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samedi 11 décembre 2021

Homélie pour le 3ème dimanche de l'Avent "Gaudete" (C) - 12 décembre 2021

En général les prophètes comme Jean Baptiste annoncent des personnes plus importantes qu’eux! Et dans l’évangile que nous venons d’entendre, la foule se demande si Jean n’est pas la personne la plus importante. Elle se méprend donc sur son identité et opère un détournement. Elle l’appelle son maître, et lui demande ce qu’elle doit faire. Mais finalement, Jean leur annonce qu’il y a encore plus grand que lui, et qu’il est là simplement pour nous conduire au Christ. C’est cela le baptême que Jean amène : annoncer en nous, qu’il y a plus grand que nous.


Cependant, la méprise première de la foule est avant tout de croire que ce qu’elle doit faire est une question simplement d’éducation. Sa méprise est de croire que si elle savait vraiment ce qu’elle devait faire, elle le ferait ! Et sur ce point, la réponse de Jean Baptiste est extraordinaire. Il dit à ceux qui se font baptiser ce qu’ils savent déjà ! Il ne leur apprend rien. Il demande aux soldats et aux collecteurs d’impôt ce qui est à leur portée, ce qui est à leur mesure.  « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. » Rien de bien extraordinaire là-dedans.  Alors, sur quoi la foule se méprend-t-elle ?  Elle pense que la source de ce qu’ils doivent faire et du changement est dans l’enseignement de Jean, et pas dans la joie qui leur est promise ; cette joie de la Bonne Nouvelle qui doit maintenant devenir le principe de leurs actions. Le discours du Baptiste n’est pas premier. Ce qui est premier c’est Celui qu’il désigne. C’est un peu comme ceux qui, dans nos paroisses, s’attachent tellement à tel ou tel prêtre ou même ne vont plus du tout à la messe lorsqu’un autre prêtre célèbre. Ou encore les personnes qui s’attachent à telle personnalité charismatique, que cette personne devient pour eux plus importante que le message qu’elle porte. C’est à se demander si le Christ, tel qu’il est annoncé ou reçu, demeure encore au cœur de l’annonce. 


Aujourd’hui, nous sommes invités à découvrir que la source de notre agir est dans la joie, et non dans le commandement. « Réjouissez vous », nous dit Paul. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ». Et le livre de Sophonie insistait déjà sur cette joie : « Le Seigneur est en toi... Il aura en toi sa joie et son allégresse ». Alors, la question « que devons-nous faire ? » ne doit plus prendre simplement sa source dans un enseignement, dans ce qui nous est demandé de faire, mais dans notre espérance et notre joie ! Attendre la venue du Christ à Noël, c’est attendre plus qu’une réponse à la question « que devons-nous faire ? »  Jean nous donne plus qu’un message de repentance et d’action. Il annonce Celui qui nous amène sa joie, qui doit devenir la source de nos actions. 


La mère de notre conduite doit être la joie, pas le commandement de ce que nous devons faire. Alors, réjouissons-nous ! Peut-être plus facile à dire qu’à faire en des temps troublés où nous aimerions nous raccrocher à des choses claires et bien établies. Ce que nous devons combattre, c’est donc cette absence de joie et ce désespoir radical, qui n’arrive pas à voir Dieu dans son lieu natal, en l’homme et en sa capacité à se transcender et à aimer ! Porter l’Evangile, ce n’est donc pas transmettre un contenu, mais permettre un relèvement, capable de transfigurer la tristesse en joie, permettre à chacun une nouvelle naissance qui conduit à l’espérance d’une joie qui ne passera pas. Noël est là pour nous faire découvrir en l’autre, dans la surprise de son être, la vraie clé de notre bonheur. Comme le dit Bernanos, le secret du bonheur, « c’est être capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre. » La joie partagée conduit à ce bonheur qui ne finit pas. 


Par conséquent, aujourd’hui nous est offert quelque chose de plus profond pour nous distinguer qu’un commandement : c’est notre joie capable de transfigurer la tristesse, une  espérance en cette joie qui ne finira pas ! C’est à cela que nous devons désormais conduire nos frères et sœurs. Frères et sœurs, avez-vous la joie de l’Evangile inscrite dans votre cœur ? Pas une joie mielleuse qui ne prend pas en compte ce que nous sommes et nos fragilités. Mais une joie à notre mesure, et qui paradoxalement dépasse tout ce que nous pouvons imaginer et traverser.


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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