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vendredi 19 février 2021

Homélie pour le 1er dimanche de Carême (B) - 21 février 2021

Selon que vous êtes de nature optimiste ou pessimiste, vous trouverez que le verre est à moitié vide ou à moitié plein. Ainsi à l’écoute de l’évangile que nous venons d’entendre, ou bien vous serez confortés, ou bien vous resterez sur votre fin. En effet, l’évangéliste Marc n’est guère prolixe quand il nous décrit les tentations subies et affrontées par Jésus au désert. « Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » Marc ne nous dit rien de la nature de ces tentations.


Nous pourrions avoir l’impression que cela ne regarde finalement que Jésus, seul. Une retraite vécue dans son intimité. Une parenthèse dans sa vie humaine, avant que ne débute véritablement son ministère public. « Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu. » Nous en resterions sur notre faim, en pensant que cela ne nous touche guère et que cette expérience du Fils de Dieu est aussi atypique qu’individuelle. Mais peut-être l’unicité de ce passage au désert rejoint-elle aussi notre propre expérience de la tentation. Personne, en effet, ne relève d’un standard stéréotypé, et personne ne relève exactement le même combat. Personne, encore, ne peut relever le combat à la place d’un autre. Tous sont sommes toujours éprouvés en lien avec nos fragilités, nos inclinations, ou encore les blessures que nous portons en nous. 


La discrétion de l’évangéliste et le soin qu’il apporte à ne pas trop renseigner le temps passé au désert par Jésus nous permettent de croire que cet épisode demeure riche d’enseignement pour nous. Jésus, en demeurant en quarantaine au désert, affronte le mal en face. Là son humanité éprouvée témoigne déjà de la puissance de sa divinité. Son lien au Père est si profond que même le Tentateur ne parviendra pas à l’ébranler. Ici se fissure déjà l’emprise du Malin. Une route débute au désert et plus rien ne l’arrêtera jusqu’à la victoire du matin de Pâques. Ici le Tentateur commence à percevoir que, devant une vie en si étroite communion avec Dieu, il ne peut s’immiscer dans quelque faille et il ne pourra y creuser aucune brèche. Voilà pourquoi aussi nous devons être redevable à Marc de ne pas focaliser notre attention sur la nature des tentations et leurs modalités d’épreuve. La résistance de Jésus donne du poids à sa prédication. Il n’annonce pas seulement de manière extérieure, comme Jean l’avait pressenti et annoncé, que le Royaume de Dieu s’est fait tout proche : Jésus le vit en sa personne. En Lui, le Royaume de Dieu est là ; en Lui, l’Alliance entre Dieu et les hommes est rénovée et fortifiée. 


Ainsi, nous qui faisons partie de ce peuple qui a reçu le don de l’Esprit à son baptême, un Esprit qui rend fort et qui enracine en Dieu, nous savons que nous pouvons, en Jésus, relever le défi de la conversion. Au début de ce Carême, ne portons pas d’abord notre attention sur les tentations qui nous assaillent, mais avant tout sur la force de la grâce que Dieu nous donne. Quelques que soient nos épreuves et nos faiblesses, le Royaume est offert pour nous. Le combat que nous relevons avec le Seigneur doit centrer notre regard sur la puissance de l’Evangile. L’arc-en-ciel qu’évoquait le livre de la Genèse, signe de l’Alliance, est toujours plus lumineux que les nuages qui obscurcissent le ciel. D’ailleurs, il y a souvent, sinon toujours, un arc-en-ciel après la pluie, jamais par beau temps clair. 


En ce temps où se prolonge « la patience de Dieu », ne perdons pas patience et ne soyons pas guettés par le découragement. La paresse n’est pas de mise, comme si nous nous avouions vaincus avant même de livrer bataille. « Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ », nous rappelait Paul. Le baptême a inoculé en nous la force de l’Esprit pour sortir du désert avec Jésus, vainqueurs avec lui. Ce sera notre « verre à moitié plein », bien plus que notre « verre à moitié vide ». A nous de jouer !



AMEN.

Michel STEINMETZ †


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