Déjà, « à bien des
reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par
les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par
son Fils ». Maintenant pour répondre à l’impatience, et surtout à la
surdité et à la cécité des hommes qui n’ont su reconnaître les signes de sa
présence, Dieu décide, de manière plénière et achevée, de se donner lui-même en
son fils Jésus. La divinité rejoint l’humanité. Dieu devra s’habituer à être
homme pour nous sauver. Saint Irénée de Lyon l’a admirablement exprimé : « Oui,
c'est le Verbe de Dieu, qui a habité en l'homme, et qui s'est fait fils de
l'homme, pour habituer l'homme à recevoir Dieu, et habituer Dieu à habiter en
l'homme comme cela paraissait bon au Père. ».
Il y a donc une accoutumance
réciproque qui suppose aussi que nous nous habituions à la divinité. C’est une
chose de la réclamer, de la désirer, c’est autre chose de vivre avec !
Cette pédagogie de Dieu va agir comme une sorte de rééducation pour nous
permettre de redevenir ce que nous sommes à l’origine, non des handicapés du
péché, mais des porteurs de la grâce. « Comme un médecin fait ses preuves
auprès des malades, ainsi Dieu se manifeste aux hommes », écrit encore
Irénée. Et de poursuivre : « car nous ne pouvons être sauvés par
nous-mêmes, mais par le secours de Dieu ». L’homme reçoit la mission de
devenir « imitateur de Dieu ». Il est difficile cependant d’imiter ce
qu’on ignore. Voilà pourquoi Dieu consent à ce que le Verbe devienne chair. Sa Parole,
celle qui a créé l’univers, par un renversement inimaginable, va consentir en
prendre corps. Ce Verbe de Dieu, chanté par Jean au début de son Evangile, « s’est
fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il
tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. ». En Jésus
de Nazareth, aujourd’hui petit-enfant de la crèche, mais déjà rayonnant de la
gloire de Père, nous permet à sa fréquentation de redevenir ce que nous sommes.
Que sommes-nous donc ?,
me direz-vous. Et qu’avez-vous à redevenir ? Ces femmes et ces hommes qui,
déjà, se savent fondamentalement aimés de Dieu et accueillis de lui. Nul n’est
rejeté. Chacune et chacun a sa place auprès de lui. Il est vrai que nos
existences, nos fragilités, les blessures de la vie peuvent nous entraîner à
déformer ce que nous sommes en réalité : des personnes bonnes et capables
du bien. Dieu ne souffre pas que nous restions enfermés avec de telles
séquelles. Alors « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir
devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du
sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés
de Dieu. ».
Resterez-vous avec vos
impatiences ou consentirez-vous à voir comment Dieu, en sa patience, y répond ?
Accepterez-vous de vous habituer à lui, comme il l’a fait pour vous ? Vous
êtes des enfants de Dieu, c’est l’image que vous renvoie l’enfant de la crèche.
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