A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 13 février 2021

Homélie pour le 6ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 14 février 2021

Selon les prescriptions de la Loi de Moïse, que nous avons entendues dans le Livre du Lévitique, le lépreux devait se tenir à l’écart de tous. Cela ne visait pas d’abord à éviter la contagion, comme nous le penserions a
ujourd’hui. Cette mise à l’écart permettait surtout d’éviter au peuple de contracter une impureté rituelle. Car ceux qui avaient été en contact avec les lépreux devenaient inaptes à participer à la vie et à la prière du peuple de Dieu. En purifiant le lépreux, Jésus va donc dépasser non seulement la séparation entre les malades et les bien-portants, mais aussi celle entre ceux qui sont impurs et ceux qui sont purs.


Alors que dans l’Ancienne Alliance, la personne atteinte d’un mal physique étrange, et dont l’atteinte corporelle devenait signe d’impureté, devait être mise à l’écart pour éviter toute contagion physiologique et spirituelle, la Loi apparaissait comme insuffisante, en elle-même, à vaincre le mal. Ce bannissement était finalement un pis-aller face à une incapacité à retourner le cours des choses. Or, précisément, là où Jésus renverse l’état de fait, c’est qu’il se montre comme capable, lui, de guérir l’inguérissable.


Jésus prêche un Royaume à venir. Il annonce que le temps de Dieu est désormais tout proche et que la conversion des cœurs devient une chose urgente. On pourrait penser qu’il ne s’agit là que de maniement de concepts, hautement intéressants il est vrai. La prédication de Jésus ne concernerait-elle que les esprits ? Et de fait, le christianisme ne serait-il qu’une religion des intellects ? Le salut ne toucherait-il que les âmes au mépris des corps ? L’Histoire a pu donner l’impression que la foi chrétienne portait au corps une certaine suspicion, voire une suspicion certaine. Or le miracle de Jésus aujourd’hui nous enseigne radicalement l’inverse. Il s’intéresse, à travers ce malheureux lépreux et de beaucoup d’autre qui parsèment l’évangile, à ce que nous sommes en totalité. La médecine moderne a bien compris, depuis des années, et n’a sans doute pas fini de comprendre les liens qui interagissent entre le physique et le psychologique. On dit bien parfois qu’on « somatise », c’est-à-dire que, littéralement, les maux de l’esprit rejaillissent sur le corps lui-même. Combien ne se plaignent pas de mal de dos précisément parce qu’ils ont « plein le dos » ? 


Le salut qu’offre et révèle Jésus, l’attention et la prévenance de Dieu qui sont manifestées en Lui, disent l’importance que nous avons, comme personne, aux yeux de Dieu, nous qui sommes créés « à son image et à sa ressemblance ». « Ce serait une immense erreur d’imaginer qu’il ay a dans le christianisme une sorte d’inimité qui vouerait à la haine des corps. Dans le Christ tout est aimé, tout est glorifié, tout est transfiguré », écrivant Maurice Zundel. En guérissant le corps du lépreux, Jésus va jusqu’à guérir son âme et lui redonne une santé intégrale. Lui qui est venu, « non abolir mais accomplir la Loi », renvoie l’homme – comme c’est prescrit – vers le prêtre pour authentifier la guérison. Et nous découvrons que cette guérison intégrale devient aussi sociale. 


Nous savons, pour l’éprouver et certains durement depuis des mois, que les privations de liens sociaux, amicaux, familiaux ou même professionnels, ont parfois de lourdes conséquences. Ce manque subit éprouve notre désir de relations et, pour le coup, se révèle comme faisant partie de notre équilibre. L’homme est toujours un être de relation. Jésus va jusque-là : il réintègre le lépreux dans la communauté qui est la sienne, communauté de vie et de foi.


A l’heure pour nous d’entrer dans le temps du Carême et de nous demander comment nous pourrons le vivre, Jésus nous propose une expérience de guérison, et donc de salut. Quand Dieu nous sauve, il le fait totalement. Il vient habiter de sa présence jusqu’aux interstices de notre mal. Frères et sœurs, laissons le Christ agir ! Ne l’emprisonnons pas dans les limites étriquées de notre intellect, laissons-nous relever par Lui ! Je vous invite à vous laisser guérir de vos blessures, quelles qu’elles soient. « Si tu le veux, tu peux me purifier ». « Je le veux, sois purifié ». 


AMEN.


Michel STEINMETZ  †


Aucun commentaire: