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vendredi 5 février 2021

Homélie pour le 5ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 7 février 2021

La pandémie a de lourds effets sur l’état psychologique de beaucoup d’entre nous. Un mal invisible mis au jour par de nombreuses études, publiées ces dernières semaines. L’incertitude sur la fin de l’épidémie et le manque de lien social sont pour les Français les éléments les plus pénibles à vivre dans cette crise sanitaire. Sur Twitter, les maux invisibles du confinement prennent la forme de messages envoyés comme des bouteilles jetées à la mer. Ils sont nombreux ces courts billets décrivant un état psychologique préoccupant en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Comme celui de Pierre. « Colères, angoisses et autres joyeusetés sont mon quotidien depuis maintenant trois semaines. Impossible de sortir de ce cercle vicieux, de me concentrer, de travailler. Je prends un retard phénoménal », s’alarme-t-il. Alex, elle, a teinté son message d’une note d’humour noir : « Négative au Covid mais positive à la déprime ». Camille avoue avoir du mal à reconnaître son mal-être : « Un peu dans le déni depuis que mon médecin m’a diagnostiqué un trouble anxieux généralisé et que je sois à la limite de la dépression. »


On a l’impression que Job lui-même a répondu à ces enquêtes d’opinions quand il affirme : « la vie de l’homme sur la terre est une corvée », « depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance », ou encore « je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. » Pourtant Job est un vieux prophète : on le situe habituellement entre le VIe et le IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est sans doute l’un des personnages les plus malheureux de l’histoire biblique. L’histoire de Job est celle d’un un homme à qui tout réussit : il est riche, il a de nombreux enfants. C’est aussi un homme bon, juste et droit, « bien sous tout rapport », comme on dirait aujourd’hui. Le Livre de Job met en scène trois personnages : Job, Dieu et un accusateur. Ce dernier est un personnage énigmatique, un adversaire ou un « satan », dont le mot en hébreu signifie « accusateur ». Tout au long du texte, il se montre suspicieux, il dit à Dieu que Job n’a aucun mérite à être bon car tout lui réussit. Puis les épreuves s’abattent sur Job. Ses animaux tombent malades, il perd ses biens et ses enfants meurent. Pour autant il ne maudit pas Dieu. Lors d’une deuxième série d’épreuves, Job tombe malade. Mais là encore il ne maudit jamais Dieu. Job souffre il ne comprend pas pourquoi et pour autant il ne maudit pas Dieu. Au cœur de son malheur, jusqu’à n’en plus pouvoir, il continue de garder le lien avec Dieu : il prie. « Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle ». 


Face au malheur de ses contemporains, au malheur qu’il a à cœur de soulager, Jésus lui-même ne cesse de demeurer dans la prière. Il guérit la belle-mère de Simon, et « tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons », au point que « la ville entière se pressait à la porte. » De cette puissance de grâce, puissance bienfaisante et salvifique qui émane de lui, Jésus en comble tous ces pauvres gens. Il leur donne d’être remis debout, d’entrevoir un horizon plus lumineux et la fin de leur mal. Pourtant Jésus n’apparaît pas comme un distributeur de bienfaits (ce que les habitants de Capharnaüm attendent sans doute de lui au point de le harceler). Alors, comme pour recharger ses batteries à l’unique source d’énergie possible, il s’éloigne pour prier : c’est-à-dire pour se remettre dans un cœur à cœur constant avec le Père. C’est de Lui que viennent toutes bénédictions.  Et pour que les gens de Capharnaüm ne s’imaginent pas que la grâce se laisser enfermer ou mettre sous cloche, comme s’ils en devenaient les propriétaires en en séquestrant le « distributeur », le Christ perçoit l’urgence d’aller vers d’autres aussi. « « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »


A nous qui souvent en ces temps, ployons malgré nous sous le fardeau du quotidien, gardons à l’esprit l’exemple de Job et celui du Christ. Avec Job, ne faisons pas des circonstances présentes l’occasion de maudire Dieu et de nous détourner de lui. Avec Job et avec le Christ, quand notre batterie spirituelle vient à se décharger trop vite, branchons sur la prière. Elle nous fera retrouver l’énergie pour sortir annoncer que Dieu, décidément, est bon. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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