A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

vendredi 25 novembre 2016

Homélie du 1er dimanche de l'Avent (A) - 27 novembre 2016

Commencer par la fin, voilà qui n’est pas banal ! Ouvrir l’année par un enseignement de Jésus qui annonce sa venue à la fin des temps et qui nous invite à la vigilance afin d’être prêts à l’accueillir à tout moment : « Tenez-vous donc prêts, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra ! »
 
C'est que le temps de l’Avent est à la fois le temps du commencement et celui de la fin. Depuis la naissance de Jésus, nous sommes dans le temps de la fin car, comme le dira Jésus en croix : « tout est accompli ». La manière chrétienne de vivre consiste à recueillir les fruits de ce qui s’est accompli jadis, au temps de Jésus, et de vivre chaque jour dans l’espérance de sa venue. En effet, notre existence ne trouve son véritable sens que si elle est à la fois enracinée dans cette venue que nous célébrerons à Noël et aimantée par sa venue toujours imminente. Or, bien souvent, nous ne sommes pas dans le présent ; nous rêvons au passé que nous regrettons ou nous faisons des projets pour un demain qui n’existe pas encore. Or, c’est au présent que tout se joue, parce que Dieu est toujours présent. Nous ne devrions jamais oublier cela. Dans quatre semaines, nous serons donc à Noël, et nous célébrerons dans la joie ce mystérieux événement de la naissance de Dieu dans l’humanité. Cette naissance a très secrètement bouleversé le cours de l’histoire humaine. Car Celui qui est né de Marie, c’est l’Emmanuel, Dieu « en personne » qui a décidé de venir pour être avec nous, pour habiter quotidiennement au cœur de nos histoires, jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28,20).
 
La force du chrétien réside dans l’espérance qui l’habite ! Sa force est de croire que la nouveauté promise s’est infiltrée en profondeur en ce monde et que la nuit ne l’emportera jamais sur le jour. Notre vie ne s’arrête pas à ce que nous en percevons. Elle a une dimension cachée, secrète et subversive. L’espérance habite au fond de notre cœur, même et surtout quand les choses tournent mal. Ainsi, quand la ville de Jérusalem est assiégée par les armées assyriennes, le prophète Isaïe annonce que Dieu va libérer son peuple et réunir toutes les nations sur sa montagne sainte, à Jérusalem. Au moment où les armes menacent de tuer, il a l’audace de faire cette annonce : « Des épées, on forgera des socs de charrue, des lances, on fera des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation. On ne s’entraînera plus à faire la guerre. » C’est l’espérance qui donne cette audace au prophète Isaïe ; il sait que Dieu va venir sauver ce monde de ses guerres fratricides. Qui d’autre que Dieu pourrait réaliser cela ?
 
La période de l’Avent est le temps de l’incroyable et tellement nécessaire espérance ! Un avenir heureux se prépare. Il est déjà semé au cœur de ce monde de violences et d’injustices. Et l’Avent  le temps où l’Eglise se redit cette joyeuse espérance lorsqu’elle se prépare à accueillir Celui qui peut réaliser ce que nous n’arrivons pas à réaliser. Il y a, enfouie dans l’aujourd’hui de nos vies, une attente cachée, une promesse d’avenir : Dieu vient et, en secret, il sème sa Présence en ce monde ! Sortons de notre sommeil, cessons de vivre en oubliant Celui qui habite nos cœurs et qui frappe à notre porte. Cessons de vivre en oubliant tous ceux qui nous entourent et qui ont peut-être besoin de notre espérance. Soyons prêts pour accueillir Celui qui vient en accueillant tous ceux qui nous entourent.
 
"Marchons à la lumière du Seigneur » comme nous y invitait Isaïe car nous sommes sûrs que « le Fils de l’homme viendra ». Il vient faire sa crèche en chacun de nous, pas celle qui a été l’objet de polémiques si typiquement françaises et qu’on a voulu rabaisser à l’état d’objet culturel, celle de notre être intérieur. Angélus Silésius, disciple de Maître Eckhart, a cette belle formule : Christ serait-il né mille fois à Bethléem, S’il n’est pas né en toi, tu es perdu à jamais. Préparons donc nos cœurs pour l’accueillir. Qu’il vienne naître en nous ! Que chacun de nos cœurs devienne une crèche où Dieu vient sommeiller. Il a décidé de naître partout où il est attendu et accueilli. Viendra-t-il chez nous ? N’allons pas simplement voir la crèche en curieux dans nos églises ou sur nos places... Préparons en nous cette crèche !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

samedi 19 novembre 2016

Homélie de la solennité du Christ, Roi de l'univers (C) - 20 novembre 2016

On ne peut guère aller plus loin dans le sarcasme. Voilà un homme qui est nu, suspendu à la croix, qui se tord de douleur, sur le point de mourir. Et au-dessus de sa tête, on a fixé un écriteau, sur lequel on explique qui est ce crucifié : « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs ».
 
