Le premier écho nous vient en fait de très loin. Aux premiers temps de la Création, la Parole de Dieu est lancée : elle va structurer le chaos pour en faire le cosmos. En séparant les éléments – le jour et la nuit, la terre et la mer…-, elle va organiser la création au point que Dieu lui-même reconnaîtra que tout cela « bon ». En faisant alliance avec un peuple, en le mettant en marche avec Abraham, en le délivrant de l’oppression avec Moïse, cette Parole se révélait une fois encore efficace et libératrice. Et avec elle se transmettait comme un écho la promesse qu’adviendrait le jour où Dieu, enfin, enverrait Celui qui serait la paix définitive « au jour où enfantera celle qui doit enfanter ».
Cette promesse est gravée au plus profond du cœur d’Israël, comme une espérance prête à sourdre. Les prophètes n’ont cessé d’annoncer l’imminence du jour de Dieu ; en ce temps de l’Avent, nous avons pour une part réétendu leurs appels. Cette prédication s’est comme cristallisée avec celle du Baptiste criant l’imminence du Règne de Dieu et l’urgence de la conversion. Mais déjà auparavant deux femmes, en parenté, Marie et Elisabeth avaient compris avec l’intelligence de leur foi que les temps étaient mûrs pour la moisson. Dieu, par elles et avec elles, était en train de préparer quelque chose qui les dépassait de loin. Chacune devait alors méditer, prier, essayer de comprendre sans le pouvoir. Marie, en chemin, sent que cette Parole la travaille de l’intérieur et qu’elle ne cesse de prendre corps. Elle avait d’ailleurs répondu à l’ange-messager : « Que tout se passe pour moi selon ta parole ». Grâce à elle la prophétie de Michée allait s’accomplir.
Quand Marie arrive à bon port, elle salue sa cousine Elisabeth. Nous ne savons pas en quels termes, car Luc ne les mentionne pas, mais ces paroles produisent quelque chose en elle car l’enfant qu’elle porte tressaille alors. C’ets un peu comme si la parole de Marie avait trouvé écho en Elisabeth et qu’Elisabeth avait dû attendre cet écho pour pouvoir s’exprimer à son tour. Ou plutôt c’est comme si la parole lancée au-dedans de Marie par le Seul qui puisse bénir, car Il est lui-même bénédiction, avait commencé par rebondir en Marie pour ricocher en direction d’Elisabeth et jusqu’en ses entrailles. Alors la réponse devient possible. La bénédiction dans la bouche d’Elisabeth s’adressant à Marie « bénie es-tu entre toutes les femmes » est une bénédiction toute célèbre que le judaïsme répétait et répète encore chaque année en souvenir de celle que le peuple hébreu adressa à Judith, cette femme qui, seule, là où les armées d’Israël avaient échoué, sauva tout son peuple d’un anéantissement certain. Voilà qui est Marie, explique Luc à ses auditeurs. Et voilà encore comment la Parole de Dieu ne cesse de résonner en produisant son fruit.
Frères et sœurs, demandons-nous comment la parole de Dieu fait écho en nous ? Car pour l’accueillir, et ce temps de l’Avent a voulu et veut encore à nous y préparer, il nous faut la lancer rebondir et ricocher. Et sans doute, comme en montagne à l’écoute de l’écho, nous arrêter un instant au moins pour l’entendre et nous émerveiller. Nous arrêter ? est-ce seulement possible en ce temps de préparatif à Noël ? Oui, si vous le décidez.
AMEN.
Michel STEINMETZ †
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