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dimanche 18 septembre 2011

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 13 février 2011

« Je ne suis pas venu abolir la loi mais bien l’accomplir », nous dit Jésus ce matin, mais qu’est-ce à dire. N’y-a-t-il pas une contradiction dans les propos de Jésus. En quoi vient-il accomplir la loi, alors que ce qu’il demande semble aller bien au-delà de ce que les juifs devaient vivre pour respecter la loi ancienne. Comme si la loi nouvelle de Jésus était beaucoup plus exigeante que la loi de Moïse. Il y a une différence entre la loi de l’Ancien Testament et la loi nouvelle proposée par Jésus. La loi ancienne se vit par devoir, la loi nouvelle se vit par amour.

En accomplissant la loi, le Christ libère ses disciples de la loi c’est-à-dire qu’il l’inscrit à jamais au fond des cœurs. Le Christ inscrit la loi au fond des cœurs, parce qu’il dit à ses disciples que ce qu’ils faisaient auparavant par respect de la loi, c’est-à-dire par devoir, par soumission, tristement, ils le feront dorénavant par amour, c’est-à-dire librement. Par exemple : le respect de la vie était, dans la loi de Moïse, une contrainte, un impératif, un commandement : « Tu ne tueras point ». Cette loi devient, dans la bouche de Jésus, l’affirmation joyeuse de l’amour de l’autre, le respect de sa liberté, de la justice... « Vis, heureux es-tu ». Un peu comme dans cette formule de saint Augustin : « aime et fais ce que tu veux ». Si tu vis dans l’amour et par l’amour, tu n’as que faire des lois puisque tu aimes. L’amour devient ainsi la valeur par excellence. En effet, lorsqu’une vie est fondée sur des valeurs, elle s’enrichit et grandit. Les valeurs ouvrent le chemin de la tolérance, de la rencontre et du respect de la différence, même lorsque nous ne la comprenons pas. Il y a alors lieu de refusez les principes, ces derniers sont signes de mort et tuent la relation. Immanquablement, ils conduisent à l’intolérance et ils enferment l’être humain dans sa prison intérieure. Tristes principes que nous utilisons bien souvent, mais en fait pour nous protéger de nos propres angoisses. Tandis que ces valeurs qui nous habitent et font notre richesse sont portés par cette vertu qu’est l’amour de l’autre au nom de l’amour du Tout Autre. Et là, c’est la vie qui jaillit en vous et autour de vous.
Ceci revient à dire que nous pourrions appeler « principe » tout ce que nous faisons par devoir et « valeur » tout ce que nous faisons par désir et/ ou par amour. C’est pourquoi les valeurs nous libèrent des principes. Quelle mère nourrit son enfant par devoir, par principe ? On ne le fait pas par devoir mais par amour. L’amour y suffit et vaut mieux. D’ailleurs, tant qu’il y a de l’amour, tant qu’il y a du désir, nous n’avons pas besoin de devoir. L’amour libère des principes, l’amour libère de la loi. En nous disant qu’il est venu accomplir et non abolir, Jésus tente de nous montrer que la loi et l’amour ne s’opposent pas, mais sont deux moments dans un même processus : on commence par se soumettre à la loi puis on comprend qu’il est encore mieux de faire par amour ce qu’on nous a appris à faire par devoir. La loi et l’amour sont donc deux choses différentes mais pas opposées au sens où on devrait choisir entre les deux. La vérité, c’est que nous avons besoin des deux : quand l’amour est là, on n’a plus besoin de loi : nous n’avons besoin de loi que faute d’amour. C’est bien pourquoi nous avons hélas aujourd’hui encore terriblement besoin de lois parce que le plus souvent l’amour n’est pas là, le plus souvent l’amour brille par son absence. Un peu comme si Jésus nous disait ce matin, dans toutes les situations où nous ne sommes pas capables de vivre à la hauteur de l’amour, c’est-à-dire à suivre le Nouveau Testament, il nous reste à respecter au moins l’Ancien Testament, c’est-à-dire à nous soumettre à la loi. L’abolition de la loi conduit immanquablement à l’anarchie, au drame. Par contre, l’accomplissement de la loi conduit à l’amour inscrit dans le cœur de chacune et chacun. Principes ou valeurs ? Loi ou amour ? A nous de choisir ce qui conduit à la vie, mais à une vie en abondance.

AMEN.

 
Michel STEINMETZ †

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