C'est  Pilate, le gouverneur, qui est à l’origine de cette œuvre de mauvais goût, voire de cette claire provocation humaine et politique. Cet écriteau vise par sa raillerie à la fois les Juifs et Jésus lui-même que les autorités juives ont condamné à ce supplice. C’était pour Pilate une manière de se moquer des Juifs, de les prendre à leur propre piège. Ils étaient venus le trouver pour leur livrer un dangereux criminel qui menacerait, selon eux, le pouvoir de l’empereur. Pilate s’était lavé les mains de cette affaire. Voilà qu’au sommet du Golgotha, il se livre à un bon coup politique. Devant tous, aux portes de Jérusalem qui grouille de monde pour les fêtes pascales, il fait savoir que les Juifs n’ont finalement rien à dire. Nous sommes les occupants, vous êtes les soumis, vous êtes nos sujets. Vous êtes finalement aussi impuissants que cet homme étrange, qui vient de Galilée, et qui prétend être votre roi !
 
Et en même temps il se moquait de Jésus : quel drôle de roi celui qui déclarait : « Mon Royaume n’est  pas de ce monde ! ». Mais la raillerie ne vient pas que de Pilate, elle vient aussi des chefs qui se moquaient de Jésus. Ils n’ont pourtant aucune raison de rire, en face de la puissance de l’occupant romain et du camouflet qu’il leur inflige.
 
Les sarcasmes fusent de partout. Même un des crucifiés « injuriait » Jésus : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! ». Il convient de s’arrêter ici, et de méditer un peu. N’y a-t-il pas dans notre vie à tous ce risque récurrent de la moquerie ? Nous sommes tellement enclins à nous moquer des autres, de ceux qui sont déjà anéantis. Parce que toute raillerie n’est pas forcément un trait d’humour. Comme il nous vient vite le réflexe, peut-être, de dire : « c’est bien fait pour lui ». Sans doute, comme moi, vos années de classe vous rappellent-elles le souvenir de tel ou tel souffre-douleur. Personnellement, je me souviens avec honte d’un camarade de classe, certes pas très dégourdi, qui était devenu le bouc-émissaire de tous, le sujet de toutes les blagues de mauvais goût. Quelle bêtise de notre part ! Un jour, j’avais, pris de remords sans doute, tenté d’aller vers lui et je m’étais rendu compte que le mal subi et enduré avait été trop loin pour qu’une confiance soit possible. Nous l’avions épuisé sans la moindre pitié.
 
Comme celui qu’on appelle « le bon larron », est ici un exemple ! Lui, l’autre criminel qui est à côté de Jésus sur le gibet de torture ! Il ne blasphème pas. Il ne se moque pas. Il voit ses propres fautes ; il sait qu’il a commis des crimes : « Pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons ». Il sait faire la distinction entre le juste et l’injuste. Il sait que Jésus est suspendu, injustement, à côté de lui sur la croix. C’est pourquoi il s’adresse à cet innocent qui souffre. Lui, le criminel, il est le premier qui confesse et qui reconnaît que Jésus est roi : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Et il sera le premier à entrer dans ce Royaume de Jésus : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans la Paradis ». La tradition nous rapporte que le nom de cet homme était Dismas. Quelle chose étrange : celui qui peut nous apprendre à confesser et à voir que Jésus est vraiment le roi de l’univers, c’est Dismas, un criminel repenti !
 
 
Et c’est ce même Dismas qui donne aujourd’hui une formidable espérance. Notre vie n’est jamais scellée, écrite à l’avance, déterminée par ce que nous faisons ou ce que les autres pensent de nous. Cet acte de foi à l’ultime moment a suffi pour que surabonde la miséricorde. C’est la seule arme de notre Roi, mais la plus forte aussi qui soit, lui en qui habite toute plénitude et qui réconcilie toutes choses dans sa croix.
 
AMEN.               
 
