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mardi 24 décembre 2013

Homélie de la messe du jour de la Nativité du Seigneur - 25 décembre 2013

 Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. C’est là une des affirmations centrales des premiers versets de l’évangile de Jean. Dans ce grand tableau d’exposition de son évangile, vision à la fois théologique et contemplative, l’apôtre nous introduit au mystère de Dieu. Car il y là bien plus que notre entendement ne peut comprendre ou même imaginer. Dieu, dans le passé, a parlé « sous des formes fragmentaires et variées » (He 1, 1), mais voilà qu’aujourd’hui Dieu se montre pleinement en son Fils. Quel contraste me direz-vous ! Contraste entre l’évangile de cette nuit qui nous relatait l’annonce aux bergers et plantait le décor de l’étable de Bethléem ; contraste entre le petit et frêle Enfant de la crèche et le Verbe « plein de grâce et de vérité » (Jn 1,15), « reflet resplendissant de la gloire du Père » (He 1, 3). Pourtant il s’agit du même Dieu qui s’expose en son Fils et vient à notre rencontre. Il vient habiter parmi nous, ou d’après une autre traduction qui nous est tout autant familière, il vient demeurer parmi nous. J’aimerais retenir deux sens à ce mot qui vaudront pour nous de leçons de Noël.

Demeurer, c’est bien habiter. A Noël, le messager qui annonce la paix, pour reprendre les mots d’Isaïe (Is 52, 7), nous dit que Dieu vient faire sa demeure parmi les hommes. A tous ceux qui le recevront, il donnera « de pouvoir devenir enfants de Dieu ». De quelle réception s’agit-il ? Il ne suffit pas d’en rester à professer que, c’est vrai, Dieu s’est fait homme il y a plus de deux mille ans. Nous passerions à côté de l’essentiel. Dieu ne cesse de rendre l’humanité plus divine. C’est justement parce que Jésus est vrai Dieu et vrai homme que nous pouvons – devons – devenir semblables à lui. Dès lors quand il s’agit pour nous de l’accueillir, il faut lui faire de la place dans notre demeure intérieure. Dieu ne se contente pas d’une pièce, ou même de deux mètres carrés comme les jeunes de Taizé que nous accueillerons dans les prochains jours ! Dieu souhaite tout partager avec nous, y compris les endroits sombres et obscurs, ceux desquels nous fermons toujours soigneusement les portes en guise de cache-misère. La lumière venue dans le monde a pour ambition de briller jusque dans nos ténèbres. La lumière de Dieu cependant n’est pas comparable à celle d’une médiatisation de nos pauvretés qui viendrait nous jeter dans la honte. Elle vient baigner de sa lumière pour nous rendre resplendissants de la vie de Dieu en nous. Ainsi, aujourd’hui, il nous faut nous interroger sur la place que nous sommes prêts à faire à Dieu.

Demeurer, c’est aussi persévérer. Quand dans l’évangile de Jean, l’apôtre emploie ce terme « demeurer », il le fait au sens d’une volonté délibérée et persévérante. Dieu demeure, c’est-à-dire il persévère, il ne désespère pas et garde confiance. A Noël, Dieu sait que l’humanité qu’il choisit de rencontrer de manière irréversible est loin d’être parfaite. Il décide de ne pas perdre patience et dès lors de cheminer avec nous malgré nos faiblesses et nos errements. Dieu, on pourrait le dire ainsi, ne reste pas extérieur à nous, comme s’il se situait de manière frontale ; il se range du même côté. Pour renouveler la nature humaine, il décide de le faire en la renouvelant de l’intérieur. Quelle bonne nouvelle de savoir que Dieu ne désespère pas de moi ! Et qu’en plus il se met à mes côtés pour faire briller sa vie en moi ! Aujourd’hui, il faut nous demander comment nous persévérons en Dieu, c’est-à-dire comment nous répondons à son initiative à notre encontre.

Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. Réjouissons-nous et émerveillons-nous encore de cette bonne nouvelle ! Elle n’est pas inaccessible, inatteignable, incompréhensible. La preuve : elle est aussi fragile qu’un nouveau né, couché dans une mangeoire. Ce Dieu-là n’a pas peur de la pauvreté, il ne s’en effraye pas. Maintenant, dans un moment de silence, je vous demande d’ouvrir votre cœur – généreusement et entièrement – à la présence du Christ. Ouvrez grandes les portes de votre cœur et ne craignez pas de lui en montrer tous les coins sombres, ceux dont vous avez honte et que tous ignorent. Lui saura les faire resplendir de sa grâce !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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