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mardi 11 mai 2021

Homélie pour la solennité de l'Ascension du Seigneur - jeudi 13 mai 2021

Michel Fourniret est mort lundi. On aurait préféré que les sordides exactions de « l’ogre des Ardennes » ne soient que fiction. Un scénario imaginaire, exorcisant nos pires terreurs. Condamné à la perpétuité incompressible, il fut reconnu coupable en 2008 par la cour d’assises des Ardennes des meurtres de sept jeunes filles, âgées de 12 à 22 ans ; Un film au final plombé, qui se conclut sur trop de questions sans réponses, sur une insupportable frustration pour le père d’Estelle Mouzin et des 21 disparues dont les « cold cases » devaient être réexaminés. Pour ces familles qui resteront peut-être à jamais sans réponse, c’est sans doute une seconde mort. C’est cette souffrance que je vous invite à considérer.


Les apôtres, et parmi eux Marie au tout premier plan, avaient été confrontés à la mort brutale et violente de Jésus. Celui-là même qui, acclamé par la foule comme « roi » alors qu’il entrait dans Jérusalem, et condamné à mort cinq jours plus tard sous les cris vindicatifs de cette même foule, avait été mis à mort comme un criminel. Eux savaient que c’était un homme de bien, qui avait guéri tant de souffrances et prêché l’imminence du royaume de Dieu. Non seulement l’atrocité de la mort de Jésus, mais aussi son honneur ainsi jeté en pâture, avait été pour eux insupportable. Voilà aussi qu’ils s’étaient faits, habitués, à la présence déroutant mais réelle de Jésus ressuscité. Ils avaient progressé dans cette connaissance, constant qu’il était tout à la fois bien le même et profondément autre. Eux qui pour certains avaient repris le cours de la vie d’avant, avaient été réconforté de cette présence. Il ne les avait pas abandonnés. Il est plus fort que la mort. Sa bonne nouvelle n’est pas une duperie de plus dans le concert des opinions du monde.


Pourtant, quarante jours après Pâques, Il leur apparaît à nouveau et leur parle du Règne de Dieu. Il promet une force d’en-haut, celle du Saint-Esprit, en leur rappelant qu’ils ne sont pas les maîtres du temps. Ne sera-ce qu’une espérance déçue ? Pour l’heure ils ne le savent pas. Alors sans doute vivent-ils ce départ comme une « seconde » mort, un abandon. La preuve, par crainte des Juifs, ils se rassembleront et s’enfermeront ensemble au Cénacle. 


Pourtant, cette apparente absence désormais est un passage obligé. Elle constitue en fait un passage de témoin : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Et curieusement la verticalité de l’ascension va céder la place à l’horizontalité du groupe des disciples. Alors qu’il le voit s’élever et qu’« une nuée vint le soustraire à leurs yeux », deux hommes en vêtements blancs les invite à ne pas rester là, à regarder vers le ciel. Ils doivent maintenant répondre à leur vocation : proclamer la Bonne Nouvelle. Progressivement, et par le don de l’Esprit, ils vont saisir que le corps du Christ n’est pas ou plus seulement circonscrit dans le corps physique de Jésus, ni même dans la matérialité de son corps ressuscité. L’Ascension révèle que le corps du Christ sera désormais le Christ total, Christus totus selon le mot d’Augustin : la tête et les membres. C’est ce que l’oraison d’ouverture de la cette messe formulait en ces termes : « nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance. »


A nous de répondre à la question de saint Cyrille d’Alexandrie : « Si nous formons tous entre nous un même corps dans le Christ, et non pas seulement entre nous, mais avec lui, puisque évidemment il est en nous par sa propre chair, comment donc notre unité entre nous et dans le Christ n'est-elle pas déjà visible ? » A nous d’implorer le don de l’Esprit pour qu’« en ayant part au Corps et au Sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit-Saint en un seul corps ». L’Ascension du Christ sera, non une seconde mort, mais bien, déjà, notre victoire. Celle qui nous fait entrevoir ce que nous sommes. 



AMEN.


Michel STEINMETZ †


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