Une manifestation
qui se respecte doit être copieusement garnie de pancartes et de
slogans qui, mêlées aux poings levés, seront le gage d’une détermination sans
faille. Frères et sœurs, nous sommes entrés dans la célébration de ce jour non
les poings levés en chantant l’Internationale, mais en portant la fragile
lumière d’un cierge. Cette lueur en dit autant, sinon plus, de ce que nous
sommes, de ce en quoi nous croyons, de ce que nous revendiquons, que toutes les
banderoles des manifestants.
La lumière éclaire. Dire cela relève d’une lapalissade. Et parce qu’elle éclaire, elle guide aussi. Alors que Marie et Joseph, au quarantième jour après la naissance de Jésus, observent la Loi de Moïse en se rendant au Temple pour y présenter leur premier-né. Rien de le distingue d’un autre. Et sans doute ne sont-ils pas les seuls ce jour-là. Pourtant, cet Enfant – et nous le savons – est la Lumière de Dieu, celui qui sera capable de porter la Lumière jusqu’au cœur des ténèbres les plus sombres. Deux personnes très âgées, Siméon et Anne, fille de Phanuel, passent leur journée à guetter un signe que la promesse de Dieu va s’accomplir. C’est même devenu leur raison d’être et de ne pas mourir. Ils vont être éclairés par l’Enfant en même temps que leur foi intrépide est pour eux une lumière. Chers frères et sœurs consacrés, vous-mêmes, c’est la lumière de votre foi qui vous a poussés à vous donner tout entier au Christ pour qu’ils vous fassent resplendissants, pour nous, de cet absolu. Bien loin des arguments revendicateurs de certains ces derniers jours pour – pensent-ils – défendre le célibat des prêtres, vous nous rappelez que la donation de toute sa personne est d’abord une vocation, c’est-à-dire la réponse à un appel de Dieu, et vous tenez une place dans l’Eglise que les seuls prêtres n’ont précisément pas vocation à signifier.
Nous sommes entrés tout à
l’heure dans cette maison de Dieu avec un cierge à la main. Cette lumière, c’est
le Christ ! Il nous introduit dans la demeure de son Père. Cette lumière, c’est
le Christ en nous : par lui nous avons accès auprès du Père des lumières. Bien
davantage. Par le Fils de Dieu, nous devenons nous-mêmes lumières, flammes
vives pour éclairer ce monde ! Le Seigneur vivant en nous est « la lumière
pour toutes les nations et la gloire d’Israël ». Comme Siméon, nous avons
à contempler la Lumière du Christ, mais cela n’a de sens que si, par notre
propre veille dans la prière, nous devenons à notre tour, comme par contagion,
par embrasement, lumière du Christ pour nos frères. En ce sens, ceux qui, dans
l’âge avancé, continuent d’être actifs dans la prière quotidienne et fidèle,
ceux qui consacrent leur vie au Seigneur dans la vie monastique et religieuse,
sont pour nous un magnifique témoignage. La vie d’un chrétien ne peut pas être
terne, sans éclat, sans brillance. La vie d’un chrétien doit être lumineuse.
AMEN.
Michel
Steinmetz †