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vendredi 23 avril 2021

Homélie pour le 4ème dimanche de Pâques (B) - 25 avril 2021

Sur certains documents officiels, on appose parfois la mention « p.o. » : « par ordre ». Cela rappelle que le signataire ne détient pas d’autorité en propre, mais qu’il la reçoit d’un autre pour l’exercer en son nom. Il en va ainsi des apôtres qui, dans le livre des Actes, sont décris comme agissant « par ordre ». Ils baptisent ainsi « au nom du Seigneur Jésus ». Le pouvoir qu’ils détiennent, et la grâce qui y est liée, ne vient pas d’eux mais du Seigneur lui-même qui les choisit pour faire d’eux ses associés. L’invocation du « nom » du Seigneur opère le sacrement : il donne le salut.  


Jésus, le bon Pasteur, nous sauve. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans les Actes des Apôtres, Pierre conclut son discours en disant : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac 4,12) Cette phrase très simple exprime quelque chose de tout à fait central dans la foi catholique et dans notre expérience chrétienne. Il y a un sauveur, et il n’y en n’a qu’un seul : c’est Jésus lui-même ! Pourquoi ? C’est uniquement en nous agrippant à Lui, en Le suivant sans le lâcher, que nous pouvons traverser cette chose ultime qui voudrait mettre une fin à toutes choses : la mort. Il est l’unique sauveur parce qu’il est le seul qui fait l’offrande de sa vie pour le salut des hommes. Il ne se suicide pas, il ne cherche pas à mourir dans la « dignité », il ne cherche pas à mourir en héros. Il se laisse conduire à la mort en faisant l’offrande de sa vie par amour pour les hommes, et par obéissance à Dieu. Il est le seul par qui nous puissions être sauvés, non pas seulement parce qu’il a donné sa vie pour nous, parce qu’après tout, il aurait pu donner sa vie et l’histoire aurait pu s’arrêter là ! Il est notre sauveur parce qu’il a donné sa vie et qu’il a le pouvoir de la recevoir à nouveau, c’est-à-dire que Dieu l’a ressuscité. Il montre ainsi que la puissance de Dieu est plus grande que les forces du mal et de la mort.


Jésus se présente lui-même comme un pasteur, un berger. Le pasteur, contrairement au mercenaire, se sent lié à son troupeau. Ses brebis sont un peu de lui. Quand l’une d’elle est en danger, son cœur frémit et il désire la sauver. Cette brebis en danger n’est pas pour lui un steak sur pattes, ou un pullover en devenir. La preuve : il la connaît par son nom. Chose surprenante dans l’évangile pour celles et ceux qui auraient un instinct grégaire et identitaire : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. » Ainsi, nous devons prendre garde à ne pas nous assimiler trop rapidement à un troupeau privilégié qui kidnapperait son berger pour en faire sa propriété exclusive. Jésus est aussi le berger d’autres brebis dont il faut qu’il s’occupe. Pourtant toutes sont appelées à ne former qu’un seul troupeau, car il n’y a bien qu’un seul pasteur.


Cela implique pour les brebis déjà intégrées au troupeau – nous, en l’occurrence par le baptême reçu « au nom du Seigneur Jésus » - d’accepter avec joie et sans rechignement que d’autres les rejoignent, sur la seule décision du berger. Elles partagent une même dignité, il n’y a pas de brebis de première ou de deuxième classe. Le Fils prend la tête de l’unique troupeau pour le conduire vers le but ultime, la maison du Père. Alors le pasteur se fait aussi « passeur ». En acceptant de traverser en premier « le ravin de la mort » qu’évoquant le psaume (22), il a donné sa vie en toute confiance pour que ses brebis puissent le suivre sans craindre. 


Le mystère pascal n’est pas un événement privatif dont nous pourrions nous vanter d’être les jaloux bénéficiaires. Car les chrétiens ne sont pas les seuls à naître et à mourir : ils ne sont pas les seuls à être appelés à renaître dans la mort et la résurrection du Christ. Toute l’humanité, sans distinction de races ou de frontières, est renouvelée dans cette joyeuse nouvelle. La responsabilité de ceux qui en vivent déjà, nous les baptisés, est d’en être associés à l’annonce. A nous, maintenant, d’agir et de vivre « par ordre », dans la joie d’une responsabilité reçue. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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