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samedi 28 décembre 2013

Homélie de la fête de la Sainte-Famille (A) - 29 décembre 2013

« Vraiment tu es un Dieu caché, Dieu parmi les hommes, Jésus Sauveur ! »

La fête de la sainte Famille nous invite aujourd’hui à considérer un Dieu qui se manifeste pour mieux se cacher. La venue tant désirée du Messie ne correspond nullement à l’entrée en scène prévue pour un tel héros. Imaginez-vous réalisateur de cinéma, auriez-vous fait entrer le Sauveur de cette manière ? Nous préférons les entrées en matière fortes, Dieu, lui, préfère les catimini, voire les incognitos. Car Dieu ne joue pas avec les humains, il devient humain.

Dieu ne devient pas homme en prenant un autre chemin que le nôtre. Ce chemin passe par une naissance et une croissance dans une famille, un peuple, une culture, une tradition religieuse. Dieu naît et assume toutes nos déterminations comme notre capacité à vivre la liberté car il n’a pas revêtu notre humanité comme on revêt un vêtement. Il ne joue pas à faire semblant. Il est né comme être humain.

Ainsi, notre Dieu, l’enfant de Bethléem, nous apprend une première chose essentielle. Nous nous prenons plus souvent pour des anges que pour des humains. Dieu, lui, qui a créé et les anges et les humains, a voulu devenir humain à part entière. Nous aussi, nous sommes sans cesse ramenés à notre humanité qu’il nous faut assumer et vivre avec toute la force de notre liberté et de notre consentement. Dieu ne s’est pas rêvé être humain, il l’est devenu, comme un enfant le devient dès sa naissance. N’idéalisons pas notre corps, notre affectivité, notre intelligence, notre humanité, mais vivons vraiment ces dimensions qui nous constituent et, à l’image du Dieu qui s’est fait homme, vivons-les comme des dimensions de salut et de délivrance. Car, désormais, le salut passe par toutes les fibres de mon humanité. Comment pourrais-je d’ailleurs être sauvé si je ne suis pas d’abord réconcilié avec moi-même ? Mon humanité est le seul chemin que Dieu a voulu emprunter pour me rejoindre. Si je le cherche ailleurs, je risque de ne jamais le rencontrer... Dans de récents débats, débats qui ne cessent d’être relancés, notre société se met à rêver et à désirer une humanité inhumaine. On pourrait se passer de naître et de mourir, on pourrait choisir son sexe. La fête de la Sainte-Famille nous rappelle aujourd’hui que Dieu lui-même se plie aux lois de la nature.

L’humanité de notre Dieu est aussi un chemin de croissance. Naître, c’est grandir. Dieu a voulu également grandir. Saint Luc nous le dit : « Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Grandir exige une qualité qui me semble si difficile à cultiver : la patience. Dans l’évangile de Marc, immédiatement après avoir dit que la vraie famille du Christ est formée de celui ou celle qui fait la volonté de Dieu, l’évangéliste poursuit par les paraboles du Royaume qui décrivent l’action lente et patiente de la parole de Dieu. Faire la volonté de Dieu, c’est en fait essentiellement la laisser croître dans nos vies, patiemment.

Être humain, c’est grandir ou mieux encore se laisser grandir patiemment. C’est donc aussi prendre le risque que tout ne se passe pas comme je le veux. C’est surtout reconnaître qu’on ne grandit vraiment que par la présence secrète et mystérieuse de proches qui nous font le don magnifique de la patience. Offrir sa patience à l’autre, c’est le respecter avec délicatesse et douceur. Offrir sa patience à l’autre, un conjoint, un parent, un ami, c’est le laisser grandir en lui offrant le temps de sa germination. Combien ne savent plus offrir le temps et la patience aux autres, même à ceux qu’ils aiment !

Nous cherchons Dieu si souvent ailleurs alors qu’il demeure en nous. Patience, nous dit Dieu, qui cherche trouve ! Chers jeunes qui participez aux journées européennes de Taizé, vous désirez vivre un pèlerinage de confiance. La confiance de Dieu pour nous réelle, elle est même patiente. Offrez-lui en retour votre patience et votre confiance !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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