A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

dimanche 22 janvier 2012

Homélie du 24ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 11 septembre 2011

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à nous ceux qui nous ont offensés ». Comprenons-nous vraiment ces paroles si familières du « Notre Père »? Que disons-nous quand nous prions ainsi ?
Ordonnons-nous à Dieu de nous pardonner comme nous savons si bien le faire à ceux qui nous font du mal ? Demandons-nous Lui de nous faire miséricorde comme nous-mêmes sommes en mesure de le faire pour notre prochain ?
Si c’est bien là le sens de notre prière, alors, vous en conviendrez, cette phrase est lourde de sens puisque nous affirmons attendre du Seigneur ce que nous sommes capables de faire. Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, cela me fait réfléchir… Franchement, soyons honnêtes : à nous connaître un peu sans vantardise ni orgueil, pouvons-nous légitimement alors attendre beaucoup de Dieu ? Il nous prend au mot : tel est l’enseignement de l’Evangile d’aujourd’hui. « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » (MT 18, 33).
Nous comprenons que nous devons pardonner. Mais nous savons aussi que cela n’est pas facile et que nous y arrivons bien mal. Nous peinons en vain face à l’amour infini du Seigneur, amour pardonnant qui toujours dépasse nos limites. Alors, parce que faisant l’expérience de notre petitesse, nous devenons encore plus capables de pardonner encore mieux, à notre tour.
I.- Nous devons pardonner.
Notre conscience morale nous fait sentir que nous devons pardonner. Pourtant, quand nous sommes confrontés à une telle situation, nous constatons la réticence de notre cœur à un tel acte. Que faire devant la mort de son enfant torturé par un pervers ? Comment agir quand sa confiance est salie et trahie, son honneur bafoué aux yeux de tous ? « Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers ton prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut… », nous dit Ben Sirac.
Nous avons sans doute peur de pardonner, car nous pensons que pardonner est synonyme d’oublier. Il me semble que pardonner, c’est peut-être plus donner à l’autre une nouvelle chance, accepter de faire encore un bout de chemin ensemble. C’est, tout compte fait, ne pas se résigner à la fatalité du mal. Quand vous êtes blessés, la plaie, elle aussi, peu à peu se ferme ; elle disparaît, mais pas entièrement : la cicatrice en demeurera sur votre peau comme la marque et le signe. La vie reprend le dessus, et elle le reprend, parce que fortifiée.
Si nous attendons – et à raison ! – de Dieu qu’Il nous pardonne, nous devons faire de même. « Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis ». « Si un homme n’a pas pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? ».

II.- L’impossible logique de pardon de Dieu.
A la question de Pierre : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? », Jésus répond par l’infini de l’amour. Abandonnez là vos tables de multiplication ! Ce n’est pas tant le nombre indiqué qui est ici important que la démesure à laquelle nous sommes appelés.
De même, dans la parabole dont Jésus se sert pour mieux encore se faire comprendre, l’énormité de la dette du serviteur, équivalente à soixante millions de francs-or, doit faire penser que ce serviteur est dans une situation sans issue. Il est cependant relevé de sa dette : il ne devra son salut qu’à la pitié de son maître. Telle est aussi la situation de l’homme devant Dieu. Or, ce serviteur n’est pas capable d’avoir seulement une once de cette indulgence envers son compagnon qui, lui, ne lui doit que la modique somme de cent francs-or.
Voilà la logique de Dieu confrontée à notre triste réalité humaine ! Nous la chantions encore avec le psalmiste : « Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses ».

III.- Faire l’expérience du pardon.
Face à cette démesure de l’amour de Dieu qui pardonne, nous ne pouvons qu’être pris en défaut. Alors, mission impossible ? Je ne le crois pas.
Car pour qui a fait l’expérience du pardon libérateur de Dieu, à qui il a été fait, un jour, la grâce d’une nouvelle chance, et la grâce de se sentir aimé en vérité par delà ses actes, pour celui-là le pardon devient possible.
La logique de la miséricorde divine, c’est d’avoir pitié de nous et de nos mains vides. Qui a fait l’expérience de cette miséricorde qui efface toutes les ardoises, même les plus lourdement chargées, en a le cœur bouleversé. Dès lors, n’est-ce pas ?, il est impossible de se montrer dur et exigeant envers quiconque.

Frères et sœurs, demandons aujourd’hui au Seigneur d’ouvrir notre cœur à son pardon pour que nous soyons toujours plus en mesure de pardonne à notre tour comme Lui le fait envers nous.
« Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses. »

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: