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samedi 27 février 2021

Homélie pour le 2ème dimanche de Carême (B) - 28 février 2021

On dit parfois que l’on va « par monts et par vaux ». Celui qui va « par monts et par vaux » a, en un sens, le temps de sa route. Nous-mêmes nous cheminons. Et ce Carême nous y invite tout particulièrement, non en dilettante comme des touristes de la foi, mais bien avec une perspective, celle de suivre Celui qui guide nos pas, Jésus-Christ, et de lui emboîter le pas. Le chrétien se laisse donc avant tout conduire. Il n’avance pas à tâtons au gré de ses envies ou de ses humeurs. Aujourd’hui, nous poursuivons notre route vers Pâques, mais nous délaissons les « vaux » pour ne rester qu’au somment des « monts », et de trois monts en particulier. Ce sont là, nous le savons, des lieux particuliers dans la Bible où Dieu se révèle, peut-être parce que, symboliquement, les hommes délaissent quelque peu le monde pour se rapprocher du ciel. 


La première montagne que l’Ecriture convoque à notre chemin est celle que Dieu indique à Abraham au pays de Moriah. Le patriarche répond à un appel de Dieu qui l’envoie sur les hauteurs. Dans une sorte de mise à l’épreuve, assez terrifiante d’autant plus que le texte précise qu’il s’agit « du fils qu’il aimait », Il lui intime d’y emmener Isaac pour le lui sacrifier. Dieu éprouve ainsi la fidélité d’Abraham jusqu’à ce point ultime de tuer la chair de sa chair. Comment Dieu, qui serait un père pour ses enfants, pourrait-il exiger un infanticide ? Si c’était le cas, il serait impossible de croire en lui. Ici Dieu teste la fidélité d’Abraham jusqu’à l’endroit pour lui le plus crucial. Il s’exécute, lie son fils sur l’autel du sacrifice et s’apprête à le transpercer de son couteau. Dieu intervient et met fin à cette épreuve. Il sait désormais qu’Abraham est envers lui d’une fidélité totale, et c’est en raison de cette fidélité que sa descendance sera bénie entre toutes. « Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance ».


La deuxième montagne est, cette fois, différente. Il s’agit vraisemblablement du Thabor, dont le voyageur Green dit, au gré de son périple en 1854 qu’il « ressemble à un autel surélevé, que Dieu aurait construit en son propre honneur ». Ici pourtant nul sacrifice. Jésus emmène avec lui seulement trois de ses apôtres, Pierre, Jacques et Jean, leur donnant d’être les témoins d’une scène aussi extraordinaire que grandiose. Transpercé d’une lumière resplendissante, Jésus se met à converser avec Moïse et Elie. Ces derniers, figures dans la foi d’Israël de la Loi et du prophétisme, sont convoqués par Celui qui accomplit la Loi et dépasse l’espérance de tous les prophètes. La scène se termine par une révélation : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Dieu lui-même atteste que Jésus est son Fils, et que, se faisant, Il est lui-même un père. Ce Père aimant n’exigera pas la mort de son fils, comme il avait pu le demander à Abraham ; il n’y prendra aucun plaisir ; il y consentira précisément par amour. Dans l’épisode de la Transfiguration, nous comprenons déjà que la mort du Fils, qui ira jusqu’à son libre sacrifice d’amour sur la croix, ne sera qu’un passage.


La troisième montagne, sans doute la plus décisive, n’est à vrai dire qu’un monticule à la sortie de Jérusalem, juste en dehors des murs de la ville : le Golgotha. Pourtant Jésus invite ses disciples au Thabor à ne pas s’y arrêter le moment venu. Ce qu’ils viennent de voir leur est donné pour fortifier une foi qu’ils ne sont pas encore en mesure ni d’avoir ni de comprendre. Il faut d’abord que le Fils de l’homme ressuscite des morts. Et de fait, pour ressusciter, il faudra que ce fils consente à mourir. Il le fera sur une croix, plantée là au Golgotha. Mais son corps sera déposé, jusqu’à côté, dans un sépulcre qui n’avait encore servi pour personne, et de ce sépulcre, il sortira resplendissant d’une lumière éternelle, et non éphémère, celle de sa victoire sur la mort. 


Nous passons pas mal de temps dans nos « vaux », nos vallées de larmes, de doutes et de souffrances. Aujourd’hui, nous sommes invités à prendre de la hauteur. Nous ne survolerons pas nos soucis par une complaisante insouciance. Nous les vaincrons parce que, déjà, nous aurons un regard vers ce tombeau encore ouvert d’où jaillira la vie. 


AMEN.

Michel STEINMETZ †


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