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jeudi 23 décembre 2021

Homélie pour la fête de la Sainte Famille (C ) 26 décembre 2021

Quand le Fils de Dieu vient prendre chair de notre nature humaine, il ne le fait pas à moitié. Il ne la survole pas, il n’en retient pas seulement les aspects les plus reluisants. Aujourd’hui nous retrouvons l’enfant, laissé hier dans la mangeoire avec ses vagissements de nouveau-né, devenu adolescent. Comme un véritable adolescent, il n’est guère soucieux de ses actes : peu importe si ses parents s’angoissent devant sa disparition. Comme tout adolescent, il ne connaît guère de limites : il converse d’égal à égal avec les docteurs de la Loi dans le Temple. Comme un adolescent frondeur, il se montre taquin devant l’angoisse de ses parents : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? ». Jésus, l’Emmanuel, Dien-avec-nous, ne fait pas semblant de partager notre humanité, il l’assume dans toutes ses dimensions, y compris celles délicates – et c’est un euphémisme – de l’adolescence. Le récit que nous venons d’entendre nous présente à la fois une manifestation du mystère de Jésus et l’incompréhension de ses plus proches.

 

Manifestation, tout d’abord. Que cette famille se soit rendue à Jérusalem pour la Pâque, rien d’étonnant. Que cela ait duré huit jours, rien d’étonnant non plus : les deux fêtes réunies de la Pâque et des Azymes qui n’en faisaient déjà plus qu’une duraient effectivement huit jours. Mais c’est la suite qui est étonnante : le jeune garçon reste au Temple sans se soucier, apparemment, de prévenir ses parents ; eux quittent Jérusalem avec tout le groupe, comme chaque année, sans vérifier qu’il est bien du voyage. Cette séparation durera trois jours, chiffre que Luc précise, bien sûr, intentionnellement. Cette indication laisse esquisser qu’un mystère se dévoile à nos yeux, comme à ceux de Marie et de Joseph. Jonas resta jadis prisonnier du monstre marin durant trois jours avant de réapparaître et il en sera de même pour le Christ avant que ne resplendisse ce que Dieu son Père a fait pour lui en le réveillant de la mort. D’ailleurs, ici, dans l’évangile du Luc, la première parole de Jésus, avant même qu’il ne commence son ministère public, et comme ce sera le cas pour sa dernière parole, est pour nommer son Père. Voilà la clé de notre compréhension : le Père. Jésus révèle ici le lien intime qui l’unit à Dieu. A douze ans, il ne peut maîtriser la sagesse des anciens, il ne peut prétendre ni à leur expérience ni à leur expertise de la Loi. Même doté d’un don hors du commun, il fait preuve d’une intelligence qui dépasse l’entendement. Assis sur le parvis, là où se tiennent les docteurs de la Loi et là où il enseignera lui-même plus tard il converse avec ces spécialistes d’égal à égal, et plus encore : ceux-là « s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses ». Il n’est nullement précoce ; la Loi sur laquelle il disserte avec aisance et assurance n’est pas une parole extérieure pour lui et qu’il aurait apprise. Elle lui est intime. La Parole de Dieu, c’est sa Parole ! Il est le Verbe de toute éternité, Parole de Dieu désormais faite chair.

 

Incompréhension, ensuite. L’évangile nous suggère que Marie, elle-même, ne comprend pas tout, tout de suite : elle retient tout et s’interroge, et elle cherche à comprendre. « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. » Après la visite des bergers à la grotte de Bethléem, nous lisions déjà : « Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). Luc nous donne là un exemple à suivre : accepter de ne pas tout comprendre tout de suite, mais laisser se creuser en nous la méditation.

 

La dernière phrase du récit de Luc donne à réfléchir : « Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes.» Cela veut dire que Jésus lui-même, comme tous les enfants du monde, a besoin de grandir ! Le mystère de l’Incarnation va jusque-là : ce qui signifie d’une part que Jésus est complètement homme, et d’autre part que Dieu a la patience de nos maturations : pour lui, mille ans sont comme un jour. (Ps 89/90). Contempler Jésus au Temple, c’est paradoxalement contempler les profondeurs de l’âme, même adolescente, que Dieu vient remplir de sa présence, et nous rappeler que toute vie, vie humaine et spirituelle, est toujours une croissance. Mais Jésus ne fait rien dans l’éloignement par rapport à son Père. C’est là la clé pour notre propre croissance dans l’Esprit.


AMEN

                                                                                                          

 Michel Steinmetz

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