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mercredi 30 décembre 2020

Homélie pour la messe de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu - 1er janvier 2021

Dans l’Antiquité, on honorait une divinité bien particulière, dont le nom colore aujourd’hui encore le premier mois de l’année civile. Janus est le dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes1. Il est bifrons (« à deux visages ») et représenté avec une face tournée vers le passé, l'autre sur l'avenir. Il est fêté le 1er janvier. Son mois, Januarius (« janvier »), marque le commencement de la fin de l'année dans le calendrier romain. Le temple de Janus était situé sur le forum de Rome. Il était rituellement ouvert en temps de guerre et fermé en temps de paix. L’une des collines de Rome, le Janicule, lui est consacrée.


Intéressant Janus, qui en lui seul, réunit ainsi le passe et l’avenir. N’est-ce pas là ce que nous faisons nous-mêmes aujourd’hui ? D’une part nous jetons un regard rétrospectif sur les mois écoulés et avec une certaine crainte nous tentons, pour autant que cela soit possible, de nous projeter dans ceux à venir. Pourtant, cette année de manière ben particulière, nous ne nourrissons aucun rêve un peu fou. Nous ne pensons pas que le début de l’année au moins sera différent que la fin de la précédente. Il nous faudra encore vivre avec un virus qui perturbe nos vies et parfois les malmène. Les distanciations sociales demeureront. Les maques sur nos visages cacheront encore nos sourires ou nos mines renfrognées. Ce passage donc, nous le vivons avec le sentiment d’une simple glissade mais pas avec le rêve d’une rupture. Les semaines à venir ressembleront à celles passées. 


Janus pourtant ne peut rien pour nous et nous ne mettons pas notre foi dans une divinité païenne. Notre foi, nous la plaçons en Jésus-Christ, ce Fils donné par le Père à l’humanité pour « racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils ». Il est vrai : nous pourrions devenir des êtres ou blasés ou dépressifs. Las de tout cela, nous pourrions désespérer de nous et de Dieu par la même occasion. Comme Marie, cependant, nous allons « retenir tous ces évènements dans notre cœur » et nous les méditerons. C’est-à-dire que nous allons volontairement les placer dans la lumière offerte par la présence de l’enfant-Dieu. Comme les bergers, sans cesse, nous allons revenir à la crèche pour nous guérir de notre doute, s’il le fallait, et pour nous laisser remettre toujours en chemin. Nous allons écouter le chant des anges qui convoque les hommes et les femmes de bonne volonté. Nous allons nous mettre au service de la grâce. Et surtout, avec eux, avec Marie, nous n’omettrons pas de rendre grâce, de remercier. Peut-être trouvez-vous cela incongru de dire merci ou n’y trouvez-vous pas de motif après ces derniers mois ? Alors passez lentement et humblement en revue tout ce qui a néanmoins pu être vécu comme générosité et partage entre vous, dans vos immeubles, vos familles notamment dans les semaines de confinement ; ce qui a été vécu dans la communion de prière, dans l’attention à l’autre ou encore dans l’appétit insatisfait de l’eucharistie. Car l’eucharistie précisément, que nous ayons pu la vivre ensemble ou par retransmissions, que nous ayons été en communion avec elle par une prière familiale, que nous ayons été nourris de son pain ou non parfois, cette eucharistie sans cesse nous a protégés de l’oubli de l’action de grâce. Tel un vaccin, elle a fonctionné comme antidote pour nous maintenir dans la louange. Elle nous a maintenu dans l’offrande de nous-mêmes pour demeurer en communion avec le Christ, faisant de nous ses « cohéritiers », comme le rappelait Paul.


Au début de cette année nouvelle, nous revenons donc à l’enfant de la crèche. Il est notre paix, la paix de notre cœur, comme l’exprime saint Bernard dans un sermon pour l’Épiphanie : « Voici que la paix n’est plus promise mais envoyée, non plus remise à plus tard mais donnée, non plus prophétisée mais proposée. C’est comme un couffin plein de sa miséricorde que Dieu le Père a envoyé sur la terre ; oui, dis-je, un couffin que la Passion devra déchirer pour laisser se répandre ce qu’il contient : notre paix ; un couffin, peut-être petit, mais rempli. Un petit enfant nous a été donné, mais en lui habite toute la plénitude de la divinité. » Ce sont là des réserves suffisantes pour tenir une nouvelle année et bien plus encore. 


AMEN. 


Michel STEINMETZ 


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