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samedi 1 mai 2021

Homélie pour le 5ème dimanche de Pâques (B) - 2 mai 2021

Il y a 11 ans maintenant, j’héritai d’un presbytère qui était une noble bâtisse du XVIIIe siècle. Mais avant qu’elle ne devînt presbytère au cours du XIXe siècle, elle fut d’abord la propriété d’une famille de viticulteurs juifs. En souvenir de ces temps passés, et en fidélité avec cette continuité entre la première et la nouvelle Alliance, non sans malice pour ma propre sustentation automnale, je demandai à des vignerons, et paroissiens, de planter dans le jardin du presbytère une rangée de plants de vigne. Commençait pour moi une aventure jusqu’alors ignorée et qui devait se poursuivre jusqu’à la terrasse désormais du presbytère de St-Maurice, même si cela prit de fait une allure plus modeste. J’appris donc que la vigne, végétal si symbolique et présent dans la Bible, a non seulement besoin d’un soin constant mais aussi d’être d’une certaine manière maltraitée. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle porte du fruit, un bon fruit. Laissez la vigne se développer de manière anarchique, elle s’épuisera et perdra de la vigueur. Taillez-la, réduisez ses sarments, n’en gardez au printemps que deux par plants, elle sera au contraire généreuse.


Il n’est donc pas étonnant que la vigne ait servi d’image familière dans la Bible pour exprimer cette réalité de la relation entre Dieu et son peuple. Ainsi Israël est la vigne de Dieu. Dans les évangiles synoptiques, Jésus reprend l’image de la vigne dans une de ses plus virulentes paraboles où il dénonce la fourberie des responsables et dirigeants qui n’ont jamais accepté de se convertir aux appels des prophètes et qui maintenant se préparent à mettre à mort l’ultime envoyé, le Fils même de Dieu. La conclusion tombe comme une menace terrible : « Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, il fera périr les vignerons et confiera la vigne à d’autres » (Matt 21, 33 ; Mc 12, 1 ; Luc 20, 9). Chez saint Jean, l’image de la vigne connaît son aboutissement plénier : la vigne n’est plus une nation, un territoire mais Quelqu’un. Son succès n’est plus menacé mais assuré et plantureux.


La « vraie » vigne, en réalité, c’est Jésus. « Je suis la vigne et mon Père est le vigneron ». Désormais, le plant choisi par le vigneron, n’est plus Israël, mais Jésus, le Bien Aimé. Mais que peut-il y avoir en effet de commun entre Dieu et nous ? Comment peut-on imaginer qu’il existe une sorte de sève conductrice de la vie qui circule entre Dieu et l’humanité ? Jésus est le cep et les disciples sont les sarments. C’est-à-dire qu’ils participent à la vie du Christ comme les branches participent à la vie du cep auquel ils sont attachés. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit ! ». La création, le monde que nous connaissons, et notre propre vie dans ce monde, sont comme une prolongation la vie de Dieu lui-même. La communion que le Christ exprime en disant qu’il demeure dans le Père et que le Père demeure en lui et que nous sommes appelés nous aussi à demeurer dans le Christ, et par le Christ à demeurer dans le Père, nous fait comprendre que rien ce qui fait notre vie, jusque dans les détails, ne reste étranger à Dieu. Dans tout cela, Dieu est impliqué, ou du moins il veut être impliqué si nous lui en laissons l’espace. Il arrive que la Parole de Jésus « purifie le sarment », l’Evangile taille alors dans nos prétentions égoïstes, dans nos recherches vaniteuses, dans les soucis du qu’en dira-ton afin que nous soyons focalisés sur un seul but : porter le fruit que Dieu demande.


Demeurer dans le Christ et que le Christ demeure en nous ! Pour cela il faut suivre ses commandements. Non pas simplement acquérir une sorte de sagesse bienveillante ou un catalogue de choses interdites ou autorisées, mais passer de la parole aux actes, comme nous le dit l’épître de Jean : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité » (1 Jn 3,18). Dieu n’attend pas forcément de nous une obligation de résultats, mais de moyens. Il n’attend pas de nous que nous soyons parfaits mais qu’en vérité nous le désirions. Alors sa vie passe dans la nôtre. Alors « si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. »


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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