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samedi 22 mai 2021

Homélie pour la solennité de Pentecôte - 23 mai 2021

Nous avons encore tous en mémoire le violent incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019. Le monde entier est resté stupéfait et bouche bée devant les images du vaisseau huit fois centenaire ainsi la proie des flammes. Nous avons été marqués, nous avons été attristés, peut-être avons-nous pleuré. Rappelez-vous à quelle vitesse nous avons vu le feu se propager engloutissant à vue d’œil des mètres et de toiture et de charpente, si bien que les sapeurs-pompiers, dans une remarquable tactique, décidait pour gagner leur combat de laisser « la part du feu ».


Aujourd’hui, nous entendions dans le récit qu’en font les actes de Apôtres comment le feu s’est répandu sur les apôtres le cinquantième jour après Pâques. Alors qu’« ils se trouvaient réunis tous ensemble », un bruit vient du ciel et qu’ils comparent à un violent coup de vent. L’intérieur du cénacle, cette chambre haute dans laquelle ils sont retirés, en est rempli. Apparaissent des « langues qu’on aurait dites de feu ». Et ce feu se répartit pour venir se poser sur chacun d’eux. L’incendie de Notre-Dame nous a rappelé, s’il le fallait, combien le vent peut propager le feu. La Bible nous enseigne que l’Esprit est comparable à un souffle, tantôt brise légère, tantôt vent violent. On ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Cela signifie bien que Dieu a toujours l’initiative de la communication de son Esprit : « l’Esprit de vérité qui procède du Père », comme le rappelle Jésus dans l’évangile de Jean. Pourtant à la différence du feu, qui ravage et détruit, l’Esprit est un « Défenseur » et il établit dans la vérité. Il n’est donc pas à fuir mais à demander. Il est vrai que, parfois, cet Esprit purifie aussi pour enlever en nous ce qui est mort et doit être délaissé, pour « ne pas satisfaire aux convoitises de la chair ». 


Vous aurez remarqué combien le feu, quand bien même il se sépare, reste pleinement du feu et ne perd rien en intensité. Il en est de même quand il se pose sur les apôtres et Marie au Cénacle. Chacun ne reçoit pas une part seulement de cet Esprit, mais il le reçoit tout entier. Ainsi « tous furent remplis d’Esprit Saint ». Imaginez donc seulement un instant ce à quoi pourrait ressembler l’Eglise, le monde, si chacun d’entre nous qui avons reçu l’Esprit à notre baptême, nous qui avons reçu cette force spéciale en vue du témoignage à notre confirmation, laissait en lui, en elle, la « part au feu ». Combien nos existences en seraient radicalement transformées en laissant agir en nous cet Esprit de Dieu lui-même et dont l’accueil décuplerait nos forces et nos capacités. De la peur, les apôtres passent à l’ardeur de la mission. De leur intelligence lente à croire, à la plénitude de la connaissance. De leur individualité à l’universalité. 


Les apôtres, au sortir du cénacle, parlent et chacun les comprend dans sa propre langue d’origine. Ce qui nous fait comprendre que la Bonne Nouvelle de l’Evangile ne concerne pas que certains qui seraient plus capables de l’accueillir que d’autres, parce qu’ils en maîtriseraient la langue, les concepts ou l’intelligence. Cette Bonne Nouvelle rejoint chacun au cœur de la particularité de son existence, de sa culture et de ses orientations. Pour nous, cinquante jours après le sacrifice de l’Agneau véritable, le Christ, nous ne célébrons plus le don de la Loi que le doigt de Dieu a écrit sur des tables de pierre, mais l’action de son Esprit qui grave la loi nouvelle au fond des cœurs et les embrase de son amour. Cela n’est donc plus une action extérieure dont nous serions les spectateurs, mais quelque chose d’intérieur dont nous devenons participants : Dieu vient habiter en nous. La Bonne Nouvelle de Pâque prend chair en nous. Elle nous consume.


Chères catéchumènes, voici le feu dont vous allez prendre, voici le don que Dieu vous fait aujourd’hui. Ne regardez pas tant chez nous le feu qui couve, que les braises ardentes que l’Esprit maintient en nous. Ne laissez pas s’étendre ce feu sacré. L’Esprit vous entraînera à vous dépasser vous-mêmes, au-delà de ce que vous imaginez. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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