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jeudi 18 février 2021

Homélie pour la messe du Mercredi des Cendres - 17 février 2021

« Dépister, tracer, isoler », voilà depuis plusieurs mois la stratégie française contre un virus, stratégie qui conduit inévitablement à une mise en quarantaine, comme vous le savez. Ce jour, nous nous retrouvons pour entamer une autre quarantaine, communautaire celle-là, et qui nous conduira jusqu’aux célébrations pascales. La méthode peut-elle être la même ? Sommes-nous invités à « dépister, tracer, isoler ». 
Dépister, tout d’abord. Oui, en un sens, le Carême nous fera dépister, au sens de débusquer, le péché. Non à la manière des pharisiens pour stigmatiser le péché et les fautes des autres, mais pour discerner nos propres manquements par rapport à la loi nouvelle de l’Evangile. Nous n’aurons d’autre « application » quelle celle, précisément, de l’Evangile. Il sera notre ultime boussole pour repérer en nos vies ce qui est éclairé par la lumière de Dieu et ce qui demeure dans l’ombre inhospitalière du péché. Mais pour que l’Evangile puisse faire ce travail en nous, encore faudra-t-il lui faire une place, très concrètement, dans nos journées : le fréquenter, le lire, l’aimer. Pourquoi ne vous donneriez-vous pas pour règle de ne pas venir à la messe sans avoir au lu auparavant les Ecritures qui y seront proclamées ?


Tracer, ensuite. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le péché emprunte des chemins. Il exploite nos failles, nos fragilités, nos timidités. Pour lutter contre lui, il faut donc le tracer. Peut-être certaines de nos activités, de nos fréquentations, de nos inclinations nous entraînent-elles à lui céder ? Il faudra donc avec courage se poser les bonnes questions. Là encore, accepter d’entrer dans une démarche de vérité qui, toujours, rendra libre. Elle ne prendra pas les airs d’une « autocélébration de moi par moi » et qui n’aurait d’effet que de vouloir paraître meilleurs que les autres, au mieux, ou de nous ériger en stupides donneurs de leçons, au pire. Nul besoin de nous « donner en spectacle… pour obtenir la gloire qui vient des hommes. »


Isoler, enfin. Mais isoler qui ? Assurément déjà le péché. Le circonscrire pour mieux en venir à bout, pour mieux nous rapprocher de Dieu et de grandir dans la communion à son Fils, mort et ressuscité pour nous. Et peut-être finalement nous-même. Non pour nous couper des autres car nous savons que, d’une part, l’être humain est relationnel et que, d’autre part, le chrétien est toujours membre d’une communauté. Il appartient au peuple des sauvés. Si l’isolement devait nous couper de l’Eglise, il serait mortifère et provoquerait notre perte. Par contre, s’il consiste à se retirer dans la pièce la plus éloignée – celle de notre cœur – pour entrer en dialogue avec le Maître intérieur, alors il nous fera paradoxalement grandir dans notre capacité relationnelle et ecclésiale.


Dépister, tracer, isoler. C’est là une méthode pour vivre ce Carême. Mais pas, de grâce, dans l’obsession virale du péché, car le chemin que nous empruntons ce jour est un chemin de vie. Il conduit à notre relèvement et à notre salut. Ce sont les bontés de Dieu que nous devons à nouveau nous entraîner à voir. Dans l’évangile, Jésus nous donne trois antidotes (je n’oserais parler de vaccins) pour que jaillisse en nous une vie droite, libre et heureuse : la charité, la prière et le jeûne. Ils développeront en nous la résistance au mal parce qu’ils nous feront à la rencontre du prochain, plus particulièrement le faible et le pauvre ; ils nous replaceront dans une juste relation à Dieu ; ils nous feront éprouver que Dieu sait combler nos existences plus que tout autre bien matériel.


Cette quarantaine-là ne sera pas un temps coupé du monde, au contraire. Elle nous fera tomber tous les masques des faux-semblants et des bonnes figures. Elle sera un temps joyeux de retrouvailles, avec Dieu, avec les autres, avec nous-même, dans l’attente de la lueur pascale. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †   


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