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dimanche 18 septembre 2011

Homélie du 1er dimanche de Carême (A) - 13 mars 2011

Nous entrons en Carême. Nous amorçons cette longue montée de plus de six semaines vers la fête de Pâques, vers l’immense fête de la vie. Traditionnellement, dans notre Eglise, cette montée se fait dans une démarche de pénitence. Horrible chose que la pénitence ! N’évoque-t-elle pas la brimade de nos désirs, la privation, l’ascèse ?
Si la pénitence se définissait ainsi, il nous faudrait prêcher contre elle ! Car de la joie de Noël et celle de Pâques, notre foi est joie de vivre. Et cependant, de la fraction du pain, le soir de la Cène, au don de l’Esprit, à la Pentecôte, le mystère pascal est joie dans la partage. Joie de vivre et partage, voici une juste définition de la foi chrétienne.

I.- La joie de vivre.

Notre temps a su, pour nous qui vivons dans des pays riches, développer la joie de vivre. Du réfrigérateur à nos acquis sociaux ou nos loisirs, qui accepterait de perdre les avantages que nous donnent notre culture et notre économie développées ? Osons reconnaître notre bien-vivre, osons avouer à quel point nous lui sommes attachés.
Et pourtant, d’où nous vient ce goût d’amertume qui nous empêche d’appeler bonheur tant et tant d’avantages ? Pourquoi ces pauvres dans non s cités et hors de nos frontières ? Pourquoi sommes-nous incapables de permettre à tant de jeunes de trouver, dans nos façons de vivre, l’idéal dont ils ont besoin pour vouloir leur avenir ? Pourquoi ?
Parce qu’il nous manque un essentiel. Nous compensons par notre gloutonnerie un vide que nous ne savons plus reconnaître.

II.- Un manque de spirituel.

Faute d’autre mot et pour demeurer bien vague, nous dirons que nous manquons de spirituel. Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous manquons, me semble-t-il, de vrai souffle spirituel, c’est-à-dire de liberté et de recul par rapport aux événements et aux choses. Et pourtant, chez nous, hommes et femmes sont de plus en plus libres. Peut-être ! mais…
Notre société semble rivée à une obsession : la question économique. Produire pour vendre… être productif, rentable… L’entreprise, comme la politique, tend à ne plus percevoir dans les hommes que des producteurs-consommateurs. Elle est ici notre prison, l’étau qui nous enserre. Produire-vendre.
Nous sommes tentés de nous replier sur notre richesse, petite ou grande, mais acquise, dans le souci, face à la débâcle menaçante de sauver notre peau et celle des nôtres. Nous voudrions que l’univers se résume, pour nous, au lopin de terre que nous habitons, aux seuls amis qui triment dans les mêmes barques que nous.
Et si nous manquions l’essentiel, à force de nous replier sur nous-mêmes, à force de vouloir posséder ?

III.- Une parole qui vient nous rejoindre
Jésus nous dit : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». La bouche de Dieu, quel beau point de vue pour surplomber les vastes horizons que nous aimerions oublier !
Il en est qui s’emparent de cette Parole de Dieu pour justifier leur courte vue, pour tirer mépris et condamnation de notre monde. « Parlez-nous de Dieu, mon Père, mais surtout ne faites pas de politique ! ». La Parole de Dieu, précisément, est venue dans le monde : elle ne l’a pas méprisé. Jésus n’a pas méprisé le pain de la terre : il s’en est nourri et l’a même multiplié pour la foule. La Parole de Dieu nous invite à nous saisir de ce monde et de ce pain, au lieu de nous laisser saisir par eux, pour en faire un signe de la bonté et de l’amour de Dieu pour tous les hommes !
S’il nous fait exorciser des démons, ce sont ceux qui habitent notre cœur. Si le savoir-faire économique se veut, à son niveau, signe de la présence de Dieu à nos côtés, cela passe par les décideurs que nous sommes tous à notre niveau. Quel est notre but ? Posséder ou servir notre Dieu ? Note monde attend cette respiration. Elle s’appelle « partage ». L’amour de Dieu s’appelle « partage ».
Non certes que chacun ait à partager ses biens avec l’ensemble de l’humanité. L’amour de Dieu nous demande, simplement, (mais ce n’est pas simple) d’inscrire réellement l’une ou l’autre de nos dépenses conséquentes (en argent, en fatigue, en service) au bénéfice de quelqu’un d’autre dont le visage ne nous rappelle rien sinon celui de Dieu lui-même. Par tache d’huile, par contagion, un poste nouveau pourra s’ajouter dans les colonnes de nos comptes, le poste de la dépense qui ne sera pas « pour nous ».

Alors notre temps, si ingénieux, nous apparaîtra comme une grande chance pour notre vie chrétienne puisque, par les richesses qu’il nous procure, il nous met à même de pouvoir partager, de pouvoir aimer.
En même temps, notre foi chrétienne, notre amour pour tous nos frères à cause de l’amour de Dieu, apparaîtra comme une grande chance pour les hommes et les femmes de notre temps, à la fois ceux qui meurent de notre égoïsme de nantis, mais aussi nous-mêmes, les nantis, qui étouffons sous nos serres de rapaces angoissés.
Elle est ici la vraie pénitence qui nous rendra fort dans les tentations ; car être tenté n’est pas péché et résister à la tentation est chemin vers la sainteté. Avec Jésus.
Bon Carême à tous !
AMEN.

Michel STEINMETZ +

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