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mercredi 30 décembre 2020

Homélie pour les premières vêpres de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, en action de grâce pour l'année écoulée - 31 décembre 2020

« Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sujet de la Loi juive pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi et pour faire de nous des fils. » (Ga 4, 4-5)


Il est de coutume de se lancer, en ces derniers jours de l’année, dans des rétrospectives diverses. D’une certaine manière, cette célébration est l’occasion pour nous aussi de confier au Seigneur ce que fut cette année, pour nous, nos familles, nos communautés religieuses et paroissiales, notre monde.


Sans l’ombre d’un doute, tous nous nous accordons à reconnaître qu’elle fut aussi atypique qu’elle sera historique. D’aucuns n’ont pas manqué à la comparer à ce que fut jadis 1348 avec l’apparition de la grande peste qui décima inéluctablement l’Europe. Sans doute nos sociétés, pourtant si technologisées, avaient-elles mûri le rêve – le fantasme ? – de plus être confrontées à de tels fléaux dignes de temps révolus, ou tout du moins de savoir y faire face à la hauteur du progrès qui est le nôtre. Nous le savons : il n’en a rien été. Et le rêve s’est évanoui. Ce que nous avions oublié des crises du monde, qui viennent défier le cours du temps et la banalité d’une existence tranquille, nous rattrapent à grande vitesse. Un virus bouleverse nos existences.


Si nous ne pouvons résumer l’année qui s’achève à la Covid-19, nous ne pouvons ne pas prier pour celles et ceux qui en ont été affectés d’une manière ou d’une autre : celles et ceux qui en sont morts, souvent dans des conditions particulièrement inhumaines, privés du secours des sacrements et de la présence apaisante des leurs ; les familles qui n’ont pu vivre un deuil serein ; les personnes fragiles dont l’isolement n’a cessé de croître et de faire des ravages ; les travailleurs impactés dans leurs conditions de vie et tombant souvent dans une précarité nouvelle. Nous en avons fait le constat avec notre Equipe Saint-Vincent. Ce sont donc autant de visages, de souffrances et d’angoisses que nous présentons au Seigneur. 


Pourtant, en ces temps qui ne cessent de s’accomplir, comme le rappelait l’apôtre Paul, nous savons que l’enfantement du Verbe de vie ne cesse de se produire avec toutes les douleurs d’un enfantement. Les chrétiens en effet ont l’audace de croire qu’il ne s’agit pas là d’une déchéance du monde, mais que, de crises en crises, de discernements en discernements, de purifications et purifications, le temps de Dieu ne cesse de se dilater pour englober en lui le temps des hommes. De cette transformation, Dieu nous rend acteurs et participants. 


Alors que le monde termine une année, au milieu de lamentations ou de suppliques, la liturgie de l’Eglise, dans sa grande sagesse, nous fait vivre ce soir autre chose. Nous chantons les premières vêpres de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, fête qui est aussi l’octave de Noël. Ainsi, nous ne faisons pas que clôturer douze mois comme on fermerait un livre en étant arrivés à la dernière de ses pages, nous nous projetons plutôt dans ce qui vient et ce qui est devant nous. Nous le faisons avec toute la force de l’espérance et de la grâce de Dieu. Nous contemplons ce Fils que Marie offre au monde comme Sauveur. Nous savons que c’est avec lui qui nous écrirons les semaines et les mois à venir. Nous avons l’assurance que le mystère de Dieu manifesté à Noël et rendu si proche et accessible ne cessera pas aux douze coups de minuit. 


Voilà pourquoi, ce soir, baignés de cette espérance, nous pouvons supplier le Seigneur de faire germer ce que nous lui avons offert comme plants d’amour, de générosité, de compassion, de pardon, de souffrance et d’abandons. Il les fera dorer comme dorent les moissons.


AMEN.


Michel STEINMETZ †



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