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vendredi 11 décembre 2020

Homélie pour le 3ème dimanche de l'Avent (B) - 13 décembre 2020

« Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance » (1 Th 5,16-18). Cette parole, nous la recevons sans doute avec étonnement, comme elle le fut dans la communauté des Thessaloniciens. Peut-on toujours être dans la joie ? Peut-on prier sans relâche ? Peut-on rendre grâce en toute circonstance, comme si les événements qui marquent l’existence humaine étaient tous bénéfiques ? Il est vrai qu’en ces temps une certaine lassitude peut nous gagner, devant une vie profondément hantée par le virus, par les confinements successifs, les peurs, les interrogations et les mesures liberticides. Nous sommes atteints jusque dans notre réalité de chrétiens quand il s’agit de pouvoir nous retrouver. Nous sommes ébranlés jusque dans notre foi alors que la joie peine à pouvoir s’exprimer. Pourtant les paroles de l’apôtre résonnent comme une parole de Dieu pour nous. Et sans doute n’était-il pas plus facile pour les chrétiens de Thessalonique que pour nous d’être dans la joie. Pour être disciple de Jésus et pour mettre en pratique l’invitation de saint Paul, faut-il anesthésié la situation. Nous ne le pouvons pas. Faut-il devenir comme insensible à tout ce qui survient ? Ce serait dangereux pour notre âme. Faut-il fermer les yeux sur ce qui arrive, les garder perpétuellement fixés vers le ciel, au risque de trébucher sur les embûches du chemin ? Cette attitude d’action de grâce permanente, de joie perpétuelle, de prière incessante, est-elle compatible avec une existence normale ? Ou bien, prenons-nous cela comme une exhortation pour calmer un peu la mauvaise humeur mais sans y accorder vraiment d’importance ?


Prier sans relâche, cela veut dire que nous nous tenons constamment dans la présence de Dieu, évidemment pas toujours de façon consciente et active, mais de façon permanente. Cette permanence s’exprime à travers la régularité de notre prière et la manière dont nous faisons de notre existence une prière. Ainsi ne s’agit-il pas de caler dans un emploi du temps toujours surchargé du temps pour Dieu. Mais il s’agit bien plus d’associer Dieu à tout ce que nous vivons. Allez-vous rencontrer telle personne ? Demandez à Dieu de vous accompagner. Marchez-vous dans la rue ? Plutôt que de dévisager tel ou tel, confiez-le à Dieu. Croisez-vous une ambulance ? Suppliez Dieu d’aider celui ou celle qui est soigné et ceux qui prodiguent les soins. Nous avançons ainsi sous le regard de Dieu, et ce regard de Dieu nous fait partager la lumière que Dieu projette sur les événements du monde, nous permettant, pour poursuivre le raisonnement de saint Paul, de discerner la valeur de toute chose. Car en toute chose de ce monde sont mêlés le bien et le mal, l’espérance et la souffrance. En toute chose de ce monde sont mêlés des sentiments contraires qui habitent tour à tour notre cœur. 


Être chrétien, ce n’est pas fermer les yeux sur l’ambiguïté de cette expérience humaine, et faire comme si de rien n’était. Être chrétien, c’est discerner, c’est-à-dire, à la lumière de la parole de Dieu, essayer d’identifier, de repérer, ce qui est bon pour le garder et le faire fructifier, essayer de repérer ce qui est mal pour s’en éloigner. C’est au prix de cette lumière de la foi que nous nourrissons par la prière constante que nous pouvons vivre dans l’action de grâce car à ce moment-là, ce n’est pas simplement l’effet immédiat des événements qui marque notre vie, c’est la manière dont il participe, d’une façon mystérieuse, à l’accomplissement du dessein de Dieu à travers l’histoire des hommes. Certes, certains de ces événements peuvent être pour nous gênants, douloureux ou difficiles à vivre, mais à travers eux, Dieu construit quelque chose qui va progressivement accomplir son œuvre. C’est pourquoi, même si nous souffrons de quelques désagréments ou de véritables souffrances, nous sommes encore invités à rendre grâce car nous comprenons qu’à travers ce chemin difficile, Dieu est en train de tracer une route à travers le désert. Redresser le chemin du Seigneur, c’est une œuvre quotidienne, et nous le faisons sans édulcorer notre existence, sans noircir aussi le tableau, mais en replaçant toutes choses sur le chemin que Dieu prépare pour nous.  


AMEN.

Michel STEINMETZ †  


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