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dimanche 18 septembre 2011

Homélie du 4ème dimanche de Carême (A) - 3 avril 2011

Quelles paroles de guérison sont prononcées par Jésus ? A y regarder de près, aucune. Un seul geste, un seul regard suffit à rendre la vue à cet aveugle de naissance. Nous le savons : il est des regards plus pénétrants, plus efficaces, plus révélateurs que bien des paroles ou des discours.
De la qualité de notre regard dépend la qualité de notre cœur. Au niveau où je me place, être aveugle ou voir clair ne dépend pas d’une faculté physiologique mais d’une disposition intérieure. Voir ou ne pas voir… aimer ou ne pas aimer…
Pas étonnant, n’est-ce pas, que Jésus ait si souvent parlé du regard ou de l’aveuglement ! Pas étonnant que, lorsque le Christ a voulu se faire connaître comme sauveur, il se soit manifesté comme celui qui rend la vue aux aveugles ! Pas étonnant que dans l’évangile de ce dimanche, Jésus utilise la même image, la même réalité du regard et de l’aveuglement pour stigmatiser les pharisiens, scribes et docteurs de la Loi. Vous prétendez guider les autres mais vous êtes des aveugles. Votre savoir orgueilleux vous bouche la vue. Vos yeux sont bouffis de vos certitudes prétentieuses.
Dieu est plus grand que notre regard, car il est plus grand que notre cœur ! Il ne pose pas le même regard que nous sur les personnes et les situations ; l’expérience de ce regard libérateur porte au témoignage ; l’expérience de ce regard invite à la conversion.
I.- Dieu ne pose pas le même regard que nous sur les personnes et les situations.

J’en veux pour preuve ce qui arrive au prophète Samuel. Le Seigneur l’envoie consacrer comme roi d’Israël un des fils de Jessé à Béthléem. Que fait-il ? Comme un chacun, il regarde avec ses yeux et en reste aux apparences. Il passe tous les fils en revue, se dit que celui-ci ou celui-là ferait l’affaire ; mais, à chaque fois, le Seigneur en décide autrement. « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ». Et c’est le petit dernier, celui qui garde le troupeau, qui est même absent, que le Seigneur choisit pour conduire son peuple : c’est de sa descendance que naîtra le Messie.
Que de fois, nous agissons comme Samuel. Notre œil est sévère. C’est une bonne chose, mais il est des occasions où cela nous empêche d’aimer. Un regard qui classe, qui juge, qui condamne, qui tue. N’employons-nous pas cette expression : « fusiller du regard » ? Le Seigneur, lui, va plus loin : il regarde le cœur.

II.- L’expérience du regard libérateur du Christ porte au témoignage.

L’aveugle de naissance, que les pharisiens enferment dans les catégories du péché, accède à la vue. Il est illuminé par le regard que Jésus pose sur lui. L’eau de la piscine de Siloé le lave de son enfermement. Bouleversé par une telle expérience - qui ne le serait pas ? -, il en témoigne. Il affirme haut et fort que celui qui est capable d’un si grand miracle vient de Dieu. Il subit la persécution. On le jette même dehors.
Il sait qu’avant il ne voyait pas, et que, suite à cette rencontre, sa vie est changée : désormais il voit. Il est passé de l’aveuglement à la vue, c’est-à-dire, pour saint Jean, de la nuit à la lumière, de la mort à la vie, de l’incroyance à la foi. Cet aveugle est le modèle par excellence du croyant.
« Crois-tu au Fils de l’Homme ? », lui demande Jésus. « Et qui est-il pour je croie en Lui ? » - « Tu le vois, et c’est lui qui te parle ». Tu le vois maintenant parce qu’il t’a donné de le voir. Il t’illumine de sa présence. Ta vie en est changée.
III.- L’expérience de ce regard pousse à la conversion.

Que d’aveuglements dans nos vies, chers amis ! Ne sommes-nous pas des aveugles ? N’avons-nous pas nos manières de voir toutes faites sur la vie, le bonheur, l’amour, la réussite ? Que d’aveuglements devant la misère des gens, le partage des biens, l’injustice… La liste serait longue… mais elle serait aussi, et heureusement, longue de ceux qui sont guéris de ces aveuglements, de tous ceux dont les yeux ont été ouverts par la rencontre du Christ. Ils ont appris à regarder leurs frères et le monde, comme le Christ le regarde.
Nous pouvons êtres illuminés par les milliers de catéchumènes qui, cette année encore, recevront, en France, le baptême durant la nuit pascale. Nous pouvons être illuminés par le don qui nous est fait dans notre propre baptême. Nous pouvons être illuminés par les miracles que le Christ ne cesse d’opérer dans notre monde : miracles de la solidarité quand des hommes se regroupent pour soulager la misère de leurs frères, miracles du pardon quand des mains ennemies se tendent les unes vers les autres, miracles de la foi quand des hommes et des femmes décident de se consacrer tout entiers au service du Christ et de son Eglise !
Nous passerons de l’aveuglement à la claire vision si, comme l’aveugle-né, nous laissons le Christ poser son regard sur notre personne et notre péché. Dieu ne regarde pas selon l’apparence : il regarde selon le cœur.
Dieu plus grand que nos offenses, Dieu plus grand que notre cœur, prends pitié de nous !

AMEN.

 
Michel STEINMETZ †

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