme c’était encore fréquemment le cas il y a peu.
La vieillesse serait-elle un péché, serait-elle une maladie ? Non, elle est une réalité humaine naturelle qu'il nous faut accepter, comme toute limite liée à notre condition humaine, comme le fait d'être femme ou homme et non pas les deux, comme le fait de vivre en ce siècle et non pas en un autre, et ici plutôt que dans un autre pays.
La vieillesse n'est pas un péché, mourir non plus, même de mort lente et dans son lit, tout naturellement. Marie, la mère de Jésus n'a pas été martyrisée. Elle a connu d'autres souffrances, voir torturer son fils de trente ans lui a valu le titre de « vierge des douleurs ». Marie, comme tout le monde aujourd'hui, ou presque, Marie a vieilli. Elle est morte finalement. Mais l'histoire n'a pas retenu pour elle de tombeau. Ni à Jérusalem ni à Ephèse où, avec saint Jean, elle aurait fini sa vie. La question est donc pour elle la question de « l'après mort ». Qu'est-elle devenue, où est son corps ? Et la foi des chrétiens depuis toujours, sans bien comprendre comment, mais de manière poétique comme s'expriment toutes les intuitions qui ne peuvent être démontrées, celle de l'amour en particulier, la foi des chrétiens a tout de suite perçu que Marie était associée à la Résurrection de son Fils, sans attendre la résurrection finale de la récapitulation de l'histoire avec toute l'humanité. Marie anticipe en son corps la victoire de l'amour sur la haine et sur la mort.

Le mot « résurrection » n'est cependant pas prononcé, par égard pour nos frères orthodoxes qui parlent de « dormition » et non pas de « mort ». Le mot « assomption » est donc utilisé, qui se rapproche de l' « ascension ». Marie est « auprès de Dieu » et si l'on imagine celui-ci « en haut », elle est « montée » auprès de Lui. Marie nous précède, on peut dire qu'elle est au-devant de nous. Avec son Fils, elle représente l'humanité en son devenir. Elle représente l'humanité saisie par la résurrection de Jésus, elle qui a représenté l'humanité dans son accueil de l'Esprit, et donné corps au Verbe de Dieu. C'est par elle qu'il est entré dans notre histoire, c'est par lui qu'elle sort de notre histoire et prend corps de gloire.
Marie est l'arche d'alliance à laquelle fait allusion l'Apocalypse, elle est le Temple de la présence de Dieu. Les litanies, en leur symphonie disent mieux que le langage abstrait de la théologie, à chacun son instrument.
Savez-vous de quelle année date le dogme de l'Assomption ? Ce dogme est le plus jeune de tous les dogmes ! La moitié du siècle passé ! 1950 ans, voilà le temps qu'il a fallu à l'Eglise pour dire ce qu'elle croyait, depuis toujours et en tout lieu, mais encore confusément. Comment s'est déroulée l'assomption ? Qu'est-ce que cela signifie vraiment ? L'Eglise y croit mais ne sait pas tout ce qu'elle croit. A nous de réfléchir, de méditer. « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. »
Cette femme, c'est l'humanité accomplie, revêtue de la lumière de Dieu. Toute la création la contemple et lui sert de parure : le soleil, la lune et les étoiles soulignent sa beauté. C'est l'Eglise, transfigurée, c'est Marie, en tout premier lieu, la petite fille d'Israël, celle qui a cru à la promesse, celle qui a conçu le Fils de Dieu, celle qui l'a partout accompagné, celle qui est toujours à ses côtés, au pied de la croix et maintenant dans l'accomplissement de sa résurrection.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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