Michel Steinmetz

vendredi 11 novembre 2016

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 13 novembre 2016

Nous avons affaire aujourd’hui à une sorte de « message codé ». Dans la tradition biblique, parler de « fin du monde », est une façon d’exprimer sa foi au Dieu de l’Alliance. Déjà le prophète Malachie, annonçait la venue du règne de Dieu. Le « jour du Seigneur » serait comme l’apparition d’un soleil dont les rayons guériraient les justes, mais brûlant comme une fournaise pour consumer les impies. Encore au temps de Jésus, les juifs pieux croyaient que ce monde-ci devait un jour disparaître pour laisser place à un monde nouveau, pleinement en harmonie avec Dieu, un monde tout autre, où il n’y aurait plus de mal, de souffrances, ni de catastrophes naturelles mais un monde où le peuple de Dieu, régnant sur toutes les nations, conduirait celles-ci vers le Seigneur.
 
Souvent les mots manquaient pour décrire le passage de ce monde perverti à un autre plus parfait. C’est pourquoi la tradition biblique s’est forgé un langage, une sorte de code. Avec des images de bouleversements cosmiques, elle cherche à signifier et à symboliser la fin de ce monde mauvais. Ces expressions de catastrophes n’indiquent nullement le « comment » de ce qui va arriver, mais bien plus l’espérance en un monde meilleur, donné par Dieu. Et comme dans un message codé, le plus important n’est certainement pas le code, mais plutôt le message, l’important pour nous n’est pas de nous appesantir sur ces images étranges qui abondent dans le texte, mais bien de rechercher la foi qui se cache derrière ces images.
 
Le bulletin météo se termine toujours par l’indice de confiance : pouvons-nous avoir confiance dans le prévisionniste pour le soleil ou la pluie du prochain week-end ? La description évangélique des temps troublés pour les disciples du Christ semble déjouer toutes les estimations et apparaît bien actuelle : « On se dressera nation contre nation. […] Il y a aura des famines et des épidémies ». Le Christ nous propose de vivre ces temps comme un temps pour le témoignage et non pour la peur. Discerner les signes des temps au milieu de nous devrait bien plus occuper notre quotidien que tous les prophètes de malheur voulant nous en détourner dans des solutions faciles voire contraires à l’Evangile. « Certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire », dit l’Apôtre. Ce n’est pas en fermant nos frontières humaines ou terrestres que nous éviterons les problèmes, mais bien au contraire en convertissant notre regard et notre charité.
 
A l'opposé de la foi se tient la peur qui distrait notre regard de Dieu et nous fait nous appuyer sur nos seules forces. Dans l’adversité, il s’agit donc de demeurer dans la confiance en Dieu, parce que nous voulons croire que, décidément, rien ne lui est impossible. La certitude de la venue du Seigneur habite toute la vie de l’Eglise sinon elle ne serait qu’une ONG de plus parmi tant d’autres. Voici ce qui doit être au cœur de tout disciple : cherche le Seigneur afin de le faire rencontrer.
 
Ainsi donc, face à de telles images, et surtout face aux réalités qu’elles symbolisent, nous n’avons pas besoin d’agitations mais de persévérance. En ce sens, l’Ecriture demeure une parole actuelle et ô combien contemporaine ! Le Christ doit revenir certes, mais au milieu des tempêtes de ce monde, des questions qui demeurent sans réponse, il reste mystérieusement présent à son Eglise, la soutenant dans le témoignage qu’elle a à donner, inspirant même les réponses que chacun devra proclamer face à ses détracteurs. D’une certaine manière, c’est tous les jours qu’il revient, pour établir son règne et rendre courage à chacun. « Le jour du Seigneur », c’est chaque jour. C’est aujourd’hui, c’est demain, c’est chaque jour de notre existence. Le Seigneur est là. Depuis sa résurrection, il est sans cesse avec nous. Il nous soutient de son amour. Son Royaume est déjà là, mais il n’est pas encore achevé. Chaque jour, par notre persévérance et notre confiance en Lui, nous construisons un peu plus ce Royaume, jusqu’au jour inconnu de son achèvement. Là alors il nous trouvera prêts, debout et vigilants.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz †   

Homélie du 12 novembre 2016, dans le cadre de la sortie jubilaire

Homélie prononcée
dans le cadre de la sortie jubilaire de la communauté de paroisses
en la chapelle Notre-Dame du Haut de RONCHAMP
 
