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vendredi 18 décembre 2020

Homélie pour le 4ème dimanche de l'Avent (B) - 20 décembre 2020

David est très vénéré dans le judaïsme. On lui attribue la composition de tous les psaumes et, selon la tradition, il priait Dieu en chantant et en s’accompagnant de la lyre à dix cordes ou de la harpe (cf. Ps 33,2). Pas de doute, c’était un poète, un musicien, un artiste ! C’est ainsi que les peintres et les sculpteurs l’ont souvent représenté ! Mais David fut aussi un pécheur ! N’est-il pas important pour nous de constater que les plus grands personnages bibliques ne sont pas irréprochables. La Bible en effet garde la mémoire de son double péché : son adultère avec Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite, et son homicide puisqu’il a fait tuer ce pauvre homme pour cacher son adultère ! Pourtant tout semble réussir à ce pécheur, puisque le prophète Samuel évoque le fait qu’il « habite enfin dans sa maison ». Homme parvenu, qui n’a peut-être ni la cinquantaine ni une Rolex au poignet, mais homme dont le pouvoir est établi et à qui tout semble sourire.


David alors, est-ce dans un sursaut de conscience (de mauvaise conscience) ?, se rend compte de la disproportion de la situation. Il a tout, mais tout cela il le doit à Dieu. Sans lui, que serait-il ? Sans doute encore un homme frêle et chétif au milieu de ses frères, à garder encore le troupeau. Le choix de Dieu en a fait, par l’onction d’huile, l’oint du Seigneur, son envoyé. Quoi qu’il en soit de sa réussite, ou de sa responsabilité par rapport à Dieu, la Bible se plaît à souligner en contrepoint le profond repentir de David et le pardon que son attitude de conversion a obtenu de Dieu.  Dans la prophétie de Samuel que nous entendions, Dieu y rappelle à David qu’il a toujours habité avec son peuple, non pas dans une maison mais sous la tente : il a choisi d’accompagner son peuple dans ses déplacements. Dieu ne s’est pas installé dans un lieu mais dans un peuple. Sa maison, c’est son peuple au milieu duquel il a choisi de planter sa propre tente !


Alors que David tient à construire une maison au Seigneur, ou pour se dédouaner de sa propre réussite, ou pour mieux l’assumer, ou encore pour acheter son pardon, Dieu refuse. David cherchait-il à faire de Dieu son obligé ? A ce que Dieu lui soit redevable ? Or Dieu échappe à toute main mise. Il ne convient pas d’inverser les rôles : ce n’est pas à David d’accorder une faveur à Dieu ; au contraire, par la bouche du prophète Nathan, Dieu rappelle les bienfaits dont il a comblé son serviteur et il ajoute encore celui-ci : « Ta royauté et ta maison subsisteront toujours devant moi ». Dieu se porte garant de la maison de David et n’a pas besoin d’une maison pour lui-même, comme si on pouvait l’avoir sous la main. Il est « le Dieu des grands espaces et des larges horizons » faisait chanter un cantique (d’assez piètre qualité, d’ailleurs). Mais sur ce point le texte était juste : Dieu ne se laisse pas enfermer, même dans la plus belle des demeures et c’est Lui qui a l’initiative de son habitation. 


Dieu procède ainsi. Quand nous avons la prétention de penser pour lui, de décider pour lui, et de ne soustraire au fait de demeurer les instruments de sa grâce, Il nous rappelle qu’il est à l’origine de toute chose. Notre rôle est d’accueillir cette visitation dont il est l’auteur et l’hôte. Il vient à notre rencontre. La plus belle des demeures que nous puissions lui offrir est un cœur prompt à faire le bien et une vie droite. Et c’est le signe qui nous est donné en Marie. Elle est choisie pour nous donner le Sauveur, pour accueillir en elle la grâce dont jaillit la vie. Elle offre sa personne à la volonté de Dieu, en se faisant « la servante du Seigneur » afin que tout se passe pour elle et en elle selon la parole de l’ange. 


A la maison que David voulait bâtir en résidence pour Dieu, Dieu répond en se choisissant Marie comme demeure digne de lui. A quelques jours de Noël, il nous rappelle que c’est en nous qu’Il continue de vouloir naître et c’est en nous qu’il veut demeurer. Ne nous y méprenons pas… 


AMEN.


Michel STEINMETZ †  


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