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lundi 9 janvier 2012

Homélie du 14ème dimanche du temps ordinaire (A) - 3 juillet 2011

Jésus nous provoque, fidèle à ses habitudes ! Lorsqu'Il loue son Père, en s'exclamant : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout petits », évitons les contresens grossiers ! Il ne peut y avoir là d'anti-intellectualisme primaire. Nous ne pouvons pas nous contenter de penser : « je crois mais je ne cherche pas à comprendre, c'est trop compliqué ! ». Nous ne pouvons ériger la foi du charbonnier en Credo sans faire injure à celui qui nous a donné l'intelligence ! Tout l'Evangile montre que le Christ demande à ceux qui le suivent un effort d'intelligence pour comprendre sa parole afin de mieux en vivre, pour en vivre toujours davantage afin de mieux le comprendre. Alors ?

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange… »
Alors, ce qui m'intrigue, c'est que Jésus s'adresse d'abord à son Père – « Père je te loue » et qu'il semble ensuite s'adresser à ceux qui l'écoutent en parlant de sa relation avec le Père : « Tout m'a été confié par mon Père. Personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Jésus n'en finit pas de rappeler que nul ne peut aller vers le Père sans passer par lui. Un jour un disciple lui dit : « montre-nous le Père, cela suffit ! » Et Jésus de répondre : « Je suis avec vous depuis si longtemps et tu ne m'as pas reconnu ! Celui qui m'a vu a vu le Père ! »
Comprendrons-nous qu'aller vers Dieu, c'est du concret ! Aller vers Dieu, c'est s'inspirer des gestes et des paroles du Christ pour inventer aujourd'hui nos gestes et nos paroles. Tout au long de l'Evangile, Jésus se heurte à ces sages et ces savants de l'époque, scribes ou pharisiens qui veulent l'entraîner dans des discussions d'école. Tout au long de l'Evangile aussi Jésus ne cesse de ressasser : « ce que vous faites au plus petit, c'est à moi que vous le faites ». Aller vers Dieu ce n'est pas une prise de tête ! C'est risquer son amour, c’est fonder son être sur l’humilité. Car la foi ne dépend pas de la culture ou des études, même si elles aident à l’approfondir et l’enraciner. La foi est offerte à tous. Les savants et les sages sont ceux qui croient savoir, ceux qui croient posséder complètement la connaissance de la religion au point d’être persuadés, paradoxalement, de ne plus avoir besoin d’apprendre quoi que ce soit. Ailleurs, dans l’Evangile, Jésus taxera ce genre d’attitude de « dureté du cœur ». Jésus ne fait pas de différence entre les gens, mais il demande à chacun de se montrer pleinement disponible pour accueillir le don de Dieu. Geneviève Antonioz De Gaulle, présidente du mouvement « Aide à toute détresse » dans un petit livre intitulé Le secret de l'espérance raconte comment elle a rencontré les exclus du quart monde, comment elle a appris à faire face à sa peur et quel a été son combat pour non pas parler au nom des pauvres, mais pour qu'ils puissent parler eux-mêmes. Elle écrit : « Si j'ai la tentation forte de me détourner de ce que vivent les pauvres, c'est leur espérance qui me remet sur le chemin. Je ne me bats pas seulement pour eux, mais pour tous les hommes. La révolution commence par moi-même. » Ainsi, les tout-petits dont parle Jésus sont bien les « sages » en matière de foi, qui se consacrent à l’Evangile, qui font preuve de charité à l’égard de leurs frères proches et lointains.

« Je vous procurerai le repos ».
J'en viens maintenant à un deuxième passage qui m'a provoqué dans l'Evangile de ce matin. Jésus dit : « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». Prise au pied de la lettre, cette expression est choquante ! Je pense à nous tous qui subissons parfois l'ironie de ce monde contre la foi. Nous tous qui sommes parfois confrontés à des drames familiaux tels qu'on en vient à penser : « Mais où est-il, Dieu ? ». Allez donc dire à des gens qui viennent de perdre un proche, allez donc dire à ceux que touche la maladie que leur fardeau est léger ! Cette parole de Jésus sera irrecevable pour eux. La vie est dure certains jours, Jésus ne le nie pas lorsqu'il dit : « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos ».
Et pourquoi Jésus dit-il qu'avec lui notre fardeau peut être allégé ? Attention, je dis bien allégé et non pas nié ! Jésus n'est pas un Dieu qui reste sur la touche du stade de nos luttes humaines. Jésus est Dieu qui porte comme nous les coups durs de l'existence. Il les affronte bel et bien et nous montre une voie. Trouver en lui le repos : que nous soyons déjà en vacances ou pas, cette promesse du Christ est la bienvenue en nos vies surchargées. Jésus nous convie à la solidarité, il nous invite à porter nos fardeaux les uns des autres et ainsi il est notre unité. Jésus est enfin celui qui suggère de jeter en Dieu nos soucis : non pas les nier, faire comme s’ils n’existaient pas, mais les jeter en lui, perdre l'illusion que nous seuls pouvons sauver le monde. Ce n'est pas nous qui sauvons le monde, mais c'est Dieu qui par nous peut le faire.

En conclusion, je crois que la page d'Evangile que nous venons de lire est une invitation amicale à ne pas nous montrer prétentieux devant Dieu. Pensons-y, voulez-vous, lorsque dans un instant tournés vers l’autel, nous dirons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ! ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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