 
« Le Fils de L’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». C’est sans doute là la question la plus anxiogène et la plus redoutable pour nous. Un jour, au soir du monde, le Christ, à son retour quand il viendra juger les vivants et les morts, trouvera-t-il encore la foi ? Ou pour formuler les choses d’une autre manière : il nous demandera des comptes. Qu’aurons-nous fait de ce que nous avions reçu et comment l’aurons-nous transmis ? Ce jour-là, toutes les bonnes et fausses excuses ne tiendront plus car nous serons dans la vérité, sans pouvoir désormais nous dérober. Paradoxe de notre temps : la nécessité est admise de transmettre une terre plus propre et plus vivante aux générations à venir, la question de la foi ne semble guère préoccuper. Il me semble qu’il y a là une pathologie. Et vous me permettrez d’en pointer les symptômes et les manifestations. Je repère trois catégories de malades.
 
Il y a les résignés. Ceux-là sont persuadés, parfois même ouvertement, que les belles années sont derrière nous. De toute façon, la fin est inéluctable, elle serait même proche. Parce que des églises se vident, parce des enfants ou des petits-enfants ne découvrent pas spontanément le chemin de la foi. Alors ils se résignent à accepter cela, parfois comme une blessure. Mais ils se taisent. Ils ne font rien pour que cela change. Ils subissent. Ils oublient la parole de Jésus : « je suis venu pour allumer un feu sur la terre ». Ceux-là ont peur même d’une étincelle dans leur vie.
 
Il y les tièdes. Ceux-là sentent bien les enjeux et les défis, mais ils n’osent pas. Parce qu’ils ne sentent pas capables, parce qu’à leurs yeux la tâche est trop considérable, parce qu’ils ne veulent sacrifier ni leur tranquillité ni leur confort de vie. Il semble dire au bon Dieu : « vois-tu, tu me permettras quand même de finir ce que je faisais, d’avoir mon dimanche matin… ensuite, je viendrai ».  
 
Il y a les hypocrites. Ceux-là font tout pour mettre les responsabilités sur le dos des autres. Ils excellent souvent en la matière, en générant même un sentiment de mauvaise conscience pour leur interlocuteur alors qu’eux dorment sur les deux oreilles. Ce sont ceux qui pensent que le voisin devrait commencer par se bouger, que le curé devrait tout faire. Cette semaine encore, on me faisait remarquer bien insidieusement quand il s’agissait d’aller à la rencontre des gens – fût-ce au détour d’une quête – que c’est le propre du prêtre. Sauf que nous partageons le même baptême et que nous sommes tous envoyés en mission comme « prêtre, prophète et roi » par l’onction que nous avons reçue.
 
Frères et sœurs, vous avez acceptez aujourd’hui de vous mettre en mouvement, de dépasser vos frontières habituelles pour vivre la rencontre de l’autre en étant en communion avec le Christ. Je vous pose cette question, non en mon nom propre, mais au nom du Christ qui m’impose de le faire résonner : êtes-vous prêts à Le suivre sans délai ? Car sa charité nous presse. Etes-vous prêts à ne pas vous résigner, à dépasser vos tiédeurs, à devenir des collaborateurs de la vérité ? En ne cédant pas aux réponses toutes faites des populismes qui gangrènent nos sociétés, ensemble projetons-nous dans l’avenir avec réalisme mais aussi avec courage. Osons proposer la foi en ne nous laissant paralyser par les carcans de fonctionnements paroissiaux perçus comme éternels. Ils ne le sont pas. Seul le Christ l’est. Allons au-devant de tous, brisant la géographie étriquée de nos églises pour gagner les périphéries. Qui serions-nous pour affirmer de manière péremptoire qu’un tel ou une telle n’est pas intéressé par la Bonne Nouvelle de l’Evangile si nous ne lui annonçons pas, si d’emblée nous ne lui permettons pas de la découvrir au détour d’un échange, d’un service rendu, d’une banale conversation ? Serons-nous les complices de l’effacement de la foi autour de nous ? Le Christ serait-il venu pour rien ? Serait-il mort pour rien ? Serait-il ressuscité pour rien ? Jamais je ne pourrai m’y résoudre. Voulez-vous entrer en résistance spirituelle avec moi ?
 
AMEN.
 
Michel STEINMETZ
 

samedi 5 novembre 2016

Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 6 novembre 2016

 
"Dis Papa, pourquoi la lune est ronde ? Dis, Maman, comment ma petite sœur est-elle née ?" Lors de nos premières années d’existence, tous les enfants, et nous l’avons été, posent mille et une questions à leurs parents sur tout ce qui les entourent. C’est l’âge de la curiosité et les parents savent bien que très souvent il n’est pas évident de répondre à leurs enfants. Soit parce que leurs questions sont étonnement philosophiques ou théologiques, soit parce qu’elles sont tellement naïves. Le problème est qu’avec l’âge, nous avons bien souvent perdu et la capacité de nous émerveiller et cette naïveté devant la vie.
 
Les Sadducéens de l’évangile de ce jour font semblant d’être curieux et naïfs. Ils posent une question embarrassante à Jésus, non pour en apprendre davantage sur les mystères du monde et de la vie, mais pour piéger Jésus. Pour essayer de le mettre en porte à faux par rapport à la Loi de Moïse et ainsi avoir des motifs sérieux de le condamner. Ils n’ont pas besoin de la réponse de Jésus car ils estiment déjà avoir toutes les réponses puisqu’ils prétendent qu’il n’y a pas de résurrection. Avez-vous déjà discuté avec des gens qui prétendent savoir beaucoup de choses. Bien souvent, ces personnes sont incapables d’écouter et d’accepter l’avis des autres. Ils ne veulent et ne peuvent se remettre en question et s’ils posent une question, c’est pour mettre mal à l’aise leurs interlocuteurs. D’ailleurs, leur question n’a pas beaucoup de sens. Cette femme qui épouse ses sept beaux-frères, ça ne doit pas se rencontrer si souvent ! En fait, cette question ne les touche pas. Elle ne les intéresse que dans la mesure où elle pose un piège à Jésus.
 
Que répond Jésus ? Il commence par leur dire qu’ils raisonnent comme les enfants de ce monde. Revoilà les enfants. Jésus ne dit pas que les questions curieuses, comme celles que posent les enfants, sont mauvaises. Mais il dit que tant que nous n’avons que de la curiosité pour pour les mystères de la vie et de la mort, jamais nous ne comprendrons les choses du monde à venir. Il continue en disant que nous serons semblables aux anges. En voilà une réponse ! Nous ne sommes pas plus avancés ! Mais les anges participent à la vie de Dieu dans sa clarté. Il n’y aura plus de questions enfantines, naïves ou curieuses, mais un face à face d’amour en plénitude de paix et de joie. Ce face à face se prépare dès aujourd’hui dans notre vie de tous les jours. Comment ? Pas comme les Sadducéens qui se croient les plus forts et les plus malins en piégeant Jésus. Dieu ne demande pas la curiosité mais la foi, non pas la naïveté mais la confiance. Les Sadducéens de l’évangile de ce jour sont incapables de faire confiance à Jésus. D’ailleurs, ils refusent la résurrection. Ils n’acceptent pas dans la foi que Dieu est le Dieu des vivants, qu’il est plus grand que la mort. Cela, les Sadducéens le refusent. Et l’étroitesse de leur foi devient méfiance à l’égard de Jésus, méfiance à l’égard de Dieu.
 
En réponse à la provocation des Sadducéens, Jésus répond par la provocation de la foi. La foi nous provoque, non pas dans le sens courant de choquer ou de scandaliser, mais dans son sens étymologique profond : la foi nous appelle au-devant, à aller au-devant. Au-devant de nos certitudes et de nos prétentions ; au-devant de nos questions et de nos curiosités. La foi, ce n’est pas croire en des enfantillages, en des choses impossibles ou absurdes. La foi est cette confiance dans le Dieu de Jésus, le Dieu des vivants. Et cette confiance nous fait aller de l’avant, même un jour elle nous fera passer au-delà du dernier obstacle : la mort. Nous imaginons trop vite la vie future comme le prolongement de notre vie présente ou le démarrage d’une nouvelle existence, moyennant quelques aménagements, ceux-là même qui excitent notre curiosité. Au ciel, serons jeunes ou vieux ? Mariés ou pas ? Beaux ou laids ?  Comprendre la vie éternelle ne peut se faire qu’en se plaçant du côté de Dieu. La vraie vie, c’est celle que nous menons avec Lui, celle qui a commencé en nous au jour de notre baptême et qui resplendira enfin après notre mort.
 
Que notre vie soit pour la confiance en ce Dieu qui est le Dieu des Vivants.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz