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mardi 22 décembre 2020

Homélie pour la solennité de la Nativité du Seigneur - 25 décembre 2020

Messe de la nuit


Je ne sais si vous avez encore en mémoire l’une des cogitations fameuses qui, comme beaucoup d’autres, a agrémenté les dernières semaines. Voilà qu’à grand renfort d’analyses pointues sur la situation sanitaire, les plateaux télévisuels de chaînes d’informations en continu convoquèrent, avec l’art qu’ont leur connaît, des experts patentés et des commentateurs avisés pour disserter de l’épineuse question : faut-il remettre la fête de Noël à plus tard ? J’avoue être resté pantois, oscillant alors entre sidération et ironie.


Remettre la fête de Noël à plus tard ? Pourquoi pas finalement dans un esprit païen dont la seule référence attend de Noël des réunions familiales et un échange des cadeaux. Ma foi, cela, au regard de la crise sanitaire, pourrait s’entendre. Décaler à plus tard, à des jours meilleurs que, visiblement, Dieu seul connaît. Nous autres, nous avons pu raisonnablement nous demander comment nous allions pouvoir nous retrouver en ces instants : avec quelles jauges, quelles restrictions de temps ou d’espace. Et Il faut bien l’avouer nous mesurons la chance, finalement, de pouvoir ainsi célébrer avec quelques contraintes au demeurant mineures.


Mais aurions-nous pu remettre cette fête ? Cela eut été impossible pour une double raison. D’abord parce que nous sommes croyants : notre présence ici est déjà le signe que, pour nous, Noël ne peut se concevoir sans Dieu et que la fête n’est pas réductible à ses contingences matérielles. C’est précisément le moment où nous faisons mémoire de cet événement toujours en train d’advenir de la visitation de Dieu au milieu de nous. En Jésus, son Fils, Dieu se fait si proche de nous que notre humanité se voit révélée sa vraie nature et sa destinée : ne faire qu’un avec Dieu, découvrir en nos vies tout ce qu’elles ont de divin, entendez de beau, de vrai et de bon. Ensuite, deuxième raison pour laquelle Noël ne peut être changé au gré des circonstances ou des humeurs : précisément parce que nous célébrons l’initiative de Dieu en Jésus. Nous n’intimons pas à Dieu ses faits et gestes, tout simplement parce que nous ne sommes pas Dieu. Nous pouvons le supplier, comme nous l’avons fait encore pendant tout le temps de l’Avent, d’hâter sa venue, mais Lui seul connaît et le jour et l’heure. « Veillez et priez car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure », nous a rappelé Jésus dans l’évangile au premier dimanche de l’Avent. 


Pourtant il n’aurait pas été impertinent de nous questionner en vérité pour savoir quelle saveur aurait ce Noël aussi atypique que les mois qui l’ont précédé. N’y aurait-il pas de Noël possible cette année ? Bien sûr que si ! Plus silencieux et plus profond, plus semblable au premier dans lequel Jésus est né, dans la solitude. Sans beaucoup de lumières sur terre, mais avec celle de l’étoile de Bethléem, illuminant des chemins de vie dans son immensité. Sans démonstrations de fastes mais avec l’humilité de nous sentir des bergers à la recherche de la Vérité. Sans grandes foules dans nos églises et avec des absences amères, mais avec la présence d’un Dieu qui emplira tout. Il n’y aurait donc pas de Noël possible ? Bien sûr que si ! Sans les rues débordantes, mais avec un cœur ardent pour celui qui doit venir sans bruits ni festivals, ni réclamations ni bousculades... Mais en vivant le mystère sans peur face aux prophètes de malheur qui prétendent nous enlever même le rêve d’espérer. Noël aura lieu parce que Dieu est de notre côté et qu’il partage, comme le Christ l’a fait dans une crèche, notre pauvreté, nos épreuves, nos pleurs, nos angoisses. Noël a lieu parce que nous avons besoin d’une lumière divine au milieu de tant d’obscurité. Jamais la Covid19 ne pourra atteindre le cœur ou l’âme de ceux qui mettent dans le ciel leur espérance et leur haut idéal. 


Nous nous rappelons ce soir, cette nuit, que nous ne sommes pas maîtres de tout, et heureusement pour nous. Dieu se plaît à nous visiter et à naître en vous, pour peu que nous soyons des hommes et des femmes de bonne volonté. Nous le prions, c’est-à-dire que nous le laissons entrer en nous pour vivre ces temps présents dans l’espérance de son amour. Noël aura lieu ! Dieu naît au milieu de nous, en nous et nous apporte la liberté !


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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