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vendredi 8 octobre 2021

Homélie pour le 28ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 10 octobre 2021

« J’ai prié, et le discernement m’a été donné », disait l’auteur du Livre de la Sagesse. Je ne sais si nous n’avons pas assez prié, mais, de tout évidence, nous avons gravement manqué de discernement. Cela est apparu alors que nous le pressentions. Cette carence est apparue comme plus effroyable encore, car doublée d’un silence pesant, complice et criminel. Nous devons désormais regarder cette réalité en face, sans nous y accommoder, sans la minimiser, sans l’excuser. Elle est intolérable. Mais, passée la stupéfaction du constant, nous ne pourrons en rester là, au risque de nous rendre doublement complices, car nul d’entre nous ne pourra plus dire désormais : je ne savais pas. Ce mal endémique, systémique, il faut le combattre, pour que non seulement notre Eglise redevienne une « maison sûre » mais aussi crédible en sa parole et en ses actes. 
Cela engage en effet chacune et chacun d’entre nous. Le rapport de la CIASE a bien évidemment mis en lumière les crimes de prêtres et de religieux. Pourtant, c’est tout le corps ecclésial qui est touché, à la fois atteint et concerné. Peut-être avons-nous préféré « les trônes et les sceptres », entendus comme espaces de pouvoir, plutôt que la « richesse » de la sagesse, celle qui fait demeurer humble donc lucide. Peut-être avons-nous survalorisé les prêtres et leur rôle, les mettant sur des piédestaux indéboulonnables de « saints prêtres », plutôt que de considérer leur ministère essentiel dans nos communautés sans pour autant en faire des surhommes ? Il est temps désormais de retrouver une nouvelle richesse, celle de cœurs qui écoutent, non celle de donneurs de leçons mais de compagnons d’humanité, temps « d’apprendre la vraie mesure de nos jours ». 


Au cœur de ce travail, seule la Parole vivante de Dieu pourra nous guider. Car il faudra abandonner les rivages dessinés par une époque et les certitudes qu’on pensait éternelles. Il faudra risquer de nouvelles formes de vie en Eglise et de nouvelles manières d’envisager le ministère. Au cœur de ce grand chambardement, qui est celui d’une conversion profonde et urgente, la Parole de Dieu sera notre boussole, « énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ». Dans un corps qui se gangrène, la chirurgie devient inéluctable si l’on veut garder la vie, alors cette Parole, tel un bistouri, ira « jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles », « en jugeant des intentions et des pensées du cœur. » Nous ne pourrons pas dédouaner, même si cela fait mal. Et l’auteur de la Lettre aux Hébreux de poursuivre nous l’entendions : « Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. ». Quand les circonstances de la vie sont plaisantes, on en vient sans doute à ne plus considérer l’action de Dieu. Quand par contre les conditions sont difficiles, et qu’il semble que nous n’avons plus de prise, alors nous discernons combien Dieu conduit les choses. Il le fait par une Parole qui sauve. 


Si nous restons là, stupéfaits peut-être ou révoltés, comme l’homme de l’évangile, à demander : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? », Jésus nous rappelle le bon sens des commandements, de ces garde-fous que sa Parole nous donne, pour ne pas aller à notre perte. Mais comme à son interlocuteur, rempli de bonne foi, comme nous sans doute : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse », Jésus pose son regard sur nous et nous aime. Frères et sœurs, je ne sais si Dieu a été en colère cette semaine, mais je ne doute pas que son amour nous reste donné pour peu que nous acceptions qu’il nous transforme. Jésus appelle à aller plus loin encore : à avoir un trésor dans le ciel en donnant à ceux qui n’ont rien. L’homme de l’évangile part tout triste en sachant qu’il rate quelque chose. Nous, ne rebroussons pas chemin, nous le regretterions !


L’Eglise du Christ mérite bien plus que ce que nous en avons fait. Elle est plus grande et plus sainte que les crimes infâmes. A nous de la réparer, cette Eglise toujours à réformer, selon le mot même de saint Augustin. L’heure de la réforme a sonné. A nous désormais de ne pas nous dérober.   


AMEN.


Michel STEINMETZ †

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