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samedi 21 décembre 2013

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent (C) - 22 décembre 2013

La situation de Joseph est bien étrange. Le voilà promis en mariage, fiancé, à Marie. Mais la jeune fille se trouve enceinte sans qu’il y soit pour quelque chose. Double dépossession qu’il lui faut vivre. Le projet du mariage semble vaciller ; l’enfant que porte sa fiancée n’est pas de lui. Un autre se sentirait doublement trahi. Mais, lui, l’homme du silence, de la discrétion et de la prière affronte tout cela avec courage. Il lui semble plus juste de s’effacer et de renoncer au bonheur qu’il avait entrevu. Par dépit, par jalousie, par colère ? Rien de tout cela. Par respect.

Voilà qu’il découvre aussi le signe envoyé par Dieu. Un autre y serait resté étranger, hermétique. Parce qu’il est pétri des saintes Ecritures, il se rappelle dans sa prière les paroles que nous entendions dans la première lecture : le signe annoncé par Isaïe sept siècles plus tôt, le signe auquel on reconnaîtrait le Sauveur. « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » Il discerne le signe parce que son cœur est ouvert à la promesse. S’il en restait à la manière du monde de regarder et de juger, jamais il n’aurait entendu l’ange du Seigneur parler à sa conscience et à son âme : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ». Ce signe est hors du commun, il doit sortir de l’ordinaire et déborder du cours habituel des choses. Si Marie n’était pas vierge, il n’y aurait pas de signe. S’il s’agissait d’une femme qui enfante comme toutes les autres, il n’y aurait pas de signe. L’humanité ne peut pas se donner à elle-même son salut. Certes elle doit lutter de toutes ses forces pour maîtriser le monde, connaître et dominer les puissances qui l’écrasent mais quels que soient ses performances et ses progrès, rien ni personne ne peut ni ne pourra jamais libérer l’homme de sa prison : son péché. Même avec beaucoup de bonne volonté et de science, nous ne pouvons nous accomplir en plénitude par nos propres ressources. Le rêve humain du communisme a fini dans le goulag et s’est effondré. La société de consommation jette ses enfants dans l’égoïsme et le subjectivisme. Elle croulera. De même que Joseph accepta Marie qui lui offrait un fils dont il n’était pas le géniteur, ainsi nous avons à accueillir l’Eglise qui nous offre le Sauveur que Dieu a placé en son sein. Car Jésus est bien devenu l’Emmanuel. Et depuis lors, jusqu’à aujourd’hui, les chrétiens se rendent « à l’église » afin de recevoir, dans l’Eucharistie, « le Fils » qu’elle leur présente, Vie qu’ils ne se donnent pas mais qui les libère et les comble de paix. Ainsi donc la promesse continue à se réaliser en ceux qui l’acceptent dans la foi. L’eucharistie est « le signe de Dieu ».

Vous aurez remarqué qu’on ne parle pas d’un signe parmi d’autres, mais bien « du » signe. Voilà pourquoi Isaïe n’a pas dit tout bonnement : « Voici qu’une jeune femme est enceinte », mais bien « Voici que la jeune femme est enceinte ». Il s’agit d’une jeune femme unique. Et saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople au tout début du Ve siècle, fait remarquer que cette précision se retrouve à bien d’autres endroits de l’évangile. Quand les Juifs envoyèrent demander à Jean : « Qui es-tu ? », ils ne disaient pas : « Es-tu Christ ? » (c’est-à-dire un envoyé de Dieu parmi d’autres), mais : « Es-tu le Christ ? ». Ils ne disaient pas non plus : « Es-tu un prophète ? », mais : « Es-tu le prophète ? » (Jn 1, 21). Dimanche dernier, quand Jean Baptiste envoie ces émissaires auprès de Jésus, ils l’interrogent : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». C’est aussi pour cela que l’évangile de Jean, celui que nous entendrons au matin de Noël, ne dit : « Au commencement était un Verbe », mais bien : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu » (Jn 1, 1).

Joseph, apparemment doublement dépossédé, est donc doublement comblé, comblé au-delà de tous les désirs de ses projets humains. Certes, l’enfant n’est pas de lui ; aux yeux du monde, pourtant, il le sera. Grande sera pour lui la mission de veiller en fait sur le Fils de Dieu. Que saint Joseph nous obtienne d’être aussi pétri de Bible que lui pour que ses paroles de promesses ne cessent de résonner en notre cœur pour que nous accueillions le signe de Dieu : Jésus son Christ.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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