A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 14 décembre 2013

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent - 15 décembre 2013

« Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste », parole de Jésus. Pas de plus grand, et pourtant, Jean s’interroge, il n’est pas sûr, il envoie demander à celui qu’il a présenté à tous comme le Messie. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Il doute, il ne sait pas, il ne sait plus. C’est rassurant. C’est libérateur. Oui, le plus grand des hommes a douté. Il s’est interrogé. Il s’est demandé publiquement s’il ne s’était pas trompé. C’est libérateur parce que je vois que douter est normal, que cela peut arriver aux meilleurs, que ce chemin de l’inquiétude et de l’insécurité, cet affrontement au non-sens et à l’absurdité, n’est pas un péché mais la voie normale des humains, même des plus grands.

Jean Baptiste est en prison. Tant de choses ont changé pour lui depuis le moment – rappelez-vous l’évangile de dimanche dernier – où les foules venaient à lui au désert, où il avait baptisé Jésus et l’avait désigné comme Celui qui doit venir, l’Agneau de Dieu. Il est enfermé, il se sent à l’étroit. Cela va très mal pour lui. Mais il n’y est pour rien. Il n’a pas commis d’erreur, il ne paie pas pour une faute de parcours. Il vit sa vocation. Au cœur même de son cachot, il prépare toujours le chemin. Le chemin le plus étroit, le chemin sans issue, celui qui mène au tombeau. Il ne sait plus où donner de la tête. Il va d’ailleurs bientôt la perdre, la tête, puisqu’il finit décapité. Lui, le plus grand, il accepte de diminuer, d’être raccourci. Les jeux de mots sont plaisants, la réalité l’est moins. Pauvre Jean Baptiste, le plus grand des prophètes, le plus grand des hommes ! Il finit de façon tragique, ridicule, dérisoire. La danse d’une fillette, un monarque fasciné, une vengeance de femme aigrie, et le voilà réduit non plus seulement au silence, mais à être éliminé. Sa tête est sur un plat, pour un banquet, le jour anniversaire d’un roitelet. On lui a coupé la gorge, lui qui est la Voix ! N’est-ce pas le point culminant du mauvais goût, l’horreur absolue pour un prophète si grand ?

La noblesse de Jean est de ne pas poser la question de son propre destin. Il ne demande pas à être délivré. Il ne pense pas d’abord à lui-même. En bout de parcours, il est encore fidèle à son désir, à sa passion : la venue de l’autre, celui que le monde attend. Aucun reproche, une simple question : « es-tu celui-là qui doit venir ? » Son doute n’est pas un manque d’espérance, il porte sur ce qu’il faut espérer : espérer en toi, ou au-delà de toi ? Son doute porte sur l’écart entre ce qu’il voit et ce qu’il attend. Quelqu’un va venir ! Il n’en doute pas ! La question est de savoir si Jésus est celui-là. Ce qui fait problème, c’est la réalisation. C’est bien aussi notre question. La réponse de Jésus ne se place pas sur le plan théorique. Il ne répond pas : « oui, c’est moi. Je suis le Messie, je suis même le Fils unique de Dieu, je suis le Verbe Incarné, je suis le Sauveur du monde, je suis la deuxième personne de la Trinité, je suis … » Non ! Pas de grands mots, il invite à ouvrir l’œil et à interpréter. Il invite à vérifier soi-même, à faire l’expérience précise de ce qu’ensuite nous allons annoncer. Il s’agit de réalités très humaines, très concrètes, très physiques : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les lépreux sont purifiés. Ces signes sont ceux que, traditionnellement, la Bible attribue au Messie de Dieu ; le prophète Isaïe nous le rappelait.

Nous aussi, nous demandons à voir. Car ce qui a commencé n’est toujours pas fini ! Comme Jean Baptiste, nous subissons l’injustice, l’arbitraire, nous côtoyons l’absurde et des épreuves insensées, le poids du mal, les inerties, le refus et le mépris. Il y a toujours de quoi douter, de quoi s’interroger sur le contenu de l’espérance : elle est un doute surmonté ! Mais, à la différence de Jean Baptiste, nous savons que Celui qui doit venir est déjà venu. Pourtant, au cœur de notre attente, Jésus par sa réponse au Baptiste nous dit : voyez autour de vous ! Ne vous lassez pas de scruter, de repérer les signes ! N’allez pas têtes baissées comme des dépressifs de la foi, marchez la tête haute. C’est la condition pour voir autour de vous… et plus loin que le bout de vos chaussures ! Dieu est là.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: