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jeudi 14 avril 2022

VIGILE PASCALE / Homélie pour la messe de la Résurrection - 16 avril 2022

 

La tentation du super-héros

Nous avons cheminé ensemble, depuis dimanche dernier, alors que nous entrions dans la célébration de la Semaine sainte. Ce chemin parcouru a voulu mettre nos pas dans les pas du Christ. Y sommes-nous parvenus ? Nous avons été confrontés à bien des tentations de ne pas recevoir Jésus, ce Messie souffrant, défiguré et cette nuit resplendissante de la gloire divine, pour ce qu’il est réellement.

 

Nous aurions pu nous fourvoyer en le prenant pour un homme providentiel au destin d’abord politique. Nous aurions pu ne retenir de lui que ce frère en humanité, prompt à bouleverser tous les codes jusqu’à prendre la place de l’esclave. Nous ne pourrions que retenir pareillement que notre émotion compatissante et gênée devant l’homme mis à mort comme un criminel. Et nous pourrions encore nous perdre devant le tombeau vide. Comment ?

 

Il serait assez simple, je crois, et peut-être même pour une part légitime, de considérer que la résurrection de Jésus, pour grandiose qu’elle est, ne le concerne que lui. Aux saintes femmes venues de bonne heure au sépulcre, et nous rapportant ce qu’elles ont vu, nous serions tentés de répondre qu’il ne s’agit là que de « propos délirants ». En allant constater par nous-mêmes, avec Pierre, nous repartirions « tout étonnés », ne sachant à vrai dire que penser et que croire, quand bien même ce que nous savons de Jésus, ce que nous avons entendu dire de Lui et surtout ce qu’il a annoncé lui-même, prendrait ici un sens radicalement nouveau. Comment passer de l’homme mort sur la croix, bel et bien mort puisqu’on lui transperce le côté, mis au tombeau, à cette absence troublante et qui, assurément, ne peut être un vol de cadavre comme les paroles de l’ange l’attestent ? Oui, d’une manière qui échappe fondamentalement à notre entendement, Jésus est ressuscité, c’est-à-dire qu’il est revenu à la vie, sans pour autant que cette vie nouvelle soit appelée à finir, et que son corps ressuscité est à la fois le même et pourtant différent. Cela les témoins de sa résurrection l’attesteront à maintes reprises et les évangiles que nous entendront dans les jours à venir nous le donneront à réétendre.

 

Il serait tout aussi simple, encore, de ne penser que la résurrection de Jésus est une énième manifestation de la puissance de Dieu, à qui, nous le savons, rien ne saurait impossible. L’évangile proclamé il y a un instant arrivait au terme d’un parcours dans l’histoire du salut. Nous nous sommes ainsi successivement émerveillés par le souvenir de la puissance créatrice de Dieu qui ordonne l’univers en le distinguant, qui épargne Isaac en sacrifice n’exigeant d’Abraham que sa fidélité, qui fait sortir à main forte son peuple de l’oppression en Egypte et le fait passer la Mer rouge à pied sec, qui s’engage envers son peuple et lui témoigne sa pitié… La résurrection de Jésus ne saurait-elle alors qu’un épisode supplémentaire d’une série de hauts-faits ? En viendrait-elle marquer l’achèvement comme une fin heureuse ?

 

Une fois encore, si nous restons là, nous ne ferons peut-être pas totalement fausse route, mais nous manquerons le terme de ce chemin entrepris à la suite du Christ. Pas plus que Jésus ne meurt pour lui-même, il ne ressuscite pas pour lui-même, en une sorte de revanche manifeste de Dieu sur toute l’iniquité du monde et qui imposerait à tous sa puissance une bonne fois pour toutes. « Si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. » (Rm 6) Ce que nous célébrons ce soir comme le cœur de notre foi, c’est la volonté de Dieu de nous sauver en son Fils Jésus. C’est là le signe du tombeau vide : celui d’une mort qui n’a plus le dernier mot.

 

Pour nous, la route, si elle veut atteindre son but, ne peut manquer aucun passage. Pour avoir part à cette vie nouvelle et indestructible, vie heureuse en Dieu, nous devons clouer à la croix nos lourdeurs, nos fatigues et nos souffrances. Là le Christ les anéantit. Alors, en faisant comme Lui, en acceptant de nous aimer les uns les autres, nous serons assez légers pour passer à la vie. Le Seigneur Jésus n’est pas un super-héros (malgré lui), pas plus qu’Il n’exige de nous que nous le soyons. « Pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. »

 


AMEN.

 

Michel Steinmetz

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