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vendredi 7 mai 2021

Homélie pour le 6ème dimanche de Pâques (B) - 9 mai 2021

Gagner son ciel… C’est, par-delà le côté quelque peu désuet de la formulation, que se pose le problème pour un bon nombre de chrétiens. Gagner son ciel, ou pour dire les choses autrement : se concilier l’amitié de Dieu, sa bienveillance, sa protection, sa clémence, sa grâce. Ou tout à la fois, d’ailleurs. Gagner son ciel, c’est-à-dire ce qu’il conviendrait de faire pour nous rendre intéressants et aimables aux yeux de Dieu, attirer son attention aimante sur nous, en nous faisant remarquer par notre bien-vivre. Le langage scout parlerait ainsi de « bonnes actions » qu’il s’agirait de « capitaliser » comme des points en vue d’une retraite, qui serait ici la récompense de la vie éternelle. Cette vision du christianisme est fausse, et dans un certain sens hérétique. 


Peut-être vous sentez-vous, en raison de la manière dont vous conduisez votre vie, ou bien d’erreurs du passé, ou bien de souffrances toujours vives, incapables de goûter pleinement l’amour de Dieu ; peut-être vous en estimez-vous indignes. Réécoutez alors avec attention ce que Jésus vient de nous dire : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Et si nous n’avions pas encore compris, saint Jean insiste : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » Il ne s’agit donc pas tant de nous hisser au niveau de Dieu – ce qui serait impossible – que de le laisser nous rejoindre et nous laisser saisir par son amour. 


C’est l’expérience assez déroutante à vrai dire qui se vit à Césarée et que nous relate le livre des Actes. Alors que Pierre est interpellé par Corneille, un centurion de l’armée romaine, l’Esprit descend sur tous ceux qui écoute sa prédication et se manifeste. Les juifs dans l’auditoire sont stupéfaits. Comment cela est-il seulement possible que l’Esprit de Dieu soit accordé à des hommes et des femmes qui ne partagent pas la foi d’Israël, la foi de ce peuple que Dieu a fait dépositaire de ses commandements ? Il s’est lié à ce peuple qu’il a établi comme son élu et, maintenant, il se « donnerait » à d’autres à des païens ? Cela ne serait-il pas trop facile alors qu’eux, pour le coup, se fatiguent jour après jour à respecter les termes de cette alliance ? La grâce de Dieu ne s’enchaîne pas, elle est plus large et généreuse que les frontières dans lesquelles les hommes, même les hommes croyants, voudraient l’enfermer. 


Gagner son ciel, ou plutôt laisser le ciel nous gagner. Voilà désormais en quels termes se pose la question et voilà comment Jésus vient la renverser. C’est cette même personne, Jésus, qui se fait proche de nous au point de venir en nous chaque fois que nous communions à son corps. L’amour de Jésus va jusque-là. Il est à nos côtés à chaque instant. Il se propose à nous pour nous remplir de sa vie et de son amour. Alors si, bien sûr, il y a dans chacune de nos existences humaines des causes de souffrance et de tristesse, si nous n’avons pas tous les jours l’occasion d’être dans la joie, ce n’est pas la bonne fortune qui nous rend heureux, c’est la promesse de Dieu de nous aimer plus que tout et jusqu’au bout. Cette vraie joie vient de la parole de Jésus à ses disciples : « je ne vous appelle plus serviteurs mais je vous appelle amis » (Jn 15,15). Nous ne sommes plus par rapport à Dieu comme des serviteurs, nous sommes devenus les amis du Christ et les amis de Dieu, non pas parce que nous serions montés en grade, mais parce que Dieu nous a dévoilé le secret de son mystère qui est la miséricorde et le pardon. Oui, nous avons été choisis, nous avons été appelés, nous avons été établis comme Jésus nous le dit : pour porter du fruit et un fruit qui demeure. 


Le 20 janvier 1961, le président américain Kennedy disait, dans son discours inaugural : « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Je vous dis aujourd’hui : « ne vous demandez pas ce que le ciel peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour Dieu. Demeurez dans l’amour du Christ qui vous saisit. Le ciel vous est acquis. »


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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