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samedi 10 avril 2021

Homélie pour le 2ème dimanche de Pâques "in albis" - 11 avril 2021

« Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. […] Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun. »

N’y aurait-il pas quelque signe avant-coureur du communisme dans le Livre des Actes des Apôtres, à la fois dans la mise en commun de tous les biens et dans le bannissement de la différence des classes sociales ? Rassurez-vous ! Je ne me livrerai pas à l’apologie du stalinisme qui avait instauré, au mépris des droits fondamentaux de l’être humain et par un génocide, une économie entièrement basée sur les kolkhozes et les sovkhozes. Car cette idéologie avait précisément oublié l’ingrédient essentiel et vital : l’Evangile. 


Pourquoi donc librement, et sans y être donc forcé comme dans la dictature communiste, les croyants allaient-ils jusqu’à mettre tous leurs biens en commun pour qu’aucun ne soit dans l’indigence ? La première lecture nous décrit, avec quelque idéalisme certes, la première communauté chrétienne. C’est à la vue de cette communauté, nous disent les Actes des Apôtres, « que chaque jour ceux qui étaient appelés au salut entraient dans la communauté des croyants » et donc, à leur tour, croyaient. Cette première communauté, même idéalisée dans la description qui est en faite, a ceci en propre qu’elle a toute animée de la présence du Ressuscité en son sein. « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » C’est-à-dire que cette présence est forte au point de franchir tous les murs : ceux évidemment dans lesquels les apôtres se claquemurent par peur, et qui ne sont finalement que le symbole de toutes les (bonnes) raisons qu’ils trouvent à ne pas se mettre en situation de sortie. Désormais plus rien ne résiste à la puissance de vie que Dieu vient manifester en Jésus, ressuscité. Cette peur d’aller témoigner sera définitivement vaincue par l’envoi en mission, concomitante à la réception de l’Esprit, Pentecôte que saint Jean situe, quant à lui, au soir de Pâques. 


Là c’est encore la présence du Ressuscité qui est déterminante au sens où cette présence inclut une expérience.  Ils vont pouvoir toucher le corps du Ressuscité, s’assurer qu’il ne s’agit ni d’un fantôme ni du produit de leur imagination collective. Un parmi eux est absent : Thomas. A son retour, et au récit de ce qu’il s’est passé, il refuse de croire les autres car, à son tour, il exige de faire la même expérience. Il veut mettre ses doigts à l’endroit des clous et la main dans le côté transpercé. Huit jours plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, Jésus y consent. Il ne fait pas l’apologie du doute en l’érigeant en modèle, pas plus qu’il ne le réprimande. Thomas sera associé à la même expérience pour demeurer dans la même présence et pour être envoyé, lui aussi, en mission avec la force de l’Esprit. Mais le Ressuscité le précise : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Ce sera la condition des disciples désormais. Ils ne seront pas appelés à fonder sur leur foi sur le néant ou le vide, mais sur les signes que la communauté des disciples émet de la certitude qu’elle a que Jésus est avec elle. Pour nous, la connaissance de la parole du Christ, notre fidélité à cette parole, notre assiduité à l’eucharistie et à la vie de prière, aideront les gens à voir ce que nous sommes et à croire à travers nous au Dieu de Jésus-Christ, vivant ; à recevoir ainsi le salut proposé par Dieu dans la foi.


Nous croyons sans avoir vu le Christ, nous croyons plus fermement en voyant les fruits de la puissance du Christ agissant par son Esprit. « Nous avons vu le Seigneur », tel devrait être le cri d’émerveillement de tous ceux qui, de nos jours, regardent de l’extérieur les assemblées de chrétiens. Si nous correspondions à l’image qu’en suggère l’épître de Jean ou les Actes, tous les Thomas parmi nos contemporains verraient alors de leurs propres yeux la fécondité de la victoire du Christ sur le mal. La question est lancée à nos communautés comme un défi : que donnons-nous à voir ?


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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