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vendredi 16 avril 2021

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques (B) - 18 avril 2021

Les disciples ne cessent d’aller d’expérience en expérience, et leur bouleversement reste intact. Il faut bien avouer qu’il y a de quoi. Passer de la vision de Jésus, leur ami et leur maître, suspendu au bois de la croix, déposé mort au tombeau, à cette présence parfaitement extraordinaire désormais à leurs côtés. 


Il a deux mains, il a deux pieds. Il a de la chair et des os. On peut mettre ses doits dans ses plaies, la main dans son côté. On lui donne du poisson grillé, il le porte à sa bouche. Il mange et mâche. Tout cela témoigne de la matérialité du corps de Jésus ressuscité. Tant pour les disciples d’Emmaüs, que pour les apôtres qu’ils rejoignent, cet apprivoisement progressif ne va pas sans quelque difficulté : « Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit », nous rapporte saint Luc. Il faut donc qu’ils s’habituent à cette modalité de présence, aussi déroutante que réconfortante. Car il ne s’agit en aucune manière d’un simple retour à la vie précédente – ce qui fut le cas pour Lazare, revenu à la vie mais destiné à re-mourir, ce qui n’aurait aucun intérêt. A ces âmes bouleversées, Jésus apporte la paix et la joie. « « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! », leur dit Jésus. Désormais, ils sont témoins d’une réalité nouvelle et insoupçonnée. Le corps de Jésus ressuscité est bien le même, mais en même temps totalement différent. C’est cette différence qui témoigne de la réalité de sa résurrection.


La reconnaissance du Ressuscité passe ensuite par la communion des disciples. Les deux disciples qui ont cheminé sur la route d’Emmaüs avec Jésus reviennent à Jérusalem pour raconter leur aventure mais ils ont une surprise à leur retour. Les autres qui étaient restés là ont eu eux aussi la visite du Christ ressuscité. C’est donc la convergence, l’addition de toutes ces expériences fragmentaires portées dans la communion de l’Église des onze Apôtres et de leurs compagnons qui constituent le témoignage communautaire de l’Église au sujet du Christ. Ce n’est pas chacun pris isolément qui devient témoin de la résurrection. C’est le corps ecclésial tout entier qui est comme constitué par la présence du Christ ressuscité et envoyé comme nous le dit l’Évangile : « la conversion serait proclamée en son nom à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. » Nul ne peut donc se prévaloir à lui seul de savoir ce qu’est la réalité de la résurrection, ni d’en faire à lui seul l’expérience, il en va toujours d’une expérience communautaire et ecclésiale. La matérialité du corps du Seigneur ressuscité se vit ainsi dans le corps de l’Eglise qu’ensemble nous formons, nous tous, et nous avec Lui. 


Nous avons en mémoire le passage de l’Évangile qui précède dans lequel les disciples prient le Christ de rester avec eux à l’auberge et comment au moment où il bénit et partage le pain, leurs yeux s’ouvrent et ils comprennent que l’inconnu avec lequel ils ont cheminé est le même qu’ils avaient connu avant. Et aujourd’hui encore c’est par l’expérience corporelle que nous sommes invités à accueillir le Ressuscité : non le penser, mais en faire l’expérience, ce qui est fort différent. Pour venir à la messe, nous nous déplaçons et nous nous rassemblons en un lieu. Là nos sens sont stimulés et mis en éveil : en ces jours brûle le cierge pascal et nous avons reçu l’eau tout à l’heure qui rappelle notre baptême. Nous chantons, nous nous levons, nous nous asseyons, nous nous déplacerons pour recevoir la communion. Notre corps devient le chemin privilégié de la rencontre avec le Vivant. Cela veut dire pour nous que l’expérience sacramentelle de la fraction du pain, l’eucharistie que nous célébrons semaine après semaine, mais aussi toute l’expérience sacramentelle de l’Église, fait partie de la reconnaissance du Christ ressuscité. C’est ce geste, pourtant si discret, mais si plein de sens parce que posé par Jésus à la veille de sa Passion pour en donner clé de compréhension, qui permet de reconnaître Jésus comme Ressuscité. 


Croire à la résurrection, cela veut dire que nous sommes capables de reconnaître dans le pain qu’il nous partage le corps qu’il a livré pour nous. Et nous nous découvrons en Lui déjà ressuscités. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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