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vendredi 22 octobre 2021

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 24 octobre 2021

Certains sont prompts à trouver toutes les bonnes excuses pour se rester loin de Jésus. Avouons que nous avons chacune et chacun les nôtres. Je n’ai guère de temps à consacrer à la prière ; je me sens loin de l’Eglise et en décalage avec elle ; ce qu’on dit des institutions ecclésiales me dégoûte ; l’Evangile est un idéal inaccessible ; Jésus ne peut rien faire pour moi, etc… Assurément l’aveugle de l’évangile a, lui aussi, des excuses imparables. Il est non seulement non-voyant, mais aussi mendiant. La foule nombreuse l’empêche d’aller vers le Christ, d’autant plus qu’il est assis au bord du chemin en train de quémander. Pourtant, lui, va faire fonctionner ce qui fonctionne chez lui. Son ouïe tout d’abord car elle lui permet de comprendre que cet attroupement est provoqué par la présence de Jésus. Sa parole, ensuite, pour crier et ses jambes pour répondre à l’invitation de Jésus.  


L’aveugle ne connaît pas Jésus. Il ne l’a probablement jamais rencontré ; sa seule connaissance se limite à ce qu’on dit de lui, à sa réputation grandissante. Marc prend le soin de préciser que Bartimée était un mendiant. Il serait d’ailleurs parfaitement autorisé de traduire ici : « Bartimée, le fils de Timée, assis au bord de la route, en train de mendier ». L’attitude de cet homme rejoint sa disposition intérieure : ainsi, lance-t-il vers Jésus une vibrante prière, la prière du pauvre, du pécheur, de celui qui sait qu’il ne peut rien et qui attend tout de Jésus. « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ». La foule veut faire taire l’aveugle, comme si son handicap visuel ne suffisait pas, comme s’il fallait, en plus, lui retirer sa faculté de parole. Lui, au contraire, crie de plus belle. Il n’a rien à perdre. 


Remarquons bien que la réponse de Jésus à Bartimée est d’abord un appel. « Appelez-le », dit Jésus. Ceux-là mêmes qui interpellaient l’aveugle pour le faire taire, ou du moins certains parmi eux, l’exhorte alors à la confiance. « Confiance, lève-toi : il t’appelle ». Quand Jésus appelle, il relève ; d’assis au bord de la route pour mendier, Bartimée se met debout pour aller vers le Seigneur. Poursuivons. L’aveugle jette son manteau, il se dessaisit de ce qui pourrait l’entraver, et symboliquement il se dessaisit de l’habit du mendiant car il sait au fond de lui que, déjà, il a été exaucé. Il bondit alors et court vers Jésus, lui le non-voyant !


Jésus, marchant vers Jérusalem, réalise la prophétie de Jérémie ; le prophète précise que, dans ce cortège, se trouvent des aveugles : « je les dirige par un chemin où ils ne trébucheront pas ! », dit le Seigneur. Jésus pose le geste de la délivrance. Bartimée, l’aveugle guéri, suivra la troupe dans sa montée vers la Ville sainte. On ne comprend alors, et que mieux encore, l’exclamation de Bartimée, toute empreinte de messianisme : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Le Christ, en le guérissant, se révèle comme l’espérance du peuple, comme la concrétisation des promesses divines.

Jésus, seulement après avoir fait appeler et venir à lui Bartimée, lui demande ce qu’il désire. Alors, ne posant aucun geste et sans aucune parole de guérison, il lui dit que sa foi l’a sauvé. C’est parce que Bartimée a cru, qu’il a vu avec les yeux de la foi, qu’il lui est donné de voir maintenant avec les yeux du corps. 


Avant même que Jésus ne prononce les paroles qui lui ont rendu la vue, Bartimée se sent reconnu et déjà aimé, lui que l’on voulait faire taire. Cette jubilation, cette joie, cette action de grâce sont le signe de la présence du Sauveur au sein de son peuple. En ces jours, la joie est difficile, aride et ternie. L’Eglise souffre. Par-delà pourtant l’inacceptable, le Christ nous invite à déployer des énergies nouvelles pour que les plaies soient pansées, que les cœurs sont pacifiés et que les baptisés que nous sommes ne se retranchent pas derrière des excuses pour que rien ne change. Nous crions vers le Seigneur « Jésus, fils de David, aie pitié de nous ! ». Lui en retour nous appelle. Ne nous dérobons pas. Emboitons le pas à Bartimée, mendiants que nous sommes. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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