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vendredi 13 mai 2022

Homélie pour le 5ème dimanche de Pâques (C) - 15 mai 2022

L’évangile, aujourd’hui, nous replace dans un contexte assez sombre, celui du dernier repas de Jésus et des adieux qui l’accompagnent. Jésus sait que, désormais, sa mort est imminente ; ses disciples le comprennent. L’heure est grave, l’ambiance lourde. Il prend l’initiative de confier une mission à ses amis. La fidélité à cette consigne sera signe de sa présence, et peut-être plus encore. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ».


De fait, la semaine passée, en observant une glycine en plein croissance et voyant comment elle commençait à se nouer au treillis censé la supporter, je me suis dit que c’est ainsi qu’il faut comprendre les deux parties qui composent l’évangile que nous venons d’entendre. Jésus, en effet, perçoit lui-même l’imminence du terme de sa mission. Il sait désormais, à ce moment-là de l’évangile, que Judas a préparé son coup et qu’il ira à son terme. Lui sera arrêté, jugé et condamné. Il devra mourir et offrir sa vie. Mais Jésus sait, au plus intime de lui-même, que ce sera là le seul moyen de « glorifier » Dieu, non à la manière d’un kamikaze qui irait à la mort, mais e pour que la mort elle-même soit définitivement entravée et que se manifeste la puissance du Père. 


Ce constat est assorti d’une dernière recommandation de la part de Jésus. Il la présente même comme un commandement « nouveau ». Or, nous lisons déjà dans la Bible, dans un de ses premiers livres, le Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18). En quoi Jésus dit-il quelque chose de plus ? Ce n’est pas tout amour qui rend nouveau celui qui écoute ou celui qui obéit, mais celui que Jésus a qualifié en ajouter pour le distinguer de l’amour charnel : « comme je vous ai aimés ». Car s’aiment les uns les autres les maris et les épouses, les parents et les enfants, les amis, sans parler de tout lien humain qui peut attacher les hommes entre eux.  Jusqu’alors Jésus a révélé l’amour de Dieu pour le monde, pour lui, son Fils : à présent qu’il va lui-même jusqu’au bout de l’amour, il peut donc leur donner ce précepte. C’est parce qu’ils vont découvrir à quel point ils sont aimés que les disciples seront capables de partager entre eux l’amour reçu du Père. 


Remarquez encore qu’il ne dit pas : « Aimez les autres ». La Pâque de Jésus, son entrée dans la gloire de la croix a pour but immédiat et nécessaire de créer une communauté de croyants fraternels. L’Eglise n’est pas une organisation philanthropique, un ramassis de gens pieux qui font du bien à l’occasion. Aller à la messe pieusement, communier à l’hostie sans vouloir « communier » à ses frères présents et s’en aller, fût-ce en glissant une piécette à un mendiant inconnu, ce n’est pas ce que Jésus a commandé ! Nous ne pouvons nous accommoder d’à peu près, nous contenter de gestes superficiels. L’amour entre chrétiens doit être christique, radical, total, entier. Nous devons nous aimer comme Jésus nous a aimés : ce qui a deux sens. Il s’agit de l’imiter, de le prendre comme modèle, mais aussi d’aimer parce qu’Il nous aime. Jésus ne reste pas un modèle extérieur que nous aurions à copier laborieusement. Son amour imprègne ses disciples : nous nous aimerons grâce à l’amour que notre Seigneur nous donnera. Ainsi le commandement de l’amour devient le passage obligé pour avoir part à sa gloire. En nous nous aimant comme Lui l’a fait, amour du prochain et gloire divine seront liés comme la glycine à son treillis.  


" Ils ne s’aiment pas comme s’aiment ceux qui corrompent, dit saint Augustin, ni comme s’aiment les hommes parce qu’ils sont des hommes, mais ils s’aiment parce qu’ils sont ‘des dieux et des fils du Très-Haut’ (Ps 81, 6), de telle sorte qu’ils sont les frères du Fils unique, s’aiment les uns les autres de cet amour dont lui-même a aimés ». 



AMEN.


Michel STEINMETZ